[Ecrits][Concept]Un authentique conte de fées

Un authentique conte de fées [Ecrits][Concept] - Arts & Lecture - Discussions

Marsh Posté le 08-12-2005 à 21:12:56    

Bonjour les gens du Hard.
 
Si je me présente à vous aujourd’hui, c’est pour profiter du formidable réservoir d’intelligence et de sens critique que constitue ce forum, et en laper goulûment la magnifique crème.
 
Que je vous explique…
 
La plupart d’entre vous - je le sais parce que je vous lurke depuis belle lurette - possèdent une solide culture dans l’Heroïc Fantasy, certains allant jusqu’à prendre la plume pour s’essayer au genre. Beaucoup n’ignorent rien du monde fantastique créé par l’écrivain anglo-saxon Jean René Raoul Tolkien, avec ses monstres terribles, ses quêtes épiques et ses créatures merveilleuses. Le chantre de Faërie nous narre avec ferveur et talent l’histoire des elfes et des orques, êtres mystiques, les premiers dédiés au bien et à la beauté, les derniers corrompus et pourris par le souffle du mal et du chaos. On sait grâce à lui, que les uns et les autres ont disparu des Terres du Milieu au début du Quatrième Age sans laisser de traces, laissant les hommes seuls maîtres de leur destinée.
 
Or voilà qu'un soir, l'un de ces soirs d’automne qu'embaume l’odeur lénifiante des pins, au seuil d’un assoupissement un peu las, j’accédais à cette rêverie mystérieuse : Et si les orques n’avaient pas été tous génocidés ? Et si ces taffioles d’elfes ne s’étaient pas toutes barrées à Pétaouchnock ? A quoi ressemblerait notre quotidien ?
 
Le texte qui suit, tracé avec peine de mes doigts gourds sur tout un mur de ma chambre, est le résultat de ce songe incongru. – Attention ! Les créatures dont je parle sont d’un modèle différent du modèle initial.
 
Je vous serais très obligé, gens du Hard, si vous acceptiez de prendre un peu de votre temps pour lire ce qui suit et me donner votre avis éclairé quant à l’idée: Est-ce intéressant, inintéressant, grotesque ?
 
Le récit en lui-même est dans le prochain post.

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Marsh Posté le 08-12-2005 à 21:12:56   

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Marsh Posté le 08-12-2005 à 21:14:15    

L’orque Jérémie se levait tous les matins, à cinq heures cinquante.
 
En fait, il serait plus exact d’écrire qu’au moment où la sonnerie de son réveil s’enclenchait, le matin, à cinq heures cinquante, ses paupières lourdes se levaient, restaient ouvertes une poignée de secondes, avant de se fermer à nouveau.
 
Marie, sa femme, se levait quant à elle presque tout de suite après avoir réduit au silence la stridulation électronique. Elle quittait rapidement la chambre, enfilant au passage la sortie de bain fanée qui pendait à un crochet, au dos de la porte. Il ne la rejoindrait que bien plus tard, quelques poussières après six heures.
 
Son esprit engourdi et recroquevillé ne naissait au monde qu’avec craintes et regrets, comme un intrus qui pénètre un territoire inconnu et peut-être hostile. La première sensation qu’il éprouvait était une effroyable confusion mêlée de douleur, une migraine qui occupait totalement son champ de conscience, et qui ne se dissipait que peu à peu, cédant la place à une envie drastique, irrépressible, charnelle, celle de se griller une clope. C’était ce besoin féroce de nicotine qui était le moteur de Jérémie, puisque le satisfaire impliquait une dynamique précise.
 
Entre six heures et six heures cinq, tenaillé par son vice, Jérémie écartait le drap et se redressait, basculant la masse brute de son corps nu en position verticale, assis au bord du lit. Il n’avait pas à se demander où était posé le paquet de cigarettes, sa main s’en souvenait. Elle raflait le paquet sur la table de chevet, à proximité de la lampe ; un petit briquet y était inséré parmi les tubes de tabac et de papier. Il piochait une cigarette Kratt et le petit briquet jaune. Il collait la cigarette entre ses lèvres épaisses, l’allumait, tirait une bouffée, tournait en bouche la fumée poivrée, la laissait exciter son palais et irriter le fond de sa gorge, puis l’expulsait nerveusement, aspirait deux bouffées successives. A partir de là, ça allait mieux. A l’occasion, il se grattait une partie de son anatomie qui le démangeait. Son regard ambre était irrésolu sous les paupières mi-closes. Un peu de cendre lui tombait sur les cuisses, sans qu’il s’inquiétât des risques de brûlure.
 
