Les indices d'un écroulement prochain du régime baasso-alaouite syrien ne cessent de s'accumuler. L'enquête onusienne sur l'assassinat de Rafic Hariri se rapproche en effet dangereusement du plus haut niveau du pouvoir syrien. Et les États-Unis, encore dernièrement par la voix de leur ambassadeur en Irak se font de plus en plus menaçants. C'est dans cette optique qu'il faut probablement interpréter l'apparente défection d'un apparatchik du régime, patron des Renseignements militaires et qui plus est, beau-frère de Bachar Assad! Il aurait rejoint Paris avec toute sa famille...
Selon diverses sources (par exemple An-Nahar, un quotidien libanais), Assef Chaoukat, le patron des Renseignements militaires syriens, aurait en effet rejoint Paris avec sa famille dans la nuit de mardi à mercredi. Le Quai d'Orsay fait mine (c'est de bonne guerre) de ne pas être au courant.
Assef Chaoukat (ou Shawkat) n'est pas exactement n'importe qui : c'est le beau-frère de Bachar Assad (le mari de sa soeur aînée Bouchra). Numéro 2 des Renseignements militaires syriens avant l'assassinat de Rafic Hariri, il avait été promu à leur tête dès le 18 février de cette année, soit à peine 4 jours après l'assassinat.
Ce n'est pas la première fois que Chaoukat se rend à Paris. En 1999, il avait été blessé très gravement par un coup de feu tiré par Maher, le jeune frère de Bouchra et Bachar (quelle famille!). C'est à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce qu'il avait alors été soigné (selon le site du général Aoun). Il était aussi présent à Paris à quelques reprises cette année pour négocier, au nom du régime syrien, les modalités du retrait du Liban.
Mais, cette fois, Chaoukat serait en France avec toute sa famille (donc avec la soeur aînée de Bachar), ce qui fait une grande différence que tout le monde comprend bien. Chaoukat viendrait donc de faire défection. Quelques hypothèses (non exclusives les une des autres) s'imposent sur les raisons de la désertion de cet homme-clé du régime syrien :
1) Les tensions avec Maher, qui contrôle l'armée, étaient trop fortes (surtout en ces temps de forte pression internationale) et l'un des deux a expulsé l'autre.
2) Chaoukat a décidé de collaborer avec l'enquête internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri. D'abord, il faut remarquer qu'il est très probablement impliqué personnellement dans la préparation de l'assassinat : le transfuge syrien qui a permis à l'enquêteur de l'Onu, le magistrat allemand Detlev Mehlis, de faire une percée décisive dans son enquête, travaillait aussi aux Rensignements militaires. D'ailleurs, Chaoukat a déjà été identifié comme un des responsables de l'assassinat. Pour sauver sa peau, Chaoukat est donc prêt lui aussi à donner des noms. On comprend bien qu'il préfère mettre sa famille à l'abri de ces "noms", qu'on imagine très haut placés dans l'appareil sécuritaire syrien. Peut-être même a-t-il maintenant lâché son beau-frère Bachar...
3) Il estime que le régime Assad est sur le point de s'écrouler et il préfère quitter le navire quand il est encore temps. Il ne serait pas le seul : un cousin d'Assad, Rami Makhlouf, serait aussi à Paris depuis plusieurs jours pour s'y installer.
Un article du journal koweitien Al-Seyassah (édition de lundi) fait en quelque sorte la synthèse de ces trois hypothèses (rapporté par le Daily Star de Beyrouth) :
Al-Seyassah reported that its sources had said a conflict is ongoing between Assad and his brother Maher, with Shawkat.
Al-Seyassah said that Shawkat has addressed letters to Paris and Washington revealing "the truth" behind the assassination of Hariri, in return for guarantees of holding a position in the new Syrian regime.
Le dossier syrien est suivi d'extrèmement prêt à Paris. C'est même selon moi la raison pour laquelle, à deux reprises, Jacques Chirac a eu besoin de voir en personne son conseiller diplomatique dans les premiers jours de son hospitalisation.
