Le théatre antique et sa mise en scène.

Le théatre antique et sa mise en scène. - Arts & Lecture - Discussions

Marsh Posté le 21-02-2005 à 11:36:29    

Bonjour, je voudrais vous demander si vous préfériez une mise en scène classique ou contemporaine des pièces théâtrales antiques antiques tel que Phèdre. De nombreuses critiques sont apparus dans celle de Patrice Chereau. Qu'en pensez vous? Le théâtre contemporain n'altère t-il pas le charme des pièces antiques?

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Marsh Posté le 21-02-2005 à 11:36:29   

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Marsh Posté le 22-02-2005 à 12:33:12    

Phèdre à pour sujet des personnages de l'antiquité mais n'est pas une pièce antique. On parle de théâtre classique pour les oeuvres du 17ème dont Racine est un bon tâcheron. La mise en scène classique n'a rien à voir avec la mise en scène antique (présence d'un choeur, acteurs masculins masqués jouant plusieurs rôles même les rôles féminins, musique et pantomime, théâtre en rond ou demi-cercle...)
 
A vrai dire, j'ai jamais vu de réinterprétation moderne de ce théâtre, mais sur l'idée je ne suis pas contre. Afin de ravigotter un théâtre classique figé qui, à vrai dire, a du mal à toucher nos contemporains. D'ailleurs le théâtre classique, dès le 18è est critiqué par  les auteurs(beaumarchais, Rousseau...)  qui pensent qu'il correspond trop à une époque révolue. Au 19è Stendhal enfonce le clou avec "racine et shakespeare". L'idée apparait que le Beau absolu, transcendant, immuable n'existe pas. Tout art est le fruit et le reflet de son époque, il faut donc une nouvelle poétique qui corresponde aux générations actuelles qui n'ont pas les mêmes valeurs, les mêmes aspirations, les mêmes idéaux que leurs grands-parents... Il ne peuvent donc aimer le même théâtre.  
 
 De nos jours, est-ce qu'il y en a parmi vous qui  se sentent émus ou touchés par le drame de Phèdre, pauvre reine partagée entre les conventions sociales et ses pulsions incestueuses imposées par la fatalité divine. Amoureuse coupable de son  beau-fils Hippolyte, mais  qui le fait tuer, puis  va passer le reste de la pièce à se lamenter sur sa connerie et préparer son suicide ?  Franchement ?


Message édité par panchopa le 22-02-2005 à 12:41:44
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Marsh Posté le 22-02-2005 à 18:45:23    

personnellement, je ne suis pas d'accord avec panchopa quand tu dis que les "générations actuelles qui n'ont pas les mêmes valeurs, les mêmes aspirations, les mêmes idéaux que leurs grands-parents... Il ne peuvent donc aimer le même théâtre": romeo et juliette represente toujours un ideal romantique, par exemple. ça touche toujours les contemporains.
 
je pense que toutes les pieces du theatre antique ou classique peuvent s'adapter a notre epoque, apres tout, les themes abordés (amours contrariées, heroisme, le devoir a accomplir et les choix que cela impose)sont eternels. apres, c'est au metteur en scene de rendre la piece plus accessible au public, comme l'a fait Anouilh avec sa reinpretation du mythe d'Antigone.
 
pour repondre exeio, je dirais que je prefere la sobriete dans la mise en scene, c'est a dire pas de costumes ni de decors extravagants qui n'ont aucun rapport avec l'epoque ou le sujet de la pièce.
 
voila, :hello:  tout le monde

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Marsh Posté le 23-02-2005 à 01:38:38    

Shakespeare c'est autre chose qu'une tragédie classique, c'est déjà beaucoup plus susceptible d'être encore apprécié. La tragédie, avec sa forme rigide (alexandrin, unités, bienséances et autres codifications), ses personnages princiers,  figés dans l'expression d'une douleur inscrite dans le destin, et  qui se doivent rester stoïque face à leurs contradictions et se suicider gentiment en récitant leurs vers au dernier acte (le personnage qui se meurt pendant 5 minutes en déclamant des alexandrins... ridicule  :lol:).  
La pitié et la terreur  inspiré au spectateur qui doit le purger de ses mauvais penchants naturels... Tout cela correspondait certainement à une époque révolue et je ne vois guère l'essence éternelle de l'homme exprimée ici.
 

