Les libraires d'HFR : passion du livre [topic unique] - Marché de l'emploi - Emploi & Etudes
Marsh Posté le 27-08-2006 à 16:33:08
J'ai pour projet de monter une librairie et je me demande ou dois-je me fournir? Directement chez les éditeurs ou peut être des grossistes? Si un libraire passait ici cela m'aiderait bien.
Marsh Posté le 12-09-2006 à 00:49:32
Walter_Sobchak a écrit : J'ai pour projet de monter une librairie et je me demande ou dois-je me fournir? Directement chez les éditeurs ou peut être des grossistes? |
Diffuseurs/éditeurs si tu fais assez de chiffre pour ouvrir un compte chez eux. Sinon grossistes, en se contentant d'une marge médiocre.
Citation : + ASFODEL, « Le métier de libraire, édition mise à jour », Paris, Éditions du cercle de la librairie, 1995, 339 pages |
Le 2ème bouquin est la réédition mise à jour du 1er et étendue à deux volumes. On attend encore le deuxième...
Citation : [...] Il reçoit les représentants des maisons d'éditions afin de prendre connaissance des nouveautés à venir et de les commander en conséquence (environ 2000 à 3000 nouveautés par mois). |
Petite précision : les éditeurs n'envoient des représentants que chez les libraires qui leur garantissent un certain chiffre d'affaires. Dans certains cas, on ne voit le représentant qu'une fois par an, le reste des "visites" prenant la forme de RDV téléphoniques. Dans d'autres, on ne voit personne et on se débrouille comme un grand. C'est particulièrement le cas chez les éditeurs de BD qui ne sont guère intéressés que par les librairies spécialisées et la grande distribution. Par ailleurs, ce sont plus souvent des représentants de diffuseurs que d'éditeurs.
Et enfin, la phrase laisse penser que le libraire prend connaissance des 2000 à 3000 nouveaux titres par mois. Ce n'est bien sûr pas le cas. Une sélection est faite par le représentant en fonction de la librairie (taille, clientèle, nature du fonds etc.). Et même au sein de cette sélection, beaucoup de titres passent à l'as (surtout en fin d'entretien de 3 heures, quand tout le monde en a ras la frange ). Quand aux titres mal diffusés et non défendus par des représentants, ce sont 99% d'entre eux qui sont carrément ignorés.
BoraBora, qui n'a plus de vie depuis qu'il est redevenu libraire (1er post sur HF-R depuis 6 mois ! )
Marsh Posté le 19-09-2006 à 23:35:43
Ah cool, j'étais persuadé que mon topic ferait un bide parmi tous ces informaticiens (ou futurs).
A propos du bouquin, je me demandais aussi quand allait sortir le deuxième tome (parce que c'est plus complet et plus pointu que le métier de libraire en seul volume). Un jour peut-être.
En ce qui concernent les représentants, je préfère que cela se passe par téléphone le reste du temps et qu'ils viennent éventuellement une fois par an que de recevoir uen feuille grossière en signe de "debrouille toi" tous les mois . Rien ne vaut le contact. Comme de toute façon cette "phase" prend un certain temps...
Autrement j'aurais deux questions. Je suis donc en période de recherche d'emploi et j'aimerais donc savoir :
- ce qu'un professionnel du livre attend d'un jeune qui vient de finit sa formation et qui compte de venir libraire ?
- quels sont les conseils à donner à un futur professionnel ?
Merci de vos réponses
Marsh Posté le 20-09-2006 à 02:01:54
Tristou a écrit : - ce qu'un professionnel du livre attend d'un jeune qui vient de finit sa formation et qui compte de venir libraire ? |
Difficile de donner une réponse qui ait valeur de généralité. Chaque libraire a sa personnalité, qu'il imprime à sa librairie, et attend donc de ses employés qu'ils se coulent dans un "moule" bien particulier. Entre une librairie comme Del Duca et une autre comme "Les Cahiers de Colette", pour citer deux célèbres librairies parisiennes, l'ambiance n'est pas la même, le fonds et la clientèle non plus. En ce qui me concerne, j'attendrai, dans l'ordre :
1 ) Les qualités commerciales. Pas dans le sens "Ecole de commerce, représentant à la mords-moi-le-noeud", mais dans le vieux sens populaire qui fait dire "Ah ils sont commerçants !". Donc chaleur humaine, sourire, sincérité, amabilité. Un libraire (comme probablement n'importe quel commerçant, d'ailleurs) doit aimer les gens. C'est un des paradoxes de cette profession : les fous de bouquins sont souvent des misanthropes et font de très mauvais libraires. On en a un exemple dans la librairie la plus proche de la notre, qui a été rachetée l'année dernière mais a gardé sa sale réputation acquise au fil des années d'endroit où "les vendeurs sont aimables comme des portes de prison".
Pour faire court : le futur employé de librairie doit être sympathique. Et si je mets ça en premier, c'est parce que c'est probablement la seule chose qui ne peut pas s'apprendre. Le contact passe ou ne passe pas.
2 ) Etre organisé et multi-tâches. La gestion d'une librairie est un enfer. Si on est un peu bordélique, on pourrit la vie de ses collègues. Et si on n'est pas capable de faire 18 trucs à la fois sans paniquer, on se noie complètement.
3 ) Etre capable de creuser des sujets, avoir des passions (liées au livre, bien sûr). Toute personne dans une librairie devrait être capable d'apporter une valeur ajoutée dans un ou plusieurs rayons. A partir de là, deux possibilités : soit la passion est exclusive. Genre "seul le rayon jeunesse m'intéresse", ou "je connais le polar à fond, mais pas grand chose d'autre". Soit il y a un ou plusieurs domaines de compétences, mais sans exclure le reste. Les deux possibilités sont viables, mais dépendront de la taille de la librairie et du poste. Dans une petite librairie, il faut s'intéresser à un peu tout, même s'il n'y a qu'un rayon ou deux où l'on assure vraiment. donc le candidat hyper-pointu dans un domaine et ignare dans tous les autres sera mal vu. Dans une grande librairie, par contre, la poste est souvent très spécialisé et on est affecté à un rayon bien précis. Donc ce ne sera pas un obstacle si le postulant frise la monomanie.
Dans tous les cas, mais je le répète c'est quelque chose qui m'est propre et ne reflète pas forcément la majorité des libraires, je n'aimerais pas qu'à la question "que lisez-vous ?", un candidat me réponde "oh j'aime un peu tout". En général, et ça vaut aussi dans la vie quotidienne, quelqu'un qui aime "tout" n'aime en fait rien, c'est une marque de superficialité (variation bien connue avec la musique : "oh j'écoute de tout, je suis très éclectique". Si on est sur un forum de nerds, penser tout de même à rajouter "sauf le rap" ). Le "j'aime un peu tout" peut aussi signifier que la personne bétonne à mort et veut cacher le fait qu'elle est d'une inculture abyssale en dehors d'un seul domaine très limité, afin de se la péter (variation bien connue avec la musique, bis, "oh j'écoute de tout, du metal, du blues, du classique", qu'il faut traduire par "je n'écoute que du metal, mais j'ai un CD de musique orchestrale de film et une compile de John Lee Hooker vendue en kiosque que mon grand frère m'a refilée" )
4 ) Des capacités à gérer un stock. En mettant de côté les problématiques génériques de gestion que l'on retrouve dans n'importe quelle entreprise, que ce soit une librairie ou une boîte de création de site web, les deux choses les plus importantes spécifiques à une librairie sont le stock et sa vente. Pour la vente, ce sont les qualités humaines citées plus haut. Pour le stock, c'est une autre paire de manches. C'est un boulot de fourmi quotidien, qui demande à la fois de la rigueur et du "nez". Prévoir 2 mois à l'avance, au moment des commandes, combien d'exemplaires on va vendre d'un titre, c'est un pari. Pour tempérer le hasard il faut :
* Bien connaître sa clientèle. Retour aux qualités humaines : être à l'écoute de ses clients toute l'année, repérer les fans de tel ou tel truc. Les softs de gestion de librairie permettent de sortir des statistiques dans tous les sens, et de dire "on a vendu 18 exemplaires du tant au tant de tel titre". Mais ils ne remplacent pas le vendeur qui réfléchit 5 secondes devant le représentant et conclut "ça je dois pouvoir en vendre 3 ex sans problème", et qui la plupart du temps sait déjà à qui il les vendra. Corrolaire : se connaître soi-même et correctement estimer sa capacité de persuasion au moment où le bouquin arrivera et où il faudra le vendre. Donc se méfier comme la peste des bouquins que l'on "ne sent pas". Dans une librairie indépendante, on vend bien ce qu'on aime.
