Le topic des citations litteraires et cinématographiques

Le topic des citations litteraires et cinématographiques - Arts & Lecture - Discussions

Marsh Posté le 23-08-2014 à 11:23:17    

Certaines phrases vous ont marqué ? Des passages émouvants ou d'une rare beauté ?  
 
Vous êtes sur le bon topic pour les partager !  
 
Merci de préciser l'auteur/réalisateur et le titre de l'oeuvre :jap:
 
 :hello:

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Marsh Posté le 23-08-2014 à 11:23:17   

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Marsh Posté le 19-05-2017 à 04:34:50    

Han je voulais le créer :love:  
 
Je viens de relire le capitaine fracasse  : un bon passage parmi tant d'autres :

Citation :

   Isabelle prit dans le chariot un grand morceau d'étoffe dont elle fit présent à Chiquita. "Oh !  c'est le collier de grains blancs que je voudrais", dit l'enfant avec un regard d'ardente convoitise. La comédienne le défit et le passa au cou de la petite voleuse éperdue et ravie. Chiquita roulait en silence les grains blancs sous ses doigts brunis, penchant la tête et tâchant d'apercevoir le collier sur sa petite poitrine maigre, puis elle releva brusquement sa tête, secoua ses cheveux en arrière, fixa ses yeux étincelants sur Isabelle, et dit avec un
accent profond et singulier :  
    "Vous êtes bonne ;  je ne vous tuerai jamais ! "
    D'un bond, elle franchit le fossé, courut jusqu'à un petit tertre où elle s'assit, contemplant son trésor.

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Marsh Posté le 20-05-2017 à 00:44:27    

"L'intelligence sans la capacité de donner et de recevoir une affection mène à l'écroulement mental et moral, à la névrose et peut être même à la psychose. L'esprit qui n'a d'autre fin qu'un intérêt et une absorption égoïste en lui même, à l'exclusion de toute relation humaine ne peut aboutir à la violence et à la douleur."
-Daniel Keye. Des fleurs pour Algernon.
 
"L"humanité est un concept familier aux anormaux, à leur grand désespoir, ils s'en sentent en effet tout proche, ils expriment leur parenté avec elle dans un sanglot de regret et ne cessent jamais de tendre vers elle leurs bras difformes."
-Theodore Sturgeon. Cristal qui songe.
 
"Sa peau, craquelée et squameuse comme des écailles de stuc pendait en lambeaux sur ses muscles mous. Un petit survêtement de velours bleu dissimulait son ventre boursoufflé et ses côtes saillantes, cachait la minceur d'allumette de ses membres, masquait ses articulations enflées. Il respirait à petits coups, car respirer lui faisait mal, tout comme bouger lui faisait mal, mais il était habitué à la douleur, elle avait été la compagne de toute sa vie"
-Scott Baker. L'idiot roi. ( The symbiote's crown )
 
"Ce que l'on ne sait pas n'existe pas"
"Comment d'un cristal dur on fait une méduse"
-Vercors. Les animaux dénaturés.

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Marsh Posté le 20-05-2017 à 01:48:26    

Tiens c'est vrai qu'il faut que je le lise "des fleurs pour Algernon" :jap:  
 
Quota (pardon pour la longueur, c'est la fin que j'aime bien mais sans le contexte c'est dur à comprendre) :

Citation :

Les deux jeunes filles réapparurent aussi mystérieusement, aussi silencieusement qu’elles s’étaient évanouies. Elles s’assirent à table avec gravité. Elles avaient sans doute nourri leurs chiens, leurs oiseaux, ouvert leurs fenêtres à la nuit claire, et goûté dans le vent du soir l’odeur des plantes. Maintenant, dépliant leur serviette, elles me surveillaient du coin de l’œil, avec prudence, se demandant si elles me rangeraient ou non au nombre de leurs animaux familiers. Car elles possédaient aussi un iguane, une mangouste, un renard, un singe et des abeilles. Tout cela vivant pêle-mêle, s’entendant à merveille, composant un nouveau paradis terrestre. Elles régnaient sur tous les animaux de la création, les charmant de leurs petites mains, les nourrissant, les abreuvant, et leur racontant des histoires que, de la mangouste aux abeilles, ils écoutaient.
 