Avant que son mégot ne fût consumé tout entier, il disposait grosso modo de la plénitude de ses sens et de sa raison, ce qui ne devait pas l’emmener bien loin. Il jetait un coup d’œil au réveil. Les chiffres digitaux lui clamaient, avec des accents cruels, qu’il n’avait plus qu’une heure avant de rater son bus. Il grognait des mots indistincts, accumulant déjà les reproches sur le monde et sur lui-même.
 
Il se levait alors, cette fois-ci pour de vrai, mais sans non plus se presser, écrasant machinalement l’orphelin au fond du cendrier. Il se culottait du caleçon qui traînait à ses pieds et partait vers la cuisine, le paquet de cigarettes à la main. En traversant le petit couloir du modeste appartement, où toutes les pièces étaient voisines, il s’emparait d’un hebdo ou d’un magazine, selon ce qui dépassait du porte-journal en rotin.
 
Lorsqu’il entrait dans la cuisine, l’odeur de cardamome qu’exhalait le café que Marie venait de faire passer, lui redonnait un peu espoir.  Il s’asseyait à la table en formica, allumait une autre cigarette, étendait à plat la feuille de choux dont il entamait la lecture, lâchant à intervalles réguliers autour de lui des nuages de fumée bleue. Marie lui remplissait sa tasse, qu’ornait l’image éraflée de son signe astrologique, et la lui servait. Elle ne prononçait pas un mot. Elle se servait elle-même dans une tasse plus petite, puis s’écartait pour demeurer là, debout, appuyé contre le placard, avec des regards tantôt attentifs tantôt las sur la cour de l’immeuble, par-delà la fenêtre encrassée, comme une sentinelle, une sentinelle orque dans un peignoir rosâtre un peu râpé.
 
Jérémie, guère plus loquace, clopait calmement en caleçon, insensible à la fraîcheur matinale ; sa peau grise était un cuir que le frisson ne hérissait jamais. Il lisait sans lire, survolait sans intérêt particulier les faits de la veille ou de la semaine écoulée. Rares étaient les orques qui avaient la faveur des médias ; les faits politiques concernaient surtout les humains et les faits culturels étaient dévolus en majorité aux elfes. Les gens comme Jérémie ou Marie étaient relégués aux pages des « faits divers », et Jérémie détestait cette partie-là ; elle le déprimait.
 
Il brûlait sa cigarette jusqu’au bout du bout, rognant presque la bordure du filtre, après quoi, il la balançait avec négligence dans l’évier. Il complétait son petit-déjeuner de deux ou trois bouchées de pain arrachées à un quignon un peu mou.
 
Son café bu, il savait, sans se référer à l’heure qu’indiquait la pendule en forme d’assiette décorée, qu’il était maintenant tout à fait en retard. Ses ablutions seraient sommaires, et il renfilerait à la va-vite les vêtements sales qu’il avait abandonnés en vrac hier soir sur le coffre, près de l’armoire. Il n’oublierait toutefois pas, parce que l’habitude était solidement ancrée chez lui, d’aller embrasser Marie, qui se serait assise à son tour, sur la même chaise, afin de parcourir la même lecture, avec la même passion – une pointe de fièvre pernicieuse pourtant, en découvrant les trépidantes péripéties amoureuses de la pop star elfe la plus en vogue du moment. Elle gratifierait son jeune époux d’un « bonne journée » éraillé et atone. Il claquerait la porte derrière lui, ferrait entendre son pas précipité dans les rues noires et orangées sous l’éclairage public et ne parviendrait à sauter dans le bus de l’usine qu’une  ou deux minutes avant que Martin, le chauffeur, un orque comme lui, ne réveillât les quatre cylindres poussifs de son bahut.
 
- Et ben mon vieux, t’as trop limé cette nuit ?
- Salut Martin.
 
Jérémie salua quelques collègues autour de lui ; beaucoup avaient des mains fortes et calleuses, la peau grise et épaisse, les yeux ambrés, enfoncés sous des arcades proéminentes, la carrure grossière et corpulente, la mâchoire légèrement prognathe, les cheveux courts, drus et noirs ; beaucoup étaient des orques, des mâles à quelques exceptions près. Il y avait également quelques humains, dispersés parmi eux.
 
- Olivier.
- Salut, Jerry.
 