* Etre très attentif en permanence à la rotation des titres. Le stock qui ne tourne pas plombe le fonds de roulement et occupe la place de titres qui pourraient se vendre. Un titre que l'on retourne au bout de 90 jours alors qu'il aurait mieux valu le renvoyer au bout de 30 a coûté de l'argent. Il faut donc des qualités en micro-management.
5 ) D'assez bonnes connaissances informatiques en général et une maîtrise des outils de recherche en particulier. On ne peut pas connaître tous les softs de gestion de librairie (je n'en connais moi-même qu'un seul, iPréface), mais si l'on n'est pas un manche avec un micro, on peut assez vite maîtriser celui qui est en place. La plupart ne demandent guère qu'une ou deux journées de formation, puis une courte période d'utilisation quotidienne.
Je crois que j'ai fait à peu près le tour.
Citation : quels sont les conseils à donner à un futur professionnel ? |
D'essayer de correspondre au profil ci-dessus. Plus sérieusement, et tant pis si ça sonne bisounours, d'essayer de garder toujours son enthousiasme et son plaisir de faire découvrir des livres à ses clients. C'est le vrai bonheur de ce métier, qui par ailleurs rapporte très peu d'argent, est physiquement fatigant, et oblige à beaucoup bosser. Si tu démarres par une librairie où ce bonheur est rare (et il y en a, hélas, même dans les librairies indépendantes), casses-toi dès que tu auras trouvé une autre place.
Marsh Posté le 20-09-2006 à 09:27:31
Merci pour ces conseils, cela répond farpaitement à mes questions
En fait, j'envisage de candidater dans de grandes librairies : Mollat (j'habites à Bordeaux), Ombres Blanches comme dans de plus petites voire pour débuter dans des mastodontes genre Fnac ou Cultura (quitte à revenir vers une librairie par la suite puisque là est ma préférence).
En fait, à mon avis le plus "dur" dans le métier c'est la gestion du stock, bien doser ce qu'on veut avoir en rayon et faire le bon choix dans ce qui est à retourner (et dans ce cas présent, l'informatique est une aide précieuse). Parce que l'ouverture d'esprit et l'ouverture aux clients me semble accessible à n'importe qui, ce n'est pas la mère à boire (quoi que... )
Marsh Posté le 21-09-2006 à 00:55:59
Tristou a écrit : Parce que l'ouverture d'esprit et l'ouverture aux clients me semble accessible à n'importe qui, ce n'est pas la mère à boire (quoi que... ) |
Oui, quoique...
Bien sûr, dans la grande distribution et les super-marchés culturels, les qualités demandées ne sont pas les mêmes que dans une librairie petite ou moyenne (ou même une grande, d'ailleurs). L'aspect commercial est complètement inexistant, tu n'as même pas à fidéliser tes clients, le marketing est là pour ça. A la limite, même la connaissance de ton rayon est superfétatoire : côté achats, ce sont les commerciaux des diffuseurs qui décident pour toi des titres et leur quantité en fonction du tirage, de l'ampleur du plan médiatique programmé etc. (ce qu'ils peuvent faire aussi pour un libraire indépendant, d'ailleurs, si on les laisse faire ). Après, le serpent se mord la queue : ce qui arrive en grande quantité avec PLV ostentatoire sera mis en tête de gondole, et se vendra plus que le reste justement parce que c'est en tête de gondole. Côté vente, 99% des clients de la FNAC n'attendent ni même espèrent de conseil de la part des vendeurs. Reste donc la gestion de stock, qui sur des volumes importants comme ceux d'un rayon de super-marché culturel prend une importance cruciale.
Marsh Posté le 21-09-2006 à 15:13:53
A la limite, je suis prêt à me faire chier à la FNAC pour commencer .
Ceci dit, si je peux débuter ma carrière à Mollat ou à Ombres Blanches, c'est la classe en ce qui concerne le conseil, la gestion de son fonds
A Paris les librairies ça doit pas manquer (j'ai aps encore cherché de ce coté là)
Marsh Posté le 21-09-2006 à 15:23:22
Tristou a écrit : A la limite, je suis prêt à me faire chier à la FNAC pour commencer . |
Ombres blanches, je connais celle de Toulouse, j'ai habité un an juste en face. Une des plus belles librairies françaises, y'a pas photo. J'ignorais qu'il y en avait une à Bordeaux, par contre.
Citation : A Paris les librairies ça doit pas manquer (j'ai aps encore cherché de ce coté là) |
Il y en a un paquet, oui. Surtout rive droite, puisque c'est là maintenant que ça se passe.
Marsh Posté le 22-09-2006 à 00:38:49
Ah mais mon bon monsieur, Mollat, c'est une des plus grande librairie de France (la plus grande quand on est chauvin) : un paté de maison.
A mon avis, ça doit être plus dur pour un libraire à Paris que dans les autres villes parce qu'à mon avis dans ces dernières il doit y avoir quoi.. 2-3 magasins (librairies, espaces culturels etc.) grand max alors qu'à Paris...
Marsh Posté le 22-09-2006 à 10:47:11
Tristou a écrit : Ah mais mon bon monsieur, Mollat, c'est une des plus grande librairie de France (la plus grande quand on est chauvin) : un paté de maison. |
Euuuh... on s'est mal compris, là. Je voulais dire : j'ignorais qu'il existait une librairie "Ombres blanches" à Bordeaux. Mais peut-être parlais-tu de celle de Toulouse ?
Citation : A mon avis, ça doit être plus dur pour un libraire à Paris que dans les autres villes parce qu'à mon avis dans ces dernières il doit y avoir quoi.. 2-3 magasins (librairies, espaces culturels etc.) grand max alors qu'à Paris... |
Oui et non, en fait. Tout dépend de l'emplacement. Déjà, dans la plupart des quartiers, la plus proche FNAC livres est très loin. Or la librairie reste un commerce de proximité, grâce à la loi sur le prix unique. Ensuite, on constate que FNAC et librairie indépendante peuvent cohabiter, leur clientèle n'étant pas la même, et leurs exigences de rentabilité très différentes. A Opéra, par exemple, la FNAC s'est installée juste à côté de Del Duca il y a un paquet d'années. Ils sont carrément côte-côte ! Au final, non seulement Del Duca a perduré, mais c'est la FNAC qui a arrêté son rayon livres.
C'est l'exemple extrême, mais on peut aussi constater qu'à Montparnasse, les librairies se portent très bien malgré la FNAC, et ce pour certaines depuis 30 ans. La densité de population en région parisienne est telle que la concentration de magasins du même type peut jouer un rôle bénéfique en constituant un "pôle" qui fait venir des tas de gens de loin. On en a plein d'exemples avec les jeux vidéo et les mangas à République, l'informatique à Montgallet, les comics à St Michel, la numismatique à Bourse etc.
Marsh Posté le 23-09-2006 à 00:33:51
Oui, je parlais de celle de Toulouse, il n'y en a pas à Bordeaux
Ouais enfin je dis Fnac mais je comptabilise tous les Virgin, les espaces culturels et tout le tsoin tsoin. Tout ce qui n'est pas librairie de proximité en fait. Le tout rassemblé, ça doit enquiquiner un petit peu les librairies. Si ce n'est pas à Paris (mon exemple était pas bon en fait ),c 'est dans d'autres villes.
Si y'a un mérite à reconnaitre à Cultura, c'est d'être systématiquement implanté dans les ZAC et non en pleine ville. J'ai été en stage pendant 2 mois en stage dans espace culturel d'un centre commercial au nord de à la Roche sur-Yon, (c'est largement plus petit que Bordeaux et Paris), y'a 4 librairies en centre ville et la clientèle est carrément différente.