Citation :

les themes abordés (amours contrariées, heroisme, le devoir a accomplir et les choix que cela impose)sont eternels.

Je voudrais pas être contrariant, mais c'est discutable. La notion d'héroïsme et de devoir sont des notions très mises à mal au cours du vingtième siècle. Il y a un renouvellement des thèmes et des formes théâtrales qu'on enseigne, malheureusement, très rarement à l'école. C'est une tendance de l'éducation nationale que de convertir le théâtre et la littérature en un musée poussièreux et d'ignorer les expériences contemporaines.  On convertit les auteurs du répertoire en personnages sacrés qu'on est prié d'admirer, et surtout pas de critiquer :/.  
Pour l'amour, on n'aimait certainement pas de la même manière au 16è qu'au 20è. Les codes de la société ne sont pas du tout les mêmes.


Message édité par panchopa le 23-02-2005 à 02:01:46
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Marsh Posté le 23-02-2005 à 12:01:08    

C'est sur que dans la forme, le theatre classique ou antique est assez difficile, je suis d'accord. Le theatre a l'epoque servait a vehiculer des messages moraux, d'accord aussi. Mais c'est parce que c'etait aussi un des seuls moyens pour toucher la foule des spectateurs.
 
Dans le fond, je trouve les themes utilisés encore d'actualité. Apres, peut-etre que c'est au metteur en scène d'essayer de rendre la pièce plus proche du public actuel pour que cela puisse nous toucher, je ne sais pas. Il y a bien des films qui reprennent, avec plus ou moins de succes,des themes antiques. Dernier exemple: troyes de W. Petersen avec Brad Pitt (je ne dis pas que j'aime!)Peut-etre faudrait-il adapter le theatre classique/antique a notre epoque pour le faire (re)decouvrir et donner envie aux plus jeune de le lire?
 
c'est sur qu'aujourd'hui, si une belle-mere a des vues sur son beau-fils, elle ne va pas se jeter sur le premier couteau venu et mourir noyé dans ses larmes apres moults cris et jeremiades pour calmer ses ardeurs.
 
Et c'est vrai que du collège au lycée, on ne voit que moliere, racine, corneille et Cie. D'un autre cote, ce sont des auteurs a connaitre mais le theatre français ne s'est arrete au 17ième siècle...L'enseignement national doit choisir des auteurs considérés comme des "valeurs sures" et ne sort plus de sa liste. Exit Ionesco, Giraudoux, parmi tant d'autres.
 

Citation :

(le personnage qui se meurt pendant 5 minutes en déclamant des alexandrins... ridicule  :lol:).


 
ça, ça arrive dans pas mal de films, le personnage ne declame pas des alexandrins, mais il a le temps de raconter toute sa vie quand meme...Alors, un revival du theatre tragique?  :lol:  

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Marsh Posté le 23-02-2005 à 14:20:37    

cyfer a écrit :


Et c'est vrai que du collège au lycée, on ne voit que moliere, racine, corneille et Cie. D'un autre cote, ce sont des auteurs a connaitre mais le theatre français ne s'est arrete au 17ième siècle...L'enseignement national doit choisir des auteurs considérés comme des "valeurs sures" et ne sort plus de sa liste. Exit Ionesco, Giraudoux, parmi tant d'autres.


T'as pas découvert Giraudoux au lycée :heink: ? Et Anouilh, Ionesco, Vian ... ? Mais tu les as connus comment alors ? A mon avis les auteurs du 20e siècle sont encore pas trop mal présentés. Ce qui nous manque, c'est la littérature étrangère.


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Marsh Posté le 23-02-2005 à 14:23:01    

la littérature étrangère ça vient surtout à la FAC, par la littérature comparée. Le faire en profondeur au collège/lycée, oula va falloir faire 10 heures de lettres par semaine pour traiter l'étangère et la française. Pauvres gamins !
 