Jérémie gagna un siège au milieu du bus ; c’était sa place attitrée sur cette ligne privée qui desservait l’usine de production automobile « Fernand S.A. », depuis le quartier des Genévriers où il habitait, une banlieue populaire qui avait émergée des ruines peu après la guerre. Il y a douze ans, lorsque son père avait obtenu la faveur de son intégration en tant qu’apprenti, l’entreprise appartenait encore à Louis Fernand, héritier d’une vieille dynastie industrielle. C’était bien avant la mort accidentelle de Marcel Fernand, le petit-fils de Louis, les coupes budgétaires qui avaient été le choix du gouvernement Pierrebrune et la raréfaction induite des commandes d’Etat, la mondialisation du marché et l’âpreté de la concurrence internationale, et enfin, la prise de contrôle du capital par un groupe financier anonyme et acculturé, voilà quatre ans.  Jérémie s’était montré zélé et discipliné durant tout ce temps-là, avec assez d’intelligence pour ne pas apparaître en tête de liste lorsque le Service du Personnel concoctait un énième plan social, « déchirant mais salutaire. » En fonction de quoi, il était devenu chef d’équipe et possédait une place réservée dans le bus, près de la vitre.
 
- Salut Jerry.
- Salut Dany. La forme ?
 
Daniel, le compagnon de voyage de Jerry dans le bus, le rejoignait au troisième arrêt sur la ligne. Il s’asseyait à ses côtés, empestant le « kar », cette eau-de-vie plutôt forte et peu onéreuse qui brûlait la gorge, réchauffait le cœur et étourdissait l’esprit, une drogue vieillotte à laquelle les anciens faisaient encore honneur par tradition prolétaire et dépendance alcoolique.
 
Récemment, depuis le changement de direction, le règlement intérieur s’était enrichi d’articles hygiénistes sanctionnant l’introduction de l’alcool dans l’enceinte de l’usine, qu’on le transportât dans une bouteille ou en surcharge manifeste dans ses veines. Ce qu’on risquait, si on se faisait piquer par un gardien ou un cadre vigilant, c’était la mise à pied directe, voire le licenciement pour faute grave. La santé mentale et physique des collaborateurs salariés, la sécurité industrielle et la responsabilité citoyenne de l’entreprise commandaient d’être intransigeant avec de tels poisons tant moraux que sociaux.
 
Mais Dany était un cas à part, un vieux de la vieille, le doyen des antiquités, respecté malgré tout, vénéré par la plupart comme une sorte de fossile vivant, la relique d’une époque forcément plus heureuse d’avant la récession et cette technocratie qui rend amnésique et émascule; respecté y compris par la hiérarchie, qui l’autorisait tacitement à arriver chargé au turbin, d’abord en considération de son glorieux statut de vétéran, et puis parce qu’il n’était plus qu’à trois mois de la retraite et parce qu’en somme, il ne pouvait plus être qu’inoffensif au poste où on l’avait relégué, à veiller au fond d’un magasin poussiéreux sur le stock babylonien de fournitures pour bureau, papier pour imprimantes, trombones, agrafes et agrafeuses. A quoi bon le tracasser avec ces nouvelles mœurs, ce vieux bonhomme orque qui était aussi obsolète que son opium ?
 
- Ca va. Mais c’est l’humidité. C’est difficile pour mes vieux os.
 
Une voix juvénile, arrogante et moqueuse,  éclata :
 
- Et ouais, pépé. Encore un putain d’hiver à passer ! Mais on compte tous sur toi, hein Old Bones ?
 
Jérémie releva le regard vers son autre voisin, qui venait de s’immiscer aussi rudement dans la conversation.
 
Franck, un jeune orque assez malingre pour un de son espèce, confiné dans une parka brune et sale, rigolait en exhibant sa trogne hilare, passée au-dessus du siège devant eux. Son bonnet de laine était enfoncé le plus possible sur sa nuque, son front et ses oreilles, conférant à la région du visage circonscrite une expression exagérée, caricaturale, à mi-chemin entre le bouffon et le primate. Il avait été recruté à l’essai pour une période d’un an, et il n’avait pas démérité, se montrant volontaire et courageux quoiqu’un peu foutraque. Il n’avait pas assimilé tous les tabous et les codes de la communauté laborieuse ou bien, il s’estimait suffisamment fort pour les défier, et vannait le vieux de temps à autres. Il croyait dur comme fer à son embauche prochaine en tant qu’employé à part entière, avec primes et accès aux privilèges du Comité d’Entreprise, et peut-être se voyait-il, bientôt, occupant la place assise de Daniel dans le bus.
 