Marsh Posté le 23-09-2006 à 11:48:24
Je ne sais plus le chiffre exact et pas trop le temps de le chercher, mais il me semble qu'en France environ 50% (peut-être plus) des ventes de livres sont réalisées par les libraires indépendants. Pas si mal.
Cela démontre de manière éclatante à quel point la loi sur le prix unique du livre était nécessaire et a été profitable. Je me souviens des polémiques en 80 qui avaient entouré la sortie de l'énorme best-seller du moment ("Les prophéties de Nostradamus" ). Les grossistes le vendaient plus cher aux libraires que les super-marchés à leurs clients. C'était carrément naouak. Les libraires allaient donc se fournir à la FNAC ou dans une grande surface, puis le revendaient en margeant dessus. Inutile de dire que leurs ventes étaient ridicules. On a bien cru à cette époque que les libraires allaient rejoindre les disquaires au cimetière des éléphants culturels... Heureusement que la gauche est passée, pour le coup.
Marsh Posté le 23-09-2006 à 13:20:03
Ah bah c'est sûr qu sans la loi Lang, le monde du livre, ça serait la même merde que l'industrie du disque
Et puis la librairie, c'est bien le lieu où l'on reçoit un conseil de la part de spécialistes et dont le fonds est conséquent et adapté à la clientèle.
Ah oui tiens une question : l'autre jour, j'ai appelé un libraire d'Ussel pour pouvoir discuter, qu'il me donne des conseils et tout et je lui ait demandé s'il trouvait que les weblibrairies étaient plus "dangereuses" que les librairies de proximité et il m'a répondu oui à cause de la praticité de ne pas se déplacer et tout. Et un libraire de St Nazaire qui nous a dispensé les cours de librairie à l'IUT et moi-même qui ait bossé sur le sujet trouvons que la grande distribution est plus dangereuse du fait qu'elle a un poid sur la diffusion et distribution. Les librairies en lignes sont plus promptes à se mettre des bâtons dans les roues entre elles. Qu'en penses-tu ? (et si y'a d'autres libraires, donnez vos avis)
Marsh Posté le 23-09-2006 à 14:34:53
Tristou a écrit : |
J'avoue n'avoir pas d'idées bien arrêtées là-dessus. Pour le libraire établi dans une zone à faible densité de population, c'est très certainement un danger. Le client qui veut un bouquin absent d'une librairie va devoir le commander, donc passer deux fois. S'il y a 1/4 d'heure de trajet, ça peut gonfler, et l'achat sur le net est bien plus pratique. Dans notre cas (Paris, donc), la plupart des clients passent devant chez nous deux fois par jour au moins, c'est vraiment une clientèle de quartier. Donc l'avantage du net est faible.
Il faut aussi considérer que pour l'instant au moins, la clientèle des plus gros lecteurs, les vrais "littéraires" est aussi la plus réfractaire aux ordinateurs. Et puis l'achat sur le net n'est pas pratique pour tout le monde : beaucoup de gens n'ont pas un(e) gardien(ne) et sont obligés d'aller chercher le bouquin à la poste. Dans ce cas, c'est encore plus galère qu'aller dans une librairie.
Citation : Et un libraire de St Nazaire qui nous a dispensé les cours de librairie à l'IUT et moi-même qui ait bossé sur le sujet trouvons que la grande distribution est plus dangereuse du fait qu'elle a un poid sur la diffusion et distribution. |
Clairement. On a d'ailleurs déjà vu à plusieurs occasions Hachette utiliser son poids pour faire de la concurrence déloyale aux libraires indépendants (Points Hachette livrés en premier, par exemple).
Marsh Posté le 23-09-2006 à 19:42:53
Parmi les inconvénients que j'ai noté dans mon dossier
- commandes pas toujours simple à passer (comme tu disais) parce que cela demande de connaitre et parfois problèmes techniques.
- pas de conseils personnalisé, juste la couverture et la référence, un bref résumé de 2 lignes au mieux.
- commentaires sur une oeuvre pas toujours objectifs (soit les livres sont volontairement descends soit ils sont auto-promotionnés)
- méfiance vis à vis des modes de paiements (peur du piratage, des atteintes àla vie privée si les fichiers clients sont vendus)
- possibilité d'acquérir des ouvrages interidts à la vente en librairie traditionnelle (ex : Mein Kampf)
- d'une façon ou d'une autre contournement de la loi Lang avec des prix pus que compétitifs (frais de ports offert +remise de 5 %)
BoraBora a écrit : |
Oui ou grandes surfaces qui mettent en vente les livres avant la date de sortie officielle... et qui recommencent malgré les amendes et les procès perdus...
Marsh Posté le 23-09-2006 à 21:42:54
Tristou a écrit : |
Mein Kampf n'est pas interdit à la vente en librairie, il est simplement interdit d'affichage. Mais rien ne t'empêche de l'avoir en stock, derrière ton comptoir. Ceci dit, les livres interdits sont rarissimes, et le cas Mein Kampf est bien à part : beaucoup de gens prétendent l'avoir eu entre les mains, ou clament vouloir le lire (le côté provoc rebelz) mais en pratique, il n'intéresse personne, surtout s'il faut le payer. Bien trop chiant à lire. La seule fois de toute ma carrière où l'on m'a demandé Mein Kampf, c'étaient deux clodos à moitié bourrés qui voulaient faire leur intéressant. C'est dire...
Citation : - d'une façon ou d'une autre contournement de la loi Lang avec des prix pus que compétitifs (frais de ports offert +remise de 5 %) |
Contournement, non, pas vraiment. On peut considérer qu'offrir les frais de port est une forme de remise, mais bon... pas de quoi fouetter un chat. Quand à la remise de 5%, quasiment toutes les librairies la pratique sous forme de carte de fidélité.
Je crois aussi que l'achat de livres sur le net concerne pour une grande partie une clientèle qui n'entrerait de toute façon pas dans une librairie. Il ne faut pas oublier que la clientèle est très segmentée. Certains modes de distribution créent une clientèle qui n'existait pas jusque là, ou en augmentent le potentiel.
Quand je regarde le top10 des ventes d'Amazon.fr, par exemple, je constate toujours un décalage ahurissant entre nos ventes et les leurs sur certains titres. Aujourd'hui, par exemple, figurent "Sexus Politicus", "Chirac et les 40 menteurs" ou "Je ne sais pas maigrir", qui sont absolument invendables chez nous (et qui s'en plaindra ? ). Et je te parle même pas du calendrier "Les dieux du stade", 2ème position des meilleures ventes.
La 2ème meilleure vente romans brochés chez eux est le Nothomb. Chez nous, c'est le Murakami ("Kafka sur le rivage" ), loin devant. En BD, "Le secret de l'étrangleur" de Tardi est déjà en 10ème position alors qu'il est sorti il y a 3 jours. Chez nous, c'est zéro exemplaire vendu. Normal, nos clients l'ont déjà acheté en mode journal cet été. On va en vendre quand même, c'est clair, mais petit à petit, sans frénésie. Par contre, le nouveau Taniguchi chez Casterman cartonne chez nous alors qu'il semble faire un bide chez Amazon.fr. Et la BD qu'on vend le plus, de très très loin, ce sont les mini-Tintin sortis la semaine dernière. On a du mal à éviter la rupture de stock tant les gens les achètent vite.
Bref, je pense que la vente par le net fait bien plus de mal à la grande distribution qu'aux libraires. Toutes proportions gardées, parce que le volume qu'ils brassent reste tout de même assez ridicule si l'on s'en tient aux entreprises 100% internet (soit en gros Amazon et très très loin derrière Alapage, qui ne survit que grâce à France-Télécom qui le tient sous perf' par ses subventions indirectes).
P.S. : c'était assez prévisible sur ce forum de nerdz, mais ce topic unique est en train de devenir un chat.
Marsh Posté le 24-09-2006 à 00:12:31
En même temps, il n'est pas interdit à tout curieux de poser des questions ou des libraires (ou futurs) de venir parler mais bon
Pour Mein Kampf, je ne savais pas qu'il était autorisé à la vente. Ceci dit, j'imagine que peu de librairies l'ont en stock, ils le commandent et puis point barre. Surtout que je crois que les détenteurs de ce livres sont listés...
