Ecologie et informatique : 30 ans de perdus ? - Actualité - Discussions
Marsh Posté le 17-02-2007 à 18:06:58
ReplyMarsh Posté le 17-02-2007 à 18:29:38
Moi je suis pour la fin de l'espece humain de toute façon, rien que de l'avoir décidé, ça me fait l'ecrire, ça vous le fait lire, .... devenir trop tard
Marsh Posté le 17-02-2007 à 18:31:47
Ah woai, quant même, petit antidote, .... j'espèure voir nètre une espèce sur-humaine.
Merci.
Marsh Posté le 17-02-2007 à 18:34:32
"La situation change à partir de la fin des années 1970..."
Moui, mais je n'y crois pas trop...
A vrai dire, il y aurait plus de cause à effet vers les années 80.
Marsh Posté le 17-02-2007 à 19:07:51
Evilokin a écrit : Serieusement, tu crois qu'on va tout lire là ? |
+1.
Sinon depuis recemment, contrairement à mes collègues j'éteins mon poste de travail tous les soirs au lieu de fermer uniquement la session Windows.
Marsh Posté le 17-02-2007 à 19:17:16
L'uranium n'est pas épuisé en France. Mais comme pour beaucoup de nos ressources, elles dormiront tant que ça sera meilleur marché dans le pays d'à côté.
Marsh Posté le 17-02-2007 à 19:28:27
Pouet.
http://forum.01men.com/01men/libre [...] ges-1.html
Marsh Posté le 19-02-2007 à 12:50:31
A celleux qui trouvent le texte trop long à lire :
Sans les notes qu'on peut lire dans un second temps, le texte représente 3 pages A4. Ca représente vraiment peu de temps de lecture, surtout comparé au travail nécessaire pour avoir pu l'écrire dans un style simple.
Je précise que je suis l'auteur de ce texte. Il a circulé chez tous les salariés de ma SSII dont je fais également parti. Beaucoup ont pris le temps de le lire entièrement.
A HotShot :
C'est un détail pour le texte, mais tu avais une source confirmant ce que tu dis pour les réserves d'uranium françaises... ça m'intéresse.
Marsh Posté le 19-02-2007 à 13:01:43
Source: BRGM + un peu de terrain...
Au sein du triangle atomique français, il reste énormément d'indices uranifères qui n'ont pas fait l'objet d'une prospection et récupération systématique.
Par exemple: dans la région de Château-Chinon récemment, où l'on s'est cantonné à du ciel ouvert ; ou encore en Languedoc où la dernière exploitation a fermé en 2004-2005 pour des raisons de rentabilité (-> exploitation en carrière puis souterraine).
Comme pour pas mal de minerais (amiante, fluor...) la ressource est là, parfois en quantités énormes, mais invendable... Bien sûr il y aura toujours des besoins d'importation, pour tous les minéraux rares, style columbite-tantalite, terres rares, etc.
Marsh Posté le 19-02-2007 à 13:05:49
Le gismement de Glomel n'a pas encore été entamé parce que les gens du coin ont pu l'empêcher, par exemple.
Sûr que de l'uranium, il en reste.
Importer de l'uranium permet sans doute aussi de ne pas avoir à faire face aux problèmes posés par l'extraction du minerai...
Marsh Posté le 19-02-2007 à 13:07:37
munich_madness a écrit : A celleux qui trouvent le texte trop long à lire : |
Oui, pour s'adapter à un public certainement trop bête pour comprendre.
Marsh Posté le 19-02-2007 à 13:09:09
power600 a écrit : Le gismement de Glomel n'a pas encore été entamé parce que les gens du coin ont pu l'empêcher, par exemple. |
Ben ouais, c'est comme le charbon : si les mines françaises ont fermé, c'est moins par épuisement que par concurrence du pétrole (moins cher, plus pratique, moins 'sale' localement et globalement). S'pas un hasard si un gros indice houiller, connu depuis des lustres dans la Nièvre, va être mis en exploitation prochainement... mais effectivement, en dépit de toutes les inquiétudes concernant l'approvisionnement et le prix du pétrole, c'est pas encore gagné vu l'opinion publique...