Et je m’attendais bien à voir deux jeunes filles si vives mettre tout leur esprit critique, toute leur finesse, à porter sur leur vis-à-vis masculin, un jugement rapide, secret et définitif. Dans mon enfance, mes sœurs attribuaient ainsi des notes aux invités qui, pour la première fois, honoraient notre table. Et, lorsque la conversation tombait, on entendait soudain, dans le silence, retentir un « Onze ! » dont personne, sauf mes sœurs et moi, ne goûtait le charme.
 
Mon expérience de ce jeu me troublait un peu. Et j’étais d’autant plus gêné de sentir mes juges si avertis. Juges qui savaient distinguer les bêtes qui trichent des bêtes naïves, qui savaient lire au pas de leur renard s’il était ou non d’humeur abordable, qui possédaient une aussi profonde connaissance des mouvements intérieurs.
 
J’aimais ces yeux si aiguisés et ces petites âmes si droites, mais j’aurais tellement préféré qu’elles changeassent de jeu. Bassement pourtant et par peur du « onze » je leur tendais le sel, je leur versais le vin, mais je retrouvais, en levant les yeux, leur douce gravité de juges que l’on n’achète pas.
 
La flatterie même eût été vaine : elles ignoraient la vanité. La vanité, mais non le bel orgueil, et pensaient d’elles, sans mon aide, plus de bien que je n’en aurais osé dire. Je ne songeais même pas à tirer prestige de mon métier, car il est autrement audacieux de se hisser jusqu’aux dernières branches d’un platane et cela, simplement, pour contrôler si la nichée d’oiseaux prend bien ses plumes, pour dire bonjour aux amis.
 
Et mes deux fées silencieuses surveillaient toujours si bien mon repas, je rencontrais si souvent leur regard furtif, que j’en cessai de parler. Il se fit un silence et pendant ce silence quelque chose siffla légèrement sur le parquet, bruissa sous la table, puis se tut. Je levai des yeux intrigués. Alors, sans doute satisfaite de son examen, mais usant de la dernière pierre de touche, et mordant dans son pain de ses jeunes dents sauvages, la cadette m’expliqua simplement, avec une candeur dont elle espérait bien, d’ailleurs, stupéfier le barbare, si toutefois j’en étais un :
 
« C’est les vipères. »
 
Et se tut, satisfaite, comme si l’explication eût dû suffire à quiconque n’était pas trop sot. Sa sœur glissa un coup d’œil en éclair pour juger mon premier mouvement, et toutes deux penchèrent vers leur assiette le visage le plus doux et le plus ingénu du monde.
 
«. Ah !… C’est les vipères… »
 
Naturellement ces mots m’échappèrent. Ça avait glissé dans mes jambes, ça avait frôlé mes mollets, et c’étaient des vipères…
 
Heureusement pour moi je souris. Et sans contrainte elles l’eussent senti. Je souris parce que j’étais joyeux, parce que cette maison, décidément, à chaque minute me plaisait plus ; et parce que aussi j’éprouvais le désir d’en savoir plus long sur les vipères. L’aînée me vint en aide :
 
« Elles ont leur nid dans un trou, sous la table.
 
– Vers dix heures du soir elles rentrent, ajouta la sœur. Le jour, elles chassent. »
 
À mon tour, à la dérobée, je regardai ces jeunes filles. Leur finesse, leur rire silencieux derrière le paisible visage. Et j’admirais cette royauté qu’elles exerçaient…
 
Aujourd'hui, je rêve. Tout cela est bien lointain. Que sont devenues ces deux fées ? Sans doute se sont-elles mariées. Mais alors ont-elles changé ? Il est si grave de passer de l’état de jeune fille à l’état de femme. Que font-elles dans une maison neuve ? Que sont devenues leurs relations avec les herbes folles et les serpents ? Elles étaient mêlées à quelque chose d’universel. Mais un jour vient où la femme s’éveille dans la jeune fille. On rêve de décerner enfin un dix-neuf. Un dix-neuf pèse au fond du cœur. Alors un imbécile se présente. Pour la première fois des yeux si aiguisés se trompent et l’éclairent de belles couleurs. L’imbécile, s’il dit des vers, on le croit poète. On croit qu’il comprend les parquets troués, on croit qu’il aime les mangoustes. On croit que cette confiance le flatte, dune vipère qui se dandine, sous la table, entre ses jambes. On lui donne son cœur qui est un jardin sauvage, à lui qui n’aime que les parcs soignés. Et l’imbécile emmène la princesse en esclavage.