Soudain, l’attention de Franck fut attirée par quelque chose se produisant dans la rue. Jérémie vit ses yeux et sa large bouche s’arrondir d’un coup.
 
- Oh purée ! Mate la pute !
 
Jérémie se retourna aussitôt dans la direction visée.
 
Le car s’était arrêté au feu rouge, et, au-delà des capots des voitures qui occupaient la file de gauche, il reluquait désormais ce que Franck admirait avec intensité en salivant des yeux : un grand panneau publicitaire, de ceux qui présentent en série des annonces gigantesques, pivotant les unes sur les autres grâce à un mécanisme de lames rotatives.
 
La réclame, qui s’offrait à la vue des travailleurs matinaux entassés en cohorte défaite dans l’autobus, vantait une gamme de yaourts aux fruits, commercialisée par la marque « Akia » ; les desserts étaient dotés d’un goût extraordinaire et concomitamment de certaines vertus médicinales, d’après ce qu’exposait le slogan triomphant  : « Akia fait du bien et du bon. »
 
La pertinence du message, géniale dans sa concision formelle, n’intervenait que pour une faible part dans le succès rencontré auprès des mâles, orques et humains. Ce qui suscitait leur fascination béate et attisait leur faim, c’était la rondeur charnue qui remplissait l’espace au centre de l’image, un cul splendide de générosité féminine et de fermeté, glissé simplement dans un boxer moulant fitness. Le chemin de chair rose qui s’en échappait suivait au sud le galbe souple des jambes et, au nord, la cambrure gitane des reins. Le ventre finement sculpté, le dessin indécis des côtes, ils voyaient tout cela et imaginaient librement le satin de la peau. Le débardeur en spandex qu’elle portait, très court, ne couvrait que le haut du buste, épousant de très près les contours des seins sous la pression du tissu élastique, jusqu’à révéler la pointe des mamelons. Ils devinaient la respiration lascive, d’après la chaude volupté dont transpirait le visage angélique. Le petit corps énergique, beau et délicat, était soumis à la jouissance extrême de déguster un yaourt Akia à la fraise, à la saveur si puissante que Lucy Engerrand, l’elfe vedette des séries télés bon marché, ne pouvait que fondre sous le tsunami d’un plaisir sauvage, comme celui d’une étreinte fougueuse. Le frisson d’un début d’érection collective parcourut le troupeau de testostérone mal réveillé, prématurément tiré du lit et jeté là, dans l’inconfort d’un bus suranné.
 
L’engouement de Franck pour Lucy et les ferments lactiques était à son comble et il s’écria :
 
- Putain, elle est trop bonne. Faut ma queue, pour lui faire du bien et du bon !
 
Mais le fantasme idyllique fut brutalement rompu par le déclic incorrect qui mit en branle les engrenages de la machine. Les lames rotatives du panneau d’affichage automatique pivotèrent, lacérant sans pitié l’ange érotique, comme une guillotine multiple, tout en recomposant par tranche un nouveau tableau, un nouveau produit et un nouveau slogan.
 
Sur un fond bleu pastel en dégradé, Eric de Rocheblanche, le Maire de la ville d’Oersac, s’efforçait de paraître plus franc et plus sympathique que ses traits émaciés, raidis d’une atavique prestance aristocratique, ne le permettaient vraiment. Ses fins sourcils argentés et ses yeux indigo exprimaient de façon convaincante une intention résolue et pleine de sollicitude, quoiqu’un tantinet paternaliste. Sa cravate orange vif, rigoureusement ajustée sur une chemise blanche immaculée, rattrapait dans une certaine mesure, par sa couleur énergique, les dommages désastreux que les ans avaient causés - la peau distendue et les rides, ces sillons d’agonie. Photographié en plan américain, les bras croisés sur sa poitrine dans une posture de chef, il était flanqué du Donjon du Prince René, le monument historique le plus ancien du pays et le symbole pour tous ses compatriotes de l’origine sacrée de la Nation. Au-dessus de son front haut, trop haut pour ne pas évoquer une falaise abrupte, et de son crâne parsemé d’une chevelure grise et rare, l’inexorable slogan se déployait comme un étendard inepte mais superbe : « Eric de Rocheblanche, les Racines de l’Avenir. »
 
Daniel était le seul à n’avoir pas participé pleinement aux derniers évènements, l’engourdissement de la vieillesse alliée aux effets de l’alcool le contraignant à prendre toujours le métro de retard. Comme un voyageur spatio-temporel décalé ou un consommateur de LSD déphasé, il demeurait séparé du mouvement commun, incapable de s’y raccrocher. Ayant ignoré la réaction de ses camarades provoquée par l’égérie laitière de l’autre côté de la rue, il ne capta qu’à l’instant la remarque tonitruante et prétentieuse de Franck sans savoir à quoi elle avait trait. Et lorsque enfin, il se retourna vers la vitre du bus, ce fut en toute bonne foi qu’il s’exclama :
 
- Hé ? Tu veux te faire le Maire ?
 