Concernant le prix qui est plus bas dans les librairies en lignes, si on ajoute ces deux remises (disons que souvent ils additionnent la gratuité des frais de port et accordent quasiment tout le temps la remise de 5%), le prix est plus bas qu'en librairie traditionnelle. Je pense que le ent est, d'après les titres que tu me donnes, plus prompt à vendre des best-sellers contrairement aux librairies qui en vendent mais qui peuvent aussi miser sur des titres moins connus.
Marsh Posté le 24-09-2006 à 12:17:27
Tristou a écrit : Pour Mein Kampf, je ne savais pas qu'il était autorisé à la vente. Ceci dit, j'imagine que peu de librairies l'ont en stock, ils le commandent et puis point barre. Surtout que je crois que les détenteurs de ce livres sont listés... |
Listés ? Pas du tout, non. C'est un bouquin comme un autre, simplement interdit d'affichage. L'édition actuelle, autorisée depuis des décennies, comporte deux différences avec l'originale (qui elle est interdite et n'a jamais été rééditée telle quelle) : un avertissement en plus au début du bouquin et deux paragraphes en moins. C'est tout. Je l'ai parcouru en diagonale dans les années 80 quand je bossais dans une bibliothèque municipale.
Citation : Concernant le prix qui est plus bas dans les librairies en lignes, si on ajoute ces deux remises (disons que souvent ils additionnent la gratuité des frais de port et accordent quasiment tout le temps la remise de 5%), le prix est plus bas qu'en librairie traditionnelle. |
Mais en librairie, tu n'as pas de frais de port non plus, donc même si tu n'as pas la remise de 5%, la différence est tout de même très minime. Ce qui est plus gênant, je pense, est le fait que 25 ans après, beaucoup de gens n'ont toujours pas compris que les livres sont au même prix partout (à éventuellement 5% près).
Citation : Je pense que le net est, d'après les titres que tu me donnes, plus prompt à vendre des best-sellers contrairement aux librairies qui en vendent mais qui peuvent aussi miser sur des titres moins connus. |
Tout-à-fait. La clientèle du net en matière de livres est en grande majorité identique à celle des grandes surfaces : elle ne veut pas de relationnel quand elle achète un livre. Pour cette raison, elle ne rentrera pas dans une vraie librairie. Tout libraire voit de temps à autres un client qui éprouve le besoin de se justifier pour tel ou tel achat/demande. C'est la partie émergée de l'iceberg, de cette clientèle qui a vaguement honte de ses lectures et veut rester anonyme. Avant les vacances, j'ai eu un type qui a passé cinq minutes à tourner des périphrases dans tous les sens avant de finalement me demander si je n'avais pas le code da Vinci. Ca donnait quelque chose dans ce goût là (syntaxe sans respiration pour reproduire le côté bafouillement gêné du bonhomme) :
Le client : "Bonjour, je recherche un livre, c'est pour offrir, quelqu'un qui veut ce livre seulement et pas un autre, je suppose que vous ne l'avez pas, je comprends ça parfaitement, je sais bien que c'est vraiment très mauvais, je suis désolé de vous déranger pour ça, mais voilà, au cas où, comme j'ai vu votre vitrine, je me suis dit que peut-être, à tout hasard, mais si vous ne l'avez pas, ce que je comprendrais parfaitement, ce n'est pas grave du tout, je suis désolé de vous embêter avec ça...'
Moi : Euuuuuuh... c'est quel livre ?
Le client : "Le code da vinci"
Dès qu'il a dit le titre, je l'ai coupé parce qu'il allait repartir dans une série d'excuses plates, de justifications et d'auto-flagellations. Je suis allé le prendre sur l'étagère, il l'a payé, il est reparti (sans demander d'emballage cadeau, d'ailleurs ).
L'idée reçue dans notre société est que l'on est défini par les livres/disques/films/émissions TV que l'on consomme et apprécie. C'est bien sûr une ânerie monumentale. Mais un effet secondaire de cette ânerie fait que l'achat anonyme (internet/FNAC/Carrouf et autres) a de beaux jours devant lui.
A l'inverse, on trouve en librairie une petite partie de la clientèle, et c'est sans doute la plus déplaisante, pour laquelle acheter un livre est une façon de s'auto-glorifier dans ses choix et ne peut se passer d'un public averti et admirateur, en l'ocurrence le libraire ("je n'achète pas de la merde, moi, n'est-ce pas ?" ). En librairie généraliste, elle reste très minoritaire, dieu merci. En librairie spécialisée, par contre, elle est souvent assez importante.
Marsh Posté le 24-09-2006 à 13:16:45
Ah ouais ben je sais pas pourquoi j'étais persuadé qu'ils étaient listés. Bon enfin en tout cas y'en a ptet qui aiment ça ou qui veulent le lire "pour pas mourir idiot" (ou alors c'est un prétexte )
Le Da Vinci Code, il est abusé ce livre. Franchement je l'ai lu mais ça a pris tellement d'ampleur que ça m'en a dégouté. Quand j'étais en stage, donc de début avril à début juin, le film allait sortit à cette période donc il allait être demandé. En poche, on en a jusqu'à 147 en stock avec le réassort (et vendu autant voir le double). Vivement que ça se calme et qu'il aille dans le panthéon des best-sellers morts
Je crois que "l'élite littéraire" comme les personnes qui ne lisent que du best-seller me laisseront froid. Mais bon en librairie aussi y'a des gens louches des fois
Marsh Posté le 24-09-2006 à 17:34:16
Tristou a écrit : Ah ouais ben je sais pas pourquoi j'étais persuadé qu'ils étaient listés. Bon enfin en tout cas y'en a ptet qui aiment ça ou qui veulent le lire "pour pas mourir idiot" (ou alors c'est un prétexte ) |
Non, c'est surtout une velléité, un truc qui fait bien dans la discussion, mais le passage à l'acte (surtout, je le répète, payant) est rarissime, en dehors des chercheurs ou universitaires divers (qui d'ailleurs ne l'achètent pas non plus puisqu'ils l'ont à dispo en bibliothèque).
Citation : Le Da Vinci Code, il est abusé ce livre. Franchement je l'ai lu mais ça a pris tellement d'ampleur que ça m'en a dégouté. Quand j'étais en stage, donc de début avril à début juin, le film allait sortit à cette période donc il allait être demandé. En poche, on en a jusqu'à 147 en stock avec le réassort (et vendu autant voir le double). Vivement que ça se calme et qu'il aille dans le panthéon des best-sellers morts |
Où as-tu fait ton stage ? Chez nous, les ventes étaient proches de zéro. Il me semble qu'on en a vendu 2 en poche et un en broché (pour offrir).
En tout cas, il sera en belle compagnie au panthéon des best-sellers morts, aux côtés de Papillon, La bicyclette bleue, Nostradamus, L'alchimiste, Chiens perdus sans collier, et autres oiseaux qui se cachent pour mourir quand arrive le matin des magiciens.
Citation : Mais bon en librairie aussi y'a des gens louches des fois |
Parfois, c'est même le libraire.
Marsh Posté le 24-09-2006 à 19:36:13
Dans un espace culturel, ça s'appelle Médiastore et c'est à la Roche-sur-Yon? J'ai un lien. Bon c'est pas grand chose mais bon... http://www.les-flaneries.com/htm/b [...] astore.htm
Y'avait pas mal de monde vu que c'est situé dans une galerie commerçante. En plus avec la sortie du film ça a été archi demandé.
Arf la bicyclette bleue, c'est presque un classique ça
Bah j'ai plus souvent vu des clients bizarres que des libraires mais sûrement
Marsh Posté le 24-09-2006 à 22:45:44
Uh ? Les prix des livres importés sont libres, absolument pas concernés par la loi Lang. C'est d'ailleurs pour cette raison que je ne peux pas en vendre dans ma librairie, malgré mon envie : je serais incapable de lutter au niveau prix contre Amazon.
