Bonjour,  
 
Je manque beaucoup d'expérience dans le domaine de la télécommunication, et plus je cherche à me renseigner, plus je m'y perd.
J'ai cru comprendre qu'avec Hadopi, le P2P devenait illégal.
 
Pourtant en regardant de plus près, le p2p n'est que le fait que chacun est un client et serveur à la fois.
Si l'état veut bloquer ca, comment veulent-ils faire? lorsque je regarde une vidéo sur Youtube, c'est bien un flux vidéo que je recois du serveur de Youtube (en France je suppose?) à celui de mon routeur (le tout passe par le port 80 de ma page web donc?).
Le tout étant passé par les réseaux de "l'OVH" de Youtube à des réseaux controlés par France Télécom (si j'ai bien suivis) jusqu'à un relais de Free qui me file la vidéo? (un fichier en TCP/IP donc?)
 
Lorsque les opérateur disent qu'ils filtrent le p2p, je suppose qu'ils parlent juste de tout ce qui passe par des ports non-standards (comprendre les port 80 pour les pages webs, 21 pour le ftp, etc...)
 
Plusieurs questions viennent à moi :

• Premièrement, si je télécharge mon fichier illégal (disont Adèle-blanc-sec de Luc Besson qui vient de sortir) sur le port 80, comment mon FAI pourra bloquer ca?
• Si je chiffre en plus mon contenu, comme par exemple Skype fait pour eviter que nos télécommunications soient sur écoute (enfin je suppose que c'est fait pour, et si ca utilise bien le p2p, je suis en ligne direct avec mon interlocuteur sur mon port spécifié de VOiP (le 80 pour skype ou 443 qui est le https), ca revient au même et je passe une fois de plus à travers leurs mailles de filet...?

Bref j'ai un peu de mal à cerner, surtout que j'ai entendu une rumeur qui veut que Free a déjà commencé à bloquer tout traffic en dehors des ports standards lors des heures de pointes.
 
Merci d'avance si vous avez 2-3 explications ou liens qui m'aideraient à mieux cerner le coté protocole.
Paul.

Le P2P se détache justement du principe client/serveur que tu mentionnes.
 
Dans le P2P, il n'y a pas de client défini, ni de serveur défini.
Chaque utilisateur est les deux à la fois et se connecte à autant d'utilisateurs P2P que de connectés qui peuvent répondre à sa demande.
 
Voilà pourquoi il est très difficile aux autorités de stopper l'échange de données soumises à droits d'auteurs par l'intermédiaire des réseaux P2P.
Il faudrait stopper tout les matériels qui partagent ces données, c'est à dire tout les ordinateurs de tout les utilisateurs.
C'est techniquement, légalement, humainement impossible.
 
Les autorités se concentrent donc sur deux choses :
- la peur du gendarme à coup d'annonces médiatiques qui prédisent le pire si tu tentes de télécharger illégalement.
- la pression sur les FAI afin qu'ils filtrent autant que possible les connexions entre les utilisateurs.
 
Mais filtrer les connexions pose plusieurs problèmes :
- on peut empêcher des échanges tout à fait légaux. Le P2P est un principe technique qui n'est pas illégal par essence. La détention de certaines données peut par contre être illégale.
- le FAI prend le risque que son client aille chez le concurrent qui lui ne filtre pas ou est moins restrictif.
- le volume des données à filtrer doit imposer d'énormes investissements.
- on a toujours un train de retard sur les contres mesures visant à outrepasser les limitations. Les pirates sont particulièrement imaginatifs et bons techniquement.

Quelques remarques pour compléter la réponse ci dessus
 
- Le principe des communications P2P existe depuis très longtemps (un domaine de routage est un échange de flux contenant des routes d'une manière décentralisée)
 
- En général avant de passer dans un mode de communication décentralisé tu passes au moins au début par un mode centralisé pour trouver tes pairs (exemple : le tracker en bitorrent)
 
- Aujourd'hui il existe de plus en plus de produits qui permettent une véritable reconnaissance de l'applicatif (youtube vs emule vs n'importe quelle appli web dans le port 80) et pas seulement du port. Ces produits attaquent les marchés aussi bien entreprises qu'opérateurs, avec plein de fonctionnalités de reporting et d'archivage qui rendent la chose vraiment interessante
 
- Si c'est chiffré ça devient très compliqué : il est possible de décrypter des sessions SSL à la volée mais avec certaines contraintes qui font que cela n'est applicable qu'en entreprise et pas sur des réseaux publics (et même en entreprise il y a des restrictions techniques)
 
 
Si les lois HADOPI et compagnie sont "compréhensibles" et applicables en théorie, dans la pratique outre les difficultés techniques (qui sont surmontables) cela induirait des coûts d'infrastructures et d'exploitation assez importants de mon point de vue.

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