Le quiproquo fit éclater de rire la moitié du groupe, et l’autre moitié arborait un grand sourire sardonique plus terrible encore. Franck grimaça lui aussi une mimique pour sauver la face, mais le rouge de la honte ne quitta plus ses joues jusqu’à ce que le voyage en bus s’achevât devant les grilles vert-de-gris du portail de l’usine.

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Marsh Posté le 09-12-2005 à 02:40:18    

Salut,
 
alors, ce n'est pas grotesque mais surtout, ce n'est pas passionnant.
On s'ennuie. Hormis le fait que les protagonistes soient des orcs, rien ne différencie cette réalité de la nôtre.
 
Le style est fluide mais je trouve le vocabulaire beaucoup trop vulgaire dans les parties narratives pour être accroché et avoir envie de lire la suite. Déjà que l'histoire est plate, cette vulgarité tue la vocation originale de la fantasy : faire rêver.
 
Quelques mots oubliés et quelques tournures douteuses viennent entacher un texte correct.
 
Il n'y a aucun fil conducteur, rien pour dire au lecteur "attendez de voir la suite". C'est le "metro, boulot, dodo" version orc.  
 
Voilà mon opinion.


Message édité par sheratan le 09-12-2005 à 02:40:45
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Marsh Posté le 09-12-2005 à 09:28:39    

Sheratan fidèle à lui-même.
 
Mais il est vrai que si le préambule promettait, le déambule s'égare.

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Marsh Posté le 09-12-2005 à 14:00:35    

Merci à Sheratan et Talbazar.
 
Je dois dire, ce que je n'ai pas précisé dans le préambule, que le texte n'a pas pour objectif de raconter une histoire complète, avec un début-un milieu-une fin, mais de juger de l'effet produit par l'intégration au sein d'une réalité très proche de la réalité actuelle, de références se rapportant au genre "Fantasy".
 
Pour l'instant, la réponse c'est plutôt "ennuyeux et de mauvais goût".
 
Je le laisse encore un peu avant d'en tirer une conclusion. :)

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Marsh Posté le 12-12-2005 à 16:06:52    

Avis:
J'ai bien aimé.
Ce qui m'a surtout frappé, c'est la qualité du français. (Je n'avais peut-être pas les yeux en face des trous, mais je n'ai pas relevé de mots manquants) C'est vrai qu'il y a quelques mots familiers, mais ils ne me choquent pas comme ils le ferraient dans un texte Fantasy, car ce n'est pas de la fantasy, puisque le monde est contemporain (je dirais que c'est une uchronie débridée) et donc ces mots renforcent l'ambiance contemporaine de base.
Seul point de français : avant que l'orque parte de chez lui, la narration est au conditionnel "gratifierait, claquerait…" et puis dans le bus on repasse directement au passé.
J'ai donc trouvé l'idée sympathique, (on y a sûrement tous déjà pensé, mais c'est la première fois que je le lis (a part bien sûr de jeu de rôles "rune quest" qui a traité le sujet)) et la narration bonne... pour une nouvelle. Mais s'il devait y avoir une suite, il faudrait que ça bouge tout de suite, car là on a déjà écoulé des réserves de longueurs réservées à la mise en place de l'histoire.
Nota : j'ai bien l'humour avec le vieil orque.

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Marsh Posté le 13-12-2005 à 21:09:33    

Une suite est envisagée, si je me décide à estimer que ça peut tenir debout, c’est-à-dire que l’univers mis en place tient debout et peut présenter un intérêt quelconque. L’intrigue serait d’ordre "policière", impliquant l’orque Jérémie, la fille d’Eric de Rocheblanche et l’elfe people Lucy Engerrand, qui ont été introduits dans l’extrait.
 
Sur l’emploi de mots vulgaires, je l’estime nécessaire si on considère le concept de départ valable. On ne peut établir un environnement réaliste et actuel sans y mêler cette vulgarité ; qu’on le déplore ou non, il suffit de regarder autour de soi (allumer la télé, marcher dans la rue, s’asseoir à la terrasse d’un café) pour s’en convaincre. C’est un ressort de mise en scène, en quelque sorte.
 