Moi en littérature moderne, dans mon cursus jusqu'au bac je n'ai eu que l'écume des jours (que j'avais déjà lu 2-3 fois avant  :heink: ). Par contre on m'a bien gavé avec Phèdre. C'était y'a une dizaine d'années. Je ferai changer ça quand je serai prof  ;)


Message édité par panchopa le 23-02-2005 à 14:25:52
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Marsh Posté le 23-02-2005 à 14:27:18    

Je demande pas à l'étudier à fond, mais donner 2/3 idées de lecture, des thèmes, quitte à raccourcir le temps passé sur la française, ça me paraîtrait bénéfique pour ceux qui n'étudient pas les lettres à la fac.
 
Faut dire que j'avais de très bons profs de français, au lycée. Ils ont dû essayer de nous former au-delà du strict minimum, et peut-être qu'ailleurs on n'en apprend pas autant.


Message édité par Marnie le 23-02-2005 à 14:39:29

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Marsh Posté le 23-02-2005 à 15:06:38    

C'était super relax chez moi. Il parait que j'étais dans un des lycées les plus je m'en foutiste de france. Pour la littérature, heureusement que j'attendais pas que les profs me fassent bosser sur un bouquin, j'avais dévoré des dizaines de bouquins    bien avant d'avoir des cours sur la littérature. Ils ont presque réussit à m'en dégoûter d'ailleurs, avec leurs vieux classiques putréfiés. Ceci dit, l'école a aussi vocation à transmettre un patrimoine commun, mais ne doit pas se figer dans la position de gardien du templs.


Message édité par panchopa le 23-02-2005 à 15:36:07
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Marsh Posté le 23-02-2005 à 18:30:03    

moi aussi j'ai lu L'écume des jours de Vian au lycée (j'ai beaucoup aimé d'ailleurs :) ) sinon, j'ai decouvert les autres auteurs un peu par hasard, en lisant les extraits des anthologies de français qu'on nous refile a etudier. Quand les extraits me plaisaient, je lisais le livre correspondant pour en savoir davantage. C'est clair que je n'ai pas attendu les profs pour lire.
 
Dejà qu'on avait du mal a boucler le programme, je voyais mal les profs faire des extras en parlant de littérature etrangère. Et puis, maintenant, quand on voit le desinteret grandissant des plus jeunes pour tout ce qui comporte plus de 200pages sans image et obligeant a reflechir, (je vois mon frere qui file lire les profils bac plutot que de lire le livre, ou je me souviens de ceux qui preferaient regarder le film cyrano avec Depardieu :non: )je me dis que ça doit etre dur pour le prof de motiver ses élèves à lire des livres hors programme. Il doit etre plus facile de se cantonner a quelques auteurs connus pour essayer d'inculquer un minimum de culture.
 
Mais ce ne sont pas des raisons pour camper sur des positions poussiéreuses. Les ministres réforment le bac, le brevet tous les 4matins, mais faudrait aussi penser changer les contenus de l'enseignement littéraire de temps en temps!  
 

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Marsh Posté le 23-02-2005 à 18:30:03   

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Marsh Posté le 23-02-2005 à 18:40:07    

'Fin bref, tout ça nous éloigne pas mal de la mise en scène.
 
C'est quoi le truc de Patrice Chéreau ?


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Marsh Posté le 23-02-2005 à 18:48:42    

Citation :

Mais ce ne sont pas des raisons pour camper sur des positions poussiéreuses. Les ministres réforment le bac, le brevet tous les 4matins, mais faudrait aussi penser changer les contenus de l'enseignement littéraire de temps en temps!  


 
Ah oui les réformes... maintenant la mode c'est les types de discours. Et de classer les oeuvres d'un point de vue utilitaro/technique : ici un extrait du délibératif, ici de l'apologue, là le biographique. Au risque que les élèves peu portés sur la littérature les envisagent comme de véritables catégories littéraires (genre l'auteur s'est dit : "tiens, aujourd'hui je vais écrire de l'argumentatif" :lol:).  
De plus quand je regarde les manuels actuels je suis sidéré. Le retour de la réthorique, les notions "savantes" de narratologie, les relevés de figures de styles et les bataillons de temes techniques hyper précis se font légions. J'y ai vu tout un tas de termes que je n'ai commencé à manier qu'en Fac. Le niveau des concepts utilisés  au lycée est beaucoup plus élevé qu'à mon époque. Maintenant dans la pratique je ne sais pas si les profs utilisent tout ce bagage avec leurs élèves.  
Je me demande s'il n'y a pas une dérive tout de même. Apprendre à relever telle ou telle figure, à nommer tel ou tel procédé c'est bien, mais si c'est pour en rester au niveau du relevé ça n'a aucun sens. A quoi sert à un élève de dire : "ici en  focalisation omnisciente, le narrateur revient par une analespse à un point antérieur du récit". A quoi bon si on ne sait décrire l'effet recherché et produit par cette focalisation et cette analepse ? L'élève y gagne t-il en compréhension de l'oeuvre ?
 