Citation : - pourvoir commander des ouvrages un peu spécialisés que BCP de libraires refusent de commander pour d'évidentes raisons de rentabilité (et une certaine prétention commerciale, il ne faut pas le nier) |
Ca n'a pas dû t'arriver souvent de voir un libraire refuser de commander un livre, pour la simple et bonne raison que c'est interdit.
Loi 81-766 du 10 août 1981 relative au prix du livre, article 1er :
"Tout détaillant doit offrir le service gratuit de commande à l'unité."
Quand tu dis "beaucoup de libraires", j'ai beaucoup de mal à te croire.
Citation : - pour les livres rares ou plus édités. |
Là, clairement, les bouquinistes en ligne ont réellement apporté quelque chose à la profession.
Citation : Enfin bref, les gens commandant sur Internet sont, en moyenne, des gens qui font partie de la frange de la population la plus demandeuse de biens culturels. |
La plus demandeuse de biens culturels, je ne sais pas, il faudrait voir quelques chiffres. Dans le domaine du disque, probablement, puisque la disparition des disquaires (qui reviennent néanmoins sur le marché, mais encore timidement) fait que le net est la seule alternative pour la plupart des gens aux super-marchés où le choix est très limité et les prix élevés. Mais si l'on se limite au domaine du livre dont nous causons ici, je pense au contraire pour les raisons exposées plus haut que la clientèle d'Amazon (oublions Alapage qui ne fait même pas le CA d'une librairie de taille moyenne dans une grande ville de province, et FNAC.fr qui n'est qu'un substitut au "brick & mortar" ) est plutôt identique à la clientèle de la grande distribution, la moins demandeuse de livres.
Citation : Il est parfaitement inepte de critiquer ces achats en ligne comme justification à la descente aux enfers de pas mal de libraires pédants et désagréables (bcp dans le 5ème à PAris, au hasard ). |
Entièrement d'accord. Surtout que l'achat de livres en ligne reste marginal, un très petit pourcentage des ventes annuelles de livres. Les seules librairies qui ont probablement beaucoup souffert de la concurrence du net sont les librairies anglaises, dont les prix approchent le double des prix du net. J'ai moi-même été client plus de 20 ans de Brentano's et Smith's à Paris. Depuis mon 1er achat de bouquins en anglais sur Amazon.fr, je n'y suis quasiment jamais retourné. Ceci dit, je comprends aussi leur problème, puisque j'ai le même.
Marsh Posté le 26-10-2006 à 12:28:28
Bonjour,
Je suis en région Grenobloise (à 50 Kms de Grenoble pour être précis) et jai le projet de créer une librairie qui serait spécialisée :
- dans les beaux livres, dans lidée que ça peut être de bons cadeaux et permettre à ceux qui naiment pas forcement lires de « gros pavés » de trouver dans ces livres de quoi découvrir et rêver
- dans les livres contes et légendes, fantasy, S.F.
Le thème de la librairie serait limaginaire et le rêve, je pense que cest ce que le gens recherche aujourdhui.
En fait jai quelques questions « pratiques » qui me trottent dans la tête :
- Est-ce que daprès vous une librairie de proximité sera fiable pour faire vivre une personne avec une zone de chalandise dun peu plus de 11 000 habitants ? En sachant que la « véritable » librairie la plus proche se situe à plus de 30 Kms.
- Pour une petite librairie denviron 50/60 m² de surface de vente, combien faut il avoir de références pour commencer ?
- Je pensais avoir deux voir trois exemplaire de chaque référence, pensez vous que cest suffisant, trop ?
Il est vrai que cest la gestion du stock qui est très difficile, surtout au début, quand on ne connaît pas forcément bien les goûts de la clientèle.
Jai conscience quil ne sera pas facile de répondre à mes questions tellement la situation de la librairie joue un rôle important selon que lon se trouve dans une grande ville ou en zone rurale.
En tous cas merci beaucoup pour vos réponses et avis
Marsh Posté le 27-10-2006 à 01:43:26
steph4012 a écrit : Je suis en région Grenobloise (à 50 Kms de Grenoble pour être précis) et jai le projet de créer une librairie qui serait spécialisée : |
Les beaux livres font effectivement de bons cadeaux, mais de ce fait ne se vendent à peu près qu'un mois dans l'année, avant Noël. Le reste du temps, sauf rare exception, les ventes avoisinent le zéro absolu. Tu as de plus la concurrence des soldeurs, chez qui se retrouvent beaucoup de beaux livres à des prix cassés.
Nous avons déjà reçu la plupart des beaux livres parus pour Noël. Rayon blindé à mort dans tous les domaines : art, photo, nature, nostalgie, cuisine etc. Résultat net pour l'instant : zéro vente, et on sait plus où les mettre (le premier qui me répond DTC se prend le dictionnaire culturel en langue française dans la tronche ). On va en renvoyer une bonne partie avant même le début de la période des fêtes.
Citation : Le thème de la librairie serait limaginaire et le rêve, je pense que cest ce que le gens recherche aujourdhui. |
Pas spécialement, non. En tout cas pas la clientèle de librairie.
Citation : - Est-ce que daprès vous une librairie de proximité sera fiable pour faire vivre une personne avec une zone de chalandise dun peu plus de 11 000 habitants ? En sachant que la « véritable » librairie la plus proche se situe à plus de 30 Kms. |
Pour une librairie généraliste très grand public, ça paraît très viable, oui, surtout si tu décroches des budgets municipaux (écoles, médiathèque), et d'autant mieux qu'il semble que tu n'auras pas de concurrence. Pour une librairie généraliste un peu "personnelle", ça paraît déjà un peu plus casse-gueule, mais pourquoi pas. Tout dépend de tes frais généraux, de tes capacités en fonds de roulement, du type d'habitants (CSP, toussa) etc. Pour une librairie spécialisée SF/fantasy et beaux livres, par contre, oublie tout de suite, même pas la peine d'en parler, désolé. 11 000 habitants, ça te fera 150 clients à tout casser.
Citation : - Pour une petite librairie denviron 50/60 m² de surface de vente, combien faut il avoir de références pour commencer ? |
50/60 m², c'est déjà fichtrement conséquent pour une seule personne. La nôtre fait 60 m² et l'on a beaucoup de mal à la gérer à deux, en bossant comme des tordus. Sinon, 3000 titres semblent un minimum pour un démarrage.
Citation : - Je pensais avoir deux voir trois exemplaire de chaque référence, pensez vous que cest suffisant, trop ? |
Au démarrage, beaucoup trop pour 99% des titres. Un exemplaire seulement. Dans les mois qui suivent, on dose en fonction des ventes et la comparaison de coût entre un stock qui ne tourne pas (et donc grève le fonds de roulement) et les frais de transport qu'induit un réassort au compte-goutte (frais non négligeables en province, où ils peuvent se monter à 20% du CA). L'équilibre est difficile à trouver, et on ne le maîtrise jamais complètement, mais en tout cas ne jamais s'alourdir dès le début avec des titres en 2 ou 3 exemplaires, sauf best-seller garanti.
Plus généralement : je t'enjoins à faire réaliser une petite étude de marché et plancher par ailleurs sur un business plan en béton que tu feras lire à des personnes compétentes (expert-comptable, banquier, chambre de commerce etc.). Si comme je le pense à la lecture de ton post tu n'as reçu aucune formation à ce métier, fais impérativement, et au minimum, un stage dans une librairie et un stage en gestion de librairie. Je ne veux pas paraître cynique, et je ne dis pas ça méchamment, mais l'objet de moquerie le plus courant dans notre profession, c'est "tous ces gens qui rêêêêêêvent d'ouvrir une librairie", et n'ont pas la moindre notion de ce que ça représente, en termes de gestion, de compétences et d'investissements financiers. J'ai au moins un client par semaine (plus souvent une cliente, d'ailleurs) qui me dit avoir toujours rêvé d'ouvrir une librairie. Ce que je comprends d'ailleurs très bien, et on ne m'ôtera pas de l'idée que c'est le plus beau métier du monde. Mais en même temps, comme le rappelle très justement Tristou dans le 1er post, gérer une librairie est comme gérer n'importe quelle entreprise.