Marsh Posté le 15-09-2005 à 05:14:52
http://politiquearabedelafrance.bl [...] aison.html
Les indices d'un écroulement prochain du régime baasso-alaouite syrien ne cessent de s'accumuler. L'enquête onusienne sur l'assassinat de Rafic Hariri se rapproche en effet dangereusement du plus haut niveau du pouvoir syrien. Et les États-Unis, encore dernièrement par la voix de leur ambassadeur en Irak se font de plus en plus menaçants. C'est dans cette optique qu'il faut probablement interpréter l'apparente défection d'un apparatchik du régime, patron des Renseignements militaires et qui plus est, beau-frère de Bachar Assad! Il aurait rejoint Paris avec toute sa famille...
Selon diverses sources (par exemple An-Nahar, un quotidien libanais), Assef Chaoukat, le patron des Renseignements militaires syriens, aurait en effet rejoint Paris avec sa famille dans la nuit de mardi à mercredi. Le Quai d'Orsay fait mine (c'est de bonne guerre) de ne pas être au courant.
Assef Chaoukat (ou Shawkat) n'est pas exactement n'importe qui : c'est le beau-frère de Bachar Assad (le mari de sa soeur aînée Bouchra). Numéro 2 des Renseignements militaires syriens avant l'assassinat de Rafic Hariri, il avait été promu à leur tête dès le 18 février de cette année, soit à peine 4 jours après l'assassinat.
Ce n'est pas la première fois que Chaoukat se rend à Paris. En 1999, il avait été blessé très gravement par un coup de feu tiré par Maher, le jeune frère de Bouchra et Bachar (quelle famille!). C'est à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce qu'il avait alors été soigné (selon le site du général Aoun). Il était aussi présent à Paris à quelques reprises cette année pour négocier, au nom du régime syrien, les modalités du retrait du Liban.
Mais, cette fois, Chaoukat serait en France avec toute sa famille (donc avec la soeur aînée de Bachar), ce qui fait une grande différence que tout le monde comprend bien. Chaoukat viendrait donc de faire défection. Quelques hypothèses (non exclusives les une des autres) s'imposent sur les raisons de la désertion de cet homme-clé du régime syrien :
1) Les tensions avec Maher, qui contrôle l'armée, étaient trop fortes (surtout en ces temps de forte pression internationale) et l'un des deux a expulsé l'autre.
2) Chaoukat a décidé de collaborer avec l'enquête internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri. D'abord, il faut remarquer qu'il est très probablement impliqué personnellement dans la préparation de l'assassinat : le transfuge syrien qui a permis à l'enquêteur de l'Onu, le magistrat allemand Detlev Mehlis, de faire une percée décisive dans son enquête, travaillait aussi aux Rensignements militaires. D'ailleurs, Chaoukat a déjà été identifié comme un des responsables de l'assassinat. Pour sauver sa peau, Chaoukat est donc prêt lui aussi à donner des noms. On comprend bien qu'il préfère mettre sa famille à l'abri de ces "noms", qu'on imagine très haut placés dans l'appareil sécuritaire syrien. Peut-être même a-t-il maintenant lâché son beau-frère Bachar...
3) Il estime que le régime Assad est sur le point de s'écrouler et il préfère quitter le navire quand il est encore temps. Il ne serait pas le seul : un cousin d'Assad, Rami Makhlouf, serait aussi à Paris depuis plusieurs jours pour s'y installer.
Un article du journal koweitien Al-Seyassah (édition de lundi) fait en quelque sorte la synthèse de ces trois hypothèses (rapporté par le Daily Star de Beyrouth) :
Al-Seyassah reported that its sources had said a conflict is ongoing between Assad and his brother Maher, with Shawkat.
Al-Seyassah said that Shawkat has addressed letters to Paris and Washington revealing "the truth" behind the assassination of Hariri, in return for guarantees of holding a position in the new Syrian regime.
Le dossier syrien est suivi d'extrèmement prêt à Paris. C'est même selon moi la raison pour laquelle, à deux reprises, Jacques Chirac a eu besoin de voir en personne son conseiller diplomatique dans les premiers jours de son hospitalisation.