Pas facile d'enseigner correctement la littérature en tout cas


Message édité par panchopa le 23-02-2005 à 18:49:17
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Marsh Posté le 25-02-2005 à 11:22:30    

pour en revenir au sujet, la pièce de Patrice Chéreau avec Dominique Blanc a été plutot bien accueillie dans l'ensemble, d'après ce que j'ai lu. Enfin, ça concernait surtout les performances des comédiens, pas trop la mise en scène, je dois dire. Mais ça n'avait pas l'air de choquer les critiques.
 
Exeio, tu pourrais nous donner ton avis, les critiques que tu as lues? Après tout, c'est toi qui as lancé ce sujet ;)

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Marsh Posté le 26-02-2005 à 14:56:56    

Par rapport à la mise en scène d'une pièce classique à l'heure actuelle, il me semble pas mal de concilier le moderne au classique. Ainsi on peut se demander si les alexandrins peuvent être supprimer? Si on peut conserver les bougies à la place de l'éclairage électrique? Les costumes peuvent t-ils conserver leur aire classique mais avec des couleurs plus vives?

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Marsh Posté le 26-02-2005 à 18:13:19    

Supprimer les alexandrins ? :ouch: Ca va pas non ? C'est ce qui fait tout l'intérêt de la pièce !
 
edit : non en fait si tu veux la même histoire écrite autrement, tu l'écris toi-même, mais tu dis pas aux gens qu'il vont voir Le Cid, ou Phèdre. Ca n'a plus rien à voir.


Message édité par Marnie le 26-02-2005 à 18:14:31

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Marsh Posté le 26-02-2005 à 18:53:08    

Enfin, la scansion de l’alexandrin chère aux puristes est abandonnée au profit d’une diction plus naturelle. Les hémistiches s’enchaînent sans césure et les modalités exclamatives ou interrogatives retrouvent leur intonation spontanée. Patrice Chéreau s’est d’ailleurs expliqué à plusieurs reprises sur ce sujet : « Je suis archi contre le fait de faire entendre un arrêt à l’hémistiche, au bout de la sixième syllabe. Et je suis archi contre un arrêt à chaque vers. Par exemple, pour les fameux vers d’Oenone : "Vous le craignez. Osez l’accuser la première/Du crime dont il vous veut charger aujourd’hui", on ne comprend pas si on s’arrête à la rime. Mais si on ne s’arrête pas, j’entends le projet monstrueux. » Il s’agit donc bien d’« entendre » des paroles débarrassées de l’opacité rugueuse de la métrique. Ainsi, le morceau de bravoure que constitue le récit de Théramène devient une intense déploration qui bouleverse ses auditeurs.  
 
Source: http://www.cndp.fr/tice/teledoc/do [...] phedre.htm

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Marsh Posté le 26-02-2005 à 19:56:45    

Ah tu parles de la façon de les dire. Ouf :)
Je croyais que tu voulais changer le texte.
 
edit : dans ce cas d'accord. Je sais pas si tu as vu le film "Molière" d'Ariane Mnouchkine. Plusieurs fois on assiste à des déclamations de tragédies à la manière classique, et c'est super chiant. D'ailleurs elle doit penser ça aussi, parce qu'on voit bien que les spectateurs s'ennuient.
Je ne vois pas qui peut encore vouloir déclamer des alexandrins de cette façon-là, en fait. Ca me paraissait un combat gagné.


Message édité par Marnie le 26-02-2005 à 19:59:48

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