Alors, enfin, Gaudio joue comme il le sait si bien le faire. Des services liftées et placées, des coups droits incisifs, dans le contre-pied, des revers qui "giclent", des volées claquées aussi, lui qui vient si peu au filet. Après avoir gagné son service pour mener 7/6, il se tourne vers son clan, hilare. Lui, l'homme aux nerfs fragiles, vient de sauver deux balles de match. Et bientôt 15-40 sur le service de Coria. Il possède à son tour une occasion de soulever la Coupe des Mousquetaires. Et là, enfin, oui, enfin, il oublie ses démons pour frapper son plus beau revers du match et il "cloue" sur place son malheureux rival.  
 
Ivre de bonheur, Gaudio lance sa raquette haut dans le ciel de Roland-Garros, avant de donner une accolade à son compatriote. Le champion fait ensuite le tour du court pour taper dans les mains des spectateurs, tandis que Coria fracasse sa raquette de rage. Il restait pourtant sur 19 victoires d'affilée face à ses compatriotes. Le roi de la terre battue a finalement craqué lors du match suprême, tout près, si près de réussir son rêve. Que c'est dur… Les mots de Vilas ne le consoleront pas : le successeur du plus célèbre gaucher d'Argentine, après Diego Maradona, ce ne sera pas lui. L'oscar du premier rôle revient à Gaston Gaudio. Un "happy end" qui va faire couler quelques larmes du côté de Buenos Aires…»