Marsh Posté le 19-02-2007 à 13:10:17
"Qui pourra alimenter des débats publics où l'informatique serait enfin mise à l'épreuve de se justifier, autrement qu'économiquement, et éclairée quant à ses fonctions et finalités ? "
Oui, en arrivant à faire comprendre aux programmeurs que ce n'est pas en faisant des logiciels tels des usines à gaz complexifiant encore plus les taches, (alors que l'informatique, a été conçue pour simplifier les taches des agents, à la base, non ?) demandant encore plus de temps de personnel en formation, en plantage, en dépannage, en formation du personnel sur des logiciels délirément complexes, donc provoquant d'autant plus de dépense de temps et d'énergie.
En éteignant les écrans des ordinateurs dans les sociétés la nuit. Le nombre d'écrans allumés sur les écrans de veille quand on passe dans la rue le soir quand on regarde par les fenetres des bureaux est hallucinant.
Et non ce texte n'est pas trop long.
S'il vous semble trop long c'est que vous ne devez pas lire souvent un livre.
Qu'est ce que ça doit être si on vous demande de lire un livre de 200 Pages, ils vous faut 10 ans pour le finir alors.
Marsh Posté le 19-02-2007 à 13:12:38
halman a écrit : "Qui pourra alimenter des débats publics où l'informatique serait enfin mise à l'épreuve de se justifier, autrement qu'économiquement, et éclairée quant à ses fonctions et finalités ? " |
Se justifier devant des inepties pareilles, non, c'est pas demain que ça arrivera.
Marsh Posté le 19-02-2007 à 13:13:27
halman a écrit : " |
En même temps un court extrait du texte et un lien vers la source auraient fait l'affaire. les forums ne sont justement pas des livres.
Marsh Posté le 19-02-2007 à 13:14:40
power600 a écrit : En même temps un court extrait du texte et un lien vers la source auraient fait l'affaire. les forums ne sont justement pas des livres. |
Pas besoin en fait. Ce texte n'invente rien, il ne fait que compiler les différents poncifs qu'on nous sort depuis... 30 ans.
En les simplifiant bien sûr, un informaticien n'étant pas très futé.
Marsh Posté le 19-02-2007 à 13:17:32
Prems a écrit : Pas besoin en fait. Ce texte n'invente rien, il ne fait que compiler les différents poncifs qu'on nous sort depuis... 30 ans. |
Je vois pas le rapport.
C'est ton avis mais d'autres y trouveront une part de vérité. Là n'est pas le problème, je vois pas en quoi ça l'empêcherait de faire court extrait + lien vers la source.
Faut vous décrisper un peu, vous deux...Je vous prête ma signature si vous voulez
Marsh Posté le 19-02-2007 à 13:30:40
Citation : |
C'est la meilleure partie je trouve. Mais pourquoi a-t-on inventé l'électricité, d'ailleurs ?
Marsh Posté le 19-02-2007 à 19:18:58
halman a écrit : Oui, en arrivant à faire comprendre aux programmeurs que ce n'est pas en faisant des logiciels tels des usines à gaz complexifiant encore plus les taches, (alors que l'informatique, a été conçue pour simplifier les taches des agents, à la base, non ?) demandant encore plus de temps de personnel en formation, en plantage, en dépannage, en formation du personnel sur des logiciels délirément complexes, donc provoquant d'autant plus de dépense de temps et d'énergie. |
Oui je suis bien d'accord.
Mais j'ajouterais que : même quand les logiciels sont fiables, on peut se poser la question de leur utilité sociale, de leur finalité... Y a-t-il un pilote dans l'avion ? Il y a de quoi se poser la question puisque mon PDG m'a répondu après lecture de ce texte, qu'on n'y pouvait rien. Et ce, sans même avoir tenté de défendre l'utilité sociale, malgré tout, de son gagne-pain. Alors on continue ?