Marsh Posté le 30-10-2006 à 18:25:57
Bonjour BoraBora.
Tout dabord merci beaucoup pour ta réponse détaillée !
Il est vrai que je nai aucune formation de libraire (à part une brève « action professionnelle » de quelques semaines, quand jétais encore à lécole, pour établir la vitrine dune librairie à loccasion de la fête du livre, je sais cest très très maigre !!!).
Jai passé plusieurs mois à chercher, à me documenter, me renseigner sur le métier de libraire (loi du prix unique, loi du droit de prêt
) et jai vu quil existait des formations, dispensées par exemple par lI.N.F.L, mais quand jai vu les prix !!!!!!! Je vais me ruiner avant de commencer
Mais cest certain que déjà je vais suivre une formation proposée par la cci sur la gestion dentreprise (gestion stock, compta,
)
Avec une librairie généraliste on doit toucher forcement plus de monde, mais avec une surface « moyenne » et avec toutes les nouveautés qui sortent chaque mois, difficile de dimensionner chaque rayon : tant de références pour le S.F, tant pour le polar
Ce qui métonne le plus, cest que je nai rien pu trouver sur la vie quotidienne dun libraire, à part les grandes lignes (réception des livres, mis en rayon
).
Pour quelquun qui nest pas du métier il nest pas évident de se rendre compte à quel point cest un métier qui demande énormément de travail !
Est-ce que pour toi, linformatique ta aidé dans ton travail quotidien (gestion du stock, passage des commandes, gestion des retours
) ?
Jai déjà planché sur le Business plan (étude des concurrents, emplacement, zone de chalandise
) mais la partie financière me pose beaucoup de problèmes.
Jessai de me faire un peu aidé par ma cci mais ils nont pas lair super motivés
Citation : 50/60 m², c'est déjà fichtrement conséquent pour une seule personne. La nôtre fait 60 m² et l'on a beaucoup de mal à la gérer à deux, en bossant comme des tordus. Sinon, 3000 titres semblent un minimum pour un démarrage. |
Oula ! Pour une personne c'est impossible alors ?? Moi qui voulais que ma compagne continue son travail pour avoir au moins un salaire fixe chaque mois...
Citation : Dans les mois qui suivent, on dose en fonction des ventes et la comparaison de coût entre un stock qui ne tourne pas (et donc grève le fonds de roulement) et les frais de transport qu'induit un réassort au compte-goutte (frais non négligeables en province, où ils peuvent se monter à 20% du CA). |
J'ai vu qu'il existait une société qui permettait de réduire les frais de transport vers la province (PRISME), en regroupant les commandes passées chez tous les diffuseurs.
En lisant ton post, je me demande si tu fonctionnes en office ? Est-ce un fonctionnement intéressant, pas trop lourd à gérer ?
Je voulais aussi savoir si ta librairie avait un site Internet, pour se faire connaître, mettre ton catalogue en ligne ?
Est-ce que tu proposes de la vente par correspondance ? Via un site Internet du type Librairie .com, abebooks,
) ?
Citation : J'ai au moins un client par semaine (plus souvent une cliente, d'ailleurs) qui me dit avoir toujours rêvé d'ouvrir une librairie. |
Pour moi jespère bien que ça ne restera pas quun rêve. En tous cas je ferais tout pour !!
Ca fait beaucoup de questions tout ça !!!
Merci pour tout
Marsh Posté le 31-10-2006 à 11:35:50
steph4012 a écrit : jai vu quil existait des formations, dispensées par exemple par lI.N.F.L, mais quand jai vu les prix !!!!!!! Je vais me ruiner avant de commencer |
Ma collègue/associée a suivi chez eux une formation de 9 jours : Le métier de libraire : Mode demploi. Elle était au chômage donc a eu le tarif de 140 la journée soit 1260 le stage. On a décidé qu'elle le suive pour deux raisons : contrairement à moi, elle n'avait aucune expérience de la librairie (elle est psycho/sociologue) et nous savions que c'était elle qui assurerait la partie purement gestion (je suis une brêle en paperasserie ). Le stage est de très grande qualité et les intervenants sont des gens parmi les plus compétents qui soient (elle a eu entre autres le fondateur de la librairie Ombres Blanches et celui qui a créé le réseau des "L'arbre à lettres" ). Donc nous n'avons pas regretté l'investissement, qui n'est qu'une goutte d'eau dans le budget que nécessite la création d'une librairie (dans notre cas, plus de 150 000 ).
Franchement, je te le conseille. Si tu peux être pris, car ils étudient les candidatures sur dossier, tes 1260 seront largement amortis : à défaut, tu feras des erreurs de gestion qui te coûteront bien plus que ça. Pas que ce soit la panacée, bien sûr. On n'apprend pas le métier de libraire en 9 jours de stage. Mais ça t'en donnera un assez bon aperçu des problématiques.
Citation : Avec une librairie généraliste on doit toucher forcement plus de monde, mais avec une surface « moyenne » et avec toutes les nouveautés qui sortent chaque mois, difficile de dimensionner chaque rayon : tant de références pour le S.F, tant pour le polar
|
Bien sûr. On passe son temps à jongler. Mais au bout de quelques mois, on devient apte à adapter son offre à la demande. Car c'est bien évidemment la clientèle qui va déterminer la place que tu peux te permettre d'offrir à chaque rayon. Il y a bien sûr une éternelle question type l'oeuf et la poule : si l'un de tes rayons est peu développé, ses amateurs ne viendront pas, ce qui peut conforter à tort dans l'idée que c'est un rayon qui ne peut marcher. Mais inversement, si l'un de tes rayons est bien fourni et que malgré ça les ventes sont maigres, alors il faut réduire. On ne peut guère procéder que par tâtonnements, en étant à l'écoute de ses clients. Et c'est évidemment la 1ère année qui est la plus délicate.
Citation : Ce qui métonne le plus, cest que je nai rien pu trouver sur la vie quotidienne dun libraire, à part les grandes lignes (réception des livres, mis en rayon
). |
C'est vrai, c'est un métier mal documenté. Le bouquin d'Ollendorf cité par Tristou plus haut est le meilleur, mais pour le reste, c'est l'expérience qui compte.
Citation : Pour quelquun qui nest pas du métier il nest pas évident de se rendre compte à quel point cest un métier qui demande énormément de travail ! |
C'est clair ! Surtout la 1ère année d'ouverture, c'est l'enfer. On a mis un an à monter le projet à 3, et l'on est maintenant ouverts depuis 6 mois (le 3ème associé a gardé son job).
Citation : Est-ce que pour toi, linformatique ta aidé dans ton travail quotidien (gestion du stock, passage des commandes, gestion des retours
) ? |
Plus qu'aidé : il serait carrément impensable aujourd'hui d'ouvrir une librairie sans un logiciel de gestion spécialisé. Compte au moins 3000 pour la partie logicielle, car les progiciels coûtent très cher. On a fixé notre choix sur IPréface, mais il y en a plusieurs. Ce qui te sera indispensable est une connexion et un abonnement au FEL (Fichier Exhaustif du Livre). Electre coûte beaucoup trop cher pour une petite librairie.
Citation : Jai déjà planché sur le Business plan (étude des concurrents, emplacement, zone de chalandise
) mais la partie financière me pose beaucoup de problèmes. |
Si ça peut te donner un repère, pour notre librairie de 60 m² avec deux salariés au SMIC, il nous faut faire 1000 de CA/jour avec 6 jours d'ouverture/semaine. On ne les atteint d'ailleurs pas encore, loin de là, on est à peine à la moitié. Donc nous vivons en partie sur le capital de départ. Bien entendu, ce n'est qu'un repère, puisque c'est fonction des frais généraux.
Citation : Oula ! Pour une personne c'est impossible alors ?? Moi qui voulais que ma compagne continue son travail pour avoir au moins un salaire fixe chaque mois... |
Impossible, sans doute pas, mais difficile, oui. Prépare-toi à des journées de 12 heures 6 jours par semaine. Ceci dit, la superficie ne fait pas tout : c'est plutôt le nombre de références qui va compter, et bien sûr l'activité. Prépare-toi dans tous les cas une solution de secours au cas où tu serais malade. C'est con à dire, mais choper une bête maladie qui te fout au lit pendant 3 jours, ça peut arriver. Or il est impossible de fermer un commerce sous peine de couler : "ze show must go on", comme on dit.