La bascule "imparfait – conditionnel"/"passé simple" est voulue ; elle se fait sur l’introduction soudaine du dialogue. Elle signifie que l’on n’est plus dans une routine ordinaire – tous les matins se déroulent comme ça pour Jérémie -, mais qu’on se replace dans un jour précis. Mais je devrais peut-être marquer cela d’une manière plus franche et moins maladroite. A voir.
 
Bon. Je vais torcher un second chapitre qui embrayera directement sur l’intrigue policière, pour poursuivre l’expérience un peu plus loin et voir si ça accroche un peu plus.


Message édité par Jeremie Von Toch le 13-12-2005 à 21:11:42
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Marsh Posté le 14-12-2005 à 16:03:14    

A mon avis, le monde peut très facilement tenir debout. Après tout, comme l'a dit Hugsley, une race par catégorie de travail et c'est le meilleur des mondes.
Je ne suis pas trop pour le "policier", mais bon, avec un bon cadre et de bons personnages, ça peut être intéressant.
Je ne voudrais pas te commander, mais avec un tel cadre, tu comptes bien introduire la magie, non?

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Marsh Posté le 14-12-2005 à 22:41:52    

Yufkaguard, le meilleur des mondes de Huxley ne l'était pas du tout, meilleur. Et manier le concept de "race" ici peut être un moyen de dénoncer le cloisonnement social actuel.  
 

Vorkar a écrit :

Je ne suis pas trop pour le "policier", mais bon, avec un bon cadre et de bons personnages, ça peut être intéressant.
Je ne voudrais pas te commander, mais avec un tel cadre, tu comptes bien introduire la magie, non?


 
La trame "policière" est pratique car elle permet de poser une intrigue à peu de frais, on dispose d'un fil rouge pour ne pas se perdre, et grâce à elle, on peut explorer tous les aspects de la société que l'on veut en restant cohérent par rapport au cadre. On a également une grande liberté d'écriture, car les règles qui définissent le genre sont très  lâches, les variations possibles quasi-infinies. L'hisoire peut se dérouler dans le treizième arrondissement, sur la planète Mars ou sous les arcanes d'une abbaye du moyen âge, et le héros emprunter le style d'Hercule Poirot, de Sam Spade ou d'Hannibal Lector, ou mieux, le sien propre.
En somme, on garde une direction, un intérêt et en même temps, on peut faire ce que l'on veut sans crainte de transgresser tel ou tel code.
 
Pour ce qui est de la magie, tu l'as dit, ce n'est pas de la "Fantasy". Or introduire une magie "forte" serait, amha, marquer le côté la "Fantasy" de façon nette, alors que je veux m'ancrer dans une réalité décalée. Si j'inclue cette dimension, la magie qui aura survécu au rationalisme ambiant sera ténue et éminemment subjective. En tout cas, on ne verra pas de boules de feu invoquées pour allumer sa clope, d'anneaux rendant invisible pour visiter les coulisses d'une revue topless, ou de dragons dressés à "faire" dans le caniveau. ;)
Je songe éventuellement à introduire une drogue qui permettrait de la ressentir et de la faire se manifester, un peu à la manière des rituels chamaniques. Une magie sous influence, donc.

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Marsh Posté le 15-12-2005 à 17:17:29    

Désolé pour l'ortographe d'Huxley. Je ne suis en rien responsable de ce qu'il a dit et je ne vais pas entrer dans les détails de ce livre étudié en classe. ("en classe" c'est pour dire que c'est un concept instructif et pas un délire raciste)
 
Oui, pour le policier, ça peut le faire.
 
Mais sans magie ce serait un grave manque. Bien sûr il faut adapter cette magie, elle sera obsolète dans certains domaine, mais pas dans d'autres. Allier technique et magie, le meilleur des deux, c'est un superbe défi à l'imaginaire. Shirow l'a fait à la sauce niponne dans Orion.
Ce que je veux dire, comme l'a écrit Sheratan, si c'est pour faire une histoire ordinaire avec juste des races en plus, l'intérêt est moindre.

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Marsh Posté le 15-12-2005 à 17:17:29   

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Marsh Posté le 26-02-2006 à 19:58:08    

On attend la suite  :o ça fait combien de mois ?
 
(je sais ce n'est pas extraordinaire comme critique
En fait j'ai bien aimé, c'pour ça)

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