Saint-Exupéry - Terre des hommes

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Marsh Posté le 04-03-2018 à 12:55:00    

Deux citations longues de Pietchorine "un héros de notre temps" de Lermontov

Citation :

Écoutez, Maxime, me répondit-il ; j’ai un mauvais caractère ; est-ce l’éducation qui m’a fait tel ou  Dieu qui m’a créé ainsi ? je l’ignore ; je sais seulement qu e si je fais le malheur des autres, je ne suis pas plus heureux  pour cela. C’est là une triste consolation, sans doute !
 Mais la vérité c’est qu’il en est ainsi ! Dès ma première jeunesse, au moment où je sortis de la tutelle de mes parents, je me pressai de jouir avec fureur de tous les plaisirs que l’on peut se procurer avec de l’argent ; bientôt ces plaisirs me fatiguèrent. J’allai alors dans le grand monde et le monde m’ennuya  aussi ;  je  m’amourachai  de  quelques  beautés mondaines et fus aimé ; mais dans ces amours mon imagination  et  mon  amour-propre  seuls  furent  en  jeu ; le cœur resta vide. Je me mis à lire, à m’instruire, tout cela me parut également ennuyeux ; je voyais que ni la gloire ni le bonheur ne dépendaient de ce travail, parce que leshommes les plus heureux sont souvent les plus ignorants, et  quant  à  la  gloire  elle  n’appartient  qu’au  succès.  Or, pour  l’obtenir, il  faut  être  bien  habile.  Bientôt  après  on m’envoya au Caucase : C’est le temps le plus heureux de ma vie. J’espérais que l’ennui ne vivrait pas sous les balles circassiennes : vainement ! Au bout d’un mois j’étais tellement habitué à leur sifflement et au voisinage de la mort, que vraiment je ne m’en occupais pas plus que des moucherons, et je m’ennuyai plus qu’auparavant, parce que  j’avais,  pour  ainsi  dire,  presque  perdu  ma  dernière espérance...  Lorsque  je  vis  Béla,  lorsque,  pour  la  première  fois,  la  tenant  sur  mes  genoux,  je  baisai  ses  cheveux noirs, imbécile que j’étais ! je la pris pour un ange que le sort compatissant m’envoyait ; je me trompai encore :  l’amour  de  cette  petite  sauvagesse  ne  vaut  guère mieux que celui d’une grande dame ; la naïveté et la candeur  de  l’une  m’importunent  autant  que  le  feraient les coquetteries de l’autre. Si vous voulez, je l’aime encore ; je lui suis reconnaissant de quelques moments bien doux, et  je  donnerais ma  vie  pour  elle ;  mais  auprès  d’elle,  je m’ennuie ! Je suis un sot ou plus méchant encore, je ne sais ; mais ce qu’il y a de certain, c’est que je suis bien digne de pitié et peut-être plus qu’elle. J’ai une âme gâtée par le monde, une imagination sans repos et un cœur insatiable. Tout me paraît petit ; je m’habitue facilement à la ouffrance comme au plaisir et mon existence devient plus monotone de jour en jour. Il ne me reste plus qu’une ressource : c’est de voyager. Dès que je le pourrai, je me mettrai en route ; mais pas en Europe, grand Dieu ! J’irai en Amérique, en Arabie ou dans l’Inde ; enfin où que ce soit, je mourrai en voyageant, à moins que je ne me persuade  que cette  dernière  consolation  sera  trop  longue  à s’épuiser, en dépit des orages et des mauvais chemins. »
Il  parla  ainsi  longtemps  et  ses  paroles  se  gravèrent dans ma mémoire ; pour la première fois, j’entendais depareilles choses de la part d’un homme de vingt-cinq ans et Dieu veuille que ce soit la dernière !

Citation :