Citation : J'ai vu qu'il existait une société qui permettait de réduire les frais de transport vers la province (PRISME), en regroupant les commandes passées chez tous les diffuseurs. |
Toutafé. Je ne sais pas grand chose de Prisme, puisque nous sommes à Paris, mais je pense que c'est un partenaire obligatoire. De notre côté, nous utilisons un services de courses spécialisé (Courses Livres) qui nous coûte dans les 300 /mois tout compris.
Citation : En lisant ton post, je me demande si tu fonctionnes en office ? Est-ce un fonctionnement intéressant, pas trop lourd à gérer ? |
Nous fonctionnons en office traditionnel avec la Sodis, faute d'avoir pu négocier mieux. Nous renégocierons à la fin de notre 1ère année. C'est très lourd, puisque nous recevons des tonnes de bouquins non désirés, que nous ne voulons parfois même pas mettre en vente. Par contre, le retour est possible dès 30 jours, c'est au moins ça.
Avec les autres "grands" (Hachette, Volumen, Interforum, Union Distribution...), nous avons pu négocier des "offices notés". Ce qui veut dire que nous prenons obligatoirement une certaine quantité de titres, mais les choisissons nous-mêmes sur bon de commande ou avec un représentant.
Enfin, nous n'avons pas d'office chez les plus petits (Vilo, Harmonia Mundi etc.).
Il te faudra négocier au cas par cas les ouvertures de comptes, avec ce que ça implique comme commande initiale (ce que l'on appelle la commande d'implantation), comme remise, office etc. Evidemment, plus tu as de poids et de crédibilité, plus tu peux peser dans les négociations.
Citation : Je voulais aussi savoir si ta librairie avait un site Internet, pour se faire connaître, mettre ton catalogue en ligne ? |
Un site, oui, mais pour l'instant juste "vitrine", pour bloquer le nom de domaine et exister : La Plume Vagabonde. Je vais le développer d'ici quelques semaines, pour y publier notre calendrier d'animations, mais jusqu'ici je n'avais pas eu le temps. On a une newsletter rudimentaire, toujours pour les animations, et c'est à peu près tout.
Catalogue, vente en ligne : non, aucun intérêt pour nous. Nous sommes un commerce de proximité, il y a des librairies partout à Paris, donc le rapport sur investissement temps de travail/CA serait catastrophique. Par contre, nous allons développer l'année prochaine un petit rayon disques spécialisé. Là ça vaudra le coup, puisque ce rayon concernera des gens un peu partout en France, avec des références difficiles à trouver ailleurs, des imports japonais et US etc. Donc le site s'imposera.
Citation : Pour moi jespère bien que ça ne restera pas quun rêve. En tous cas je ferais tout pour !! |
Je te le souhaite de tout coeur !
Citation : Ca fait beaucoup de questions tout ça !!! |
No problemo. Les libraires se considèrent entre eux bien plus comme des confrères que comme des concurrents. C'est un milieu où règne globalement une bonne atmosphère, d'entraide et de cordialité.
Marsh Posté le 13-11-2006 à 16:27:48
J'ai une petite question qui va rompre le dialogue très intéressant entre steph4012 et BoraBora... Excusez moi.
Je viens de terminer mes études en métiers du livre et je cherche un boulot de libraire sur Paris. J'aurais voulu savoir s'il vaut mieux envoyer CV+ lettre de motivation aux librairies ou se déplacer pour donner son CV (et dans ce cas là, lettre de motivation ou pas?). J'imagine bien qu'il n'y a pas de généralité, mais bon... Donnez moi votre avis.
Marsh Posté le 14-11-2006 à 11:52:47
SaLaDine a écrit : J'aurais voulu savoir s'il vaut mieux envoyer CV+ lettre de motivation aux librairies ou se déplacer pour donner son CV (et dans ce cas là, lettre de motivation ou pas?). J'imagine bien qu'il n'y a pas de généralité, mais bon... Donnez moi votre avis. |
A priori, je dirais qu'il est préférable de passer. A condition de le faire aux heures calmes (fin de matinée, ou 14H-16H), bien sûr.
Marsh Posté le 14-11-2006 à 12:00:31
Merci pour cette réponse.
C'est ce que je comptais faire Par contre je voulais passer le samedi après midi
Attention libraires parisiens, j'arrive.
Marsh Posté le 14-11-2006 à 21:01:07
SaLaDine a écrit : Attention libraires parisiens, j'arrive. |
Vu tout ce que j'ai déjà dit plus haut, je pense qu'il est inutile de préciser que la notre n'embauche pas et n'est hélas pas près de le faire. Mais si tu viens dans le quartier (qui est riche en librairies), passe dire bonjour !
Marsh Posté le 15-11-2006 à 11:23:56
J'ai bien lu le sujet (parce qu'ils sont rares les bons sujets sur les libraires/librairies sur le net), et j'avais bien compris que la tienne n'embauchait pas
Si par contre, d'autres embauchent... Je suis bien là.
Marsh Posté le 16-11-2006 à 09:30:28
Hello les libraires !
Bon pour le moment statu-quo, plein de demandes, plein de refus mais bon j'ai l'espoir qu'il y en ait unqui me contacte ou que je sois embauché pour les fêtes, même si c'est à la FNAC
Marsh Posté le 13-01-2007 à 23:22:49
Un p'tit up pour une nouvelle qui devrait intéresser ceux du métier : la FNAC va cesser d'aplliquer systématiquement les 5% légaux et les réserver à ses adhérents et aux acheteurs sur le net. On peut facilement imaginer qu'ils ne vont pas s'en vanter...
Marsh Posté le 07-02-2007 à 01:55:32
Ca va encore plus creuser l'écart avec les autres librairies en ligne (sauf Amazon évidamment )
Marsh Posté le 10-02-2007 à 01:09:06
Tristou a écrit : Ca va encore plus creuser l'écart avec les autres librairies en ligne (sauf Amazon évidamment ) |
Boh, la FNAC et Amazon n'ont de toute façon déjà aucune concurrence sur leur terrain, donc ça ne changera pas grand chose. Les seules libraires en ligne qui marchent sont très spécialisés et leurs clients se fichent un peu d'avoir 5% ou pas.
Quoi de neuf dans ta recherche d'emploi ? Tu as trouvé au moins un peu de boulot pendant les fêtes ?
Marsh Posté le 14-02-2007 à 15:42:13
Même pas, je cherche encore. Enfin là disons qu eje vais relancer les entreprises que j'ai contacté au début de ma recherche d'emploi et me focaliser sur la grande distribution et les bouquineries (le rêve ça serait de dé"buter dan sune petite libraire toute tranquille pour le coté conseil ça serait royale )
Marsh Posté le 20-02-2007 à 09:19:22
Bonjour,
je poste ici quelques extraits d'une conversation que j'ai eue en privé avec BoraBora, et qui sont susceptibles d'interesser d'autres internautes.
- On gagne une misère : c'est vrai, hélas. Atteindre plus de 2000 brut est déjà un beau challenge.
- Pas Un métier d'avenir : beaucoup moins vrai. Le net n'est pas vraiment une concurrence pour le libraire indépendant, qui est un commerce de proximité. Donc oui, à mon sens, ça vaut toujours la peine de le faire (d'ailleurs, on l'a fait ). Ca vaudrait la peine de détailler toutes les raisons qui font que le net est peu dangereux pour la librairie indépendante. Si j'en ai le temps, je le ferai sur le topic. En vrac : le prix unique, la clientèle qui est à l'opposé des nerds (eux-mêmes finalement minoritaires dans la population, même si leur concentration sur des forums comme H-FR peut parfois laisser penser le contraire), besoin de toucher, manipuler les bouquins, d'être conseillé par quelqu'un avec qui l'on a une vraie relation, etc. Sans compter que fouiner dans un rayon est le moyen le plus rapide de trouver un livre intéressant.