Il était clair qu’elle ne savait par où commencer ;  son visage était devenu livide  et  ses  doigts  enflés  frappaient sur la table ; enfin elle commença ainsi, d’une voix entrecoupée :
Écoutez-moi, Monsieur Petchorin, je crois que vous êtes un honnête homme.
Je m’inclinai.
Même j’en suis convaincue, continua-t-elle, quoique votre conduite inspire  quelques doutes. Mais  vous pouvez avoir des motifs que je ne connais pas et vous devez maintenant  me  les  confier.  Vous  avez  protégé  ma  fille contre la calomnie, vous vous êtes battu à cause d’elle, et par conséquent vous avez  risqué votre  vie...  Ne  me  répondez pas, je sais que vous ne l’avouez pas, parce que M. Groutchnitski a été tué (elle se signa). Que Dieu lui pardonne je l’espère, et à vous aussi !... Cela ne me regarde pas... Je n’ose pas vous accuser, parce que ma fille, quoique  involontairement,  en  a  été  le  motif...  Elle  m’a tout  dit...  tout,  je  crois ;  vous  lui  avez  exprimé  de l’amour, elle vous a avoué le sien (ici elle soupira péniblement). Mais elle est malade, et je suis persuadée que ce  n’est  pas  une  simple  maladie.  Un  chagrin  secret la tue ; elle ne me l’a pas avoué, mais je suis sûre que vous en  êtes  la  cause...  Écoutez-moi !  Peut-être  croyez-vous que je tiens au rang, à une grande richesse ; détrompez-vous !  Je  veux  le  bonheur  de  ma  fille.  Votre  situation pour  le  moment  n’est  pas  à  envier ;  mais  tout  peut s’arranger. Vous avez de la fortune, ma fille vous aime, et elle a été élevée de façon à rendre son mari heureux. Je suis riche et n’ai que cette fille... parlez ; par quoi êtes-vous empêché ? Voyez, je ne devrais pas vous dire tout cela : mais je compte sur votre cœur, sur votre honneur. Pensez que je n’ai qu’une fille... une fille unique.
Elle pleurait.
— Princesse ! lui dis-je : il m’est impossible de vous répondre ; permettez-moi d’avoir un  entretien  en  tête-à-tête avec votre fille ?
— Jamais !  s’écria-t-elle,  en  se  levant  de  sa  chaise dans une grande agitation.
— Comme  vous  voudrez, »  lui  répondis-je  en m’apprêtant à partir. Elle  devint  pensive,  me  fit  signe  avec  la  main d’attendre un instant et sortit. Cinq  minutes  s’écoulèrent ;  mon  cœur  battait  avec violence,  mais  mon  esprit  était  tranquille  et  ma  tête froide,  et  vainement  je  cherchais  en  moi  une  étincelle d’amour pour cette chère Marie ; mes efforts étaient inutiles.
Soudain la porte s’ouvrit et cette dernière entra : mon Dieu ! comme elle était changée depuis le moment où je ne l’avais revue, et il y avait si peu de temps de cela ?
En arrivant au milieu de la chambre elle chancela. Je m’élançai, lui présentai mon bras et la conduisis jusqu’à un fauteuil.
Je restai debout devant elle. Nous nous tûmes longtemps ;  ses  grands  yeux  pleins  d’une  tristesse  profonde semblaient  chercher  dans  les  miens  quelque  chose comme  un  peu  d’espoir.  Ses  lèvres  pâles  s’efforçaient vainement de sourire ; ses mains froides étaient croisées sur ses genoux, et si amaigries, si diaphanes, que cela me navra.
« Princesse !  lui  dis-je :  vous  savez  que  je  me  suis moqué de vous et vous devez me mépriser.Une  rougeur  maladive  vint  colorer  ses  joues.  Jecontinuai : Par conséquent vous ne pouvez pas m’aimer.
Elle se détourna, s’accouda sur la table et couvrit ses yeux de ses mains. Je crus voir couler ses larmes.
— Mon Dieu ! prononça-t-elle à peine distinctement.  
Cela devenait insupportable : et encore un peu, je serais tombé à ses pieds.
— Ainsi, vous voyez bien vous-même, lui dis-je de la voix la plus ferme que je pus prendre, et avec un sourire contraint,  vous  voyez  bien  vous-même  que  je  ne  puis vous épouser. Si vous vouliez cela maintenant, vous ne tarderiez pas à vous en repentir. Mon entretien avec votremère m’a obligé à vous parler à cœur ouvert et aussi durement.  J’espère  qu’elle  se  trompe  réellement  et  il  vous sera facile de la détromper peu à peu. Vous le voyez, je joue à vos yeux un bien triste et bien pénible rôle, et, je l’avoue  franchement,  c’est  là  tout  ce  que  je  puis  faire pour  vous.  Quelque  mauvaise  que  doive  être  l’opinion que vous aurez de moi, je la subirai. Vous voyez combien je suis vil auprès de vous ? Et si même vous m’avez aimé, vous devez en ce moment me haïr ?...
Elle se tourna vers moi, pâle comme un marbre ; ses yeux seuls brillaient d’un éclat admirable :
— Je vous déteste, dit-elle.
Je la remerciai, la saluai avec respect et sortis.

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