- Combien ça coûte : très variable, bien sûr. Dans notre cas, un peu plus de 200 000 pour une librairie de 60 m² avec l'ambition de faire vivre 2 personnes (monter et gérer une librairie seul est trop casse-gueule). D'ici 3 ans, on espère prendre un 3ème associé actif. Après, ce sera tout puisque notre superficie ne nous permettrait pas de faire vivre une 4ème personne. Mais il s'agit d'une librairie parisienne et les coûts de départ en province peuvent être très inférieurs. Une reprise peut aussi être bien plus avantageuse. Je pense néanmoins qu'au-dessous de 100 000 ça doit être très dur. A moins peut-être de reprendre une boutique en perte de vitesse pour pas très cher et la redynamiser.
Est ce que vous essayez d'organiser des evenements pour attirer du monde chez vous ( par exemple des signatures ) et fideliser la clientèle ?
Oui, on en fait un à deux par mois. Le dernier était vendredi, avec une jeune romancière très sympathique qui a écrit un bouquin sur le chemin de croix d'un doctorant. Très caustique, un peu à la Lodge. Mercredi en 8, nous faisons une soirée "médias et politique". On reçoit Brice Teinturier, directeur adjoint de la SOFRES, et Michel Field (que l'on ne présente plus ), et qui animera le débat.
Vous etes une librairie généraliste ou spécialisée ?
Généraliste, mais en faisant l'impasse sur quelques rayons qui ne nous intéressent pas et/ou pour lesquels il existe des confrères plus compétents ou spécialisés que nous pas bien loin : travaux manuels, informatique, BD ado, architecture, design... On a par contre quelques rayons spécialement développés, parce qu'ils correspondent à ce que nous aimons et savons vendre : littérature étrangère, voyages, musique, politique (gauche anti-libérale), bientôt théâtre.
Combien d'heures travaillez vous par jour/semaine ?
Très variable, mais en moyenne les mois normaux, environ 40 à 45 heures. En janvier, on a fait nettement moins, puisque l'activité était réduite et que l'on pouvait se permettre de faire des roulements. En décembre, on a bien sûr fait beaucoup plus. A partir de jeudi ma collègue part pour 6 jours, et je vais donc faire une semaine de 60 heures. Mais ça reste exceptionnel.
Est ce que vous avez obtenu vos prets facilement ? vous aviez un apport personnel ?
Oui et oui. Mais nous avions un énorme apport personnel (150 000 ) et avons demandé seulement 50 000 de prêt, qui ont été cautionnés sur le patrimoine de l'actionnaire principal (qui ne travaille pas dans la boutique mais a gardé son poste à l'INC, et qui est très riche.). Il a ensuite rajouté 20 000 sur compte courant.
Bref, niveau financier, nous étions dans une position assez idéale, grâce à cet associé (d'ailleurs plus proche du mécène que de l'associé ). Il est hélas assez rare d'avoir cette chance.
Est ce que vous pensez qu'un stage de 6 semaines permet de se rendre suffisament compte de la réalité du metier ?
Je pense, oui. Une bonne formation de 2 semaines comme celle qu'a suivie ma collègue, plus quelques semaines en librairie sur le tas, ça peut le faire. Après, tout dépend de la qualité du stage en librairie. Les employeurs ont une fâcheuse tendance à utiliser les stagiaires pour faire des tâches sans intérêt que personne n'a le temps de faire le reste de l'année (genre ranger les catalogues...).
Est ce que le fait de ne pas etre soi meme un gros lecteur est un frein ?
Globalement, oui. On vend bien ce qu'on connaît, et plus on en connaît plus on vend. Le fait d'être de bon conseil est aussi un facteur de fidélisation. Et par "bon conseil", j'entends être capable de conseiller autre chose que le dernier livre dont tout le monde parle, et qui se vendra de toute façon (dans le genre, ni ma collègue ni moi n'avons eu envie de lire "Les bienveillantes", et aucun client ne nous en a tenu rigueur). Lire un livre par semaine me semble un minimum, hors BD. Après, tout dépend du type de librairie...
Merci à BoraBora pour sa gentillesse et ses bons conseils
Marsh Posté le 21-02-2007 à 19:19:37
Et oui c'est la dure réalité de la librairie : un travail physique pénible ("convoyer des cartons, rangers, les livres, rester en station debout), travaillr relativement pour la gloire et j'en passe
Mais c'est clair que la weblibrairie est pas une menace, ils sont assez forts pour se tirer dessus entre eux
Marsh Posté le 21-06-2006 à 14:19:57
Après recherche, un topic sur ce thème a été trouvé mais est bien incomplet (et son auteur a été supprimé aussi). J'ai donc obtenu l'accord d'un modo pour en refaire un de meilleure qualité.
LE TOPIC DES LIBRAIRES
Qu'est-ce qu'un libraire ?
[...] Il reçoit les représentants des maisons d'éditions afin de prendre connaissance des nouveautés à venir et de les commander en conséquence (environ 2000 à 3000 nouveautés par mois). Puis le libraire réceptionne les nouveautés (insertions des fiches correspondantes dans le logiciel de gestion du magasin), et rangement dans le magasin (présentation sur table, vitrines, mises en avant, ...). Il conseille et renseigne le client pour qu'il trouve le livre qu'il cherche mais peut aussi lui faire découvrir de nouveaux auteurs ... [...]
Il ne faut cependant pas oublier que ce métier est avant tout la gestion d'un commerce et qu'il ne s'agit pas uniquement d'un métier où l'on vend des livres : il faut gérer son entreprise et son stock avec rigueur.
Formations
- le DUT Information et communication, option « Métiers du livre », cursus en deux ans qui peut être suivi d'une licence librairie (un an). Il permet d'accéder à des emplois de responsable de rayon ou de département dans une librairie (générale ou spécialisée) mais aussi de créer sa propre entreprise ;
- le CAP employé de librairie-papeterie-presse, formation pratique en deux ans qui allie des cours (gestion des stocks, stratégie commerciale, informatique, comptabilité, etc.) et des stages pratiques ;
- le brevet professionnel libraire est une formation en deux années qui est accessible aux titulaires d'un bac +2 ou après cinq ans d'expérience professionnel. Il mène à des emplois de responsable d'un ou plusieurs rayons ou d'animateur d'une équipe de vente.
- on compte aussi les forlmations dispensés par l'INFL (Institut national de formation à la librairie), ex ASFODEL
- ...
Bibliolinks
+ Définition de Wikipédia du métier de libraire
+ Définition de Wikipédia de la librairie
+ Site du syndicat de la librairie française
+ Complément d'informations à télécharger
Note : si vous avez des sites à proposer pour illustrer, envoyez moi un MP avec le lien
Bibliographie
+ ASFODEL, « Le métier de libraire, édition mise à jour », Paris, Éditions du cercle de la librairie, 1995, 339 pages
+ Chaumard, Fabien, « Le commerce du livre en France : entre économie et culture. », Paris, L'Harmattan, 1998, 222 pages
+ Leblanc, Frédérique, « Libraire : un métier », Paris, l'Harmattan, 1998, 313 pages
+ Ollendorf Michel, « Le métier de libraire, tome 1 : la gestion des stocks », INFL, Paris, Éditions du cercle de la librairie, 2004, 140 pages
+Ollendorf Michel, "Le métier de libraire, tome 2", INFL, Paris, Editions du Cercle de la librairie. (enfin sorti )
But du topic
- recenser les libraires du forum Hardware.fr (et indication dans le premier post) : présenter sa librairie (ou celle où l'on travaille) et ses spécificités
- discuter de la profession : évolutions, réfléxions, nouveautés...
- conseiller les futurs professionnels
- formations nécéssaires pour exercer le métier (DUT, CAP, etc) : répondre aux questions
Les (futurs) libraires d'HFR
- Tristou (plus libraire pour le moment - c'est la crise)
- BoraBora (librairie - La plume vagabonde)
- Walter_Sobchak
- Fouquet
- SaLaDine
- Obut77
- chococerise ( vendeuse livre - espace culturel Leclerc)
- ...
Message édité par Tristou le 14-12-2010 à 02:39:14
---------------
"About your cat Mr. Schrödinger : I have good news and bad news"