Visiblement c'est la question qui tue, puisque sur un autre forum, j'avais placé mon texte dans la rubrique emploi avec en titre "Voulez-vous vraiment travailler dans l'informatique?", et qu'on a jugé bon de le déplacer vers une autre rubrique.
Je ne suis pas là pour culpabiliser ou inférioriser les informaticiens. J'en suis moi-même.
J'ai simplement réalisé que ma formation d'informaticien (3 ans écoles d'ingé en informatique) était hyper-spécialisée, adaptée aux besoins de l'industrie ça oui, de la sous-traitance en SSII fort bien aussi. Mais beaucoup moins à mes propres besoins.
Car je n'ai que faire des gains de productivités donnés à des utilisateurs que je ne connaîtrai jamais (puisque je passe de projet en projet).
Les utilisateurs sont des salariés comme moi. Le temps éventuellement dégagé par ces gains de productivité ne sert qu'à dégager du temps pour d'autres tâches. Le travail n'en est alors pas plus gratifiant. Il est simplement plus intense, plus dense, plus stressant.
A mon sens, il serait plus sage de carrément désinformatiser certaines tâches, plutôt que se s'entêter à tout "intégrer", et à informatiser ce qui résiste encore un peu à l'être.
Le cas le plus flagrant est celui des flux tendus. Ce style de gestion fait exploser les distances de transports, essentiellement routiers. Mais le prix du pétrole élevé va très vraisemblablement conduire à un retour vers des organisations moins "stressantes" (pour les humains, comme pour le matériel).
Seulement l'informatisation ne sert pas qu'à gagner du temps, mais aussi à pister l'activité des salariés. Puisque la majeure partie de nos activité se déroulent aujourd'hui par informatique, que ce soit dans le travail ou dans la vie privée, ce n'est visiblement pas la technicité qui manque. Mais au contraire qu'il y a bien trop de technicité et bien peu de prudence.
Marsh Posté le 19-02-2007 à 20:09:32
Prems a écrit : Se justifier devant des inepties pareilles, non, c'est pas demain que ça arrivera. |
Vas bosser sur les logs des hostos, tu verra si c'est des inepties.
Le log pour la carte vitale, il faut cliquer 8 fois sur ok rien que pour lire les infos de la carte, re 8 fois pour les imprimer, et re 8 fois pour passer à une autre carte.
T'en veux d'autres ?
Il sont tous foutus comme ça les logs de l'administration hospitaliere.
Marsh Posté le 19-02-2007 à 20:19:26
munich_madness a écrit : |
J'ai lu ce texte, il est excellent et montre bien comment cela fonctionne aussi dans notre administration.
On a besoin d'un logiciel qui fait ceci cela.
On nous largue une usine à gaz qui ne fait pas la moitié des taches du cahiers des charges, et encore, il faut voir comme.
Il y a d'excellents logiciels dans un hopital voisin, au point, éprouvés depuis des mois, mais non, on dépense un fric fou pour se fabriquer une daube inutilisable maison commandée à une boite privée quelconque.
Résultat, le travail "informatisé" avec ces logiciels prend encore plus de temps que s'il ne l'était pas, les fonctions et l'egornomie du truc étant pour plus de la moitié inutilisables, voire carément non implémentées même sur la version prod achetée et définitive.
Marsh Posté le 26-02-2007 à 17:09:40
A celles et ceux qui s'intéressent à la critique sociale de l'informatique, il existe Le Presta', une petite gazette bien rafraîchissante :
http://lepresta.ouvaton.org
Contributions bienvenues.
Marsh Posté le 26-02-2007 à 17:16:54
Une avancée interessante, un super processeur qui ne consomme que quelques watts.
http://www.futura-sciences.com/new [...] _10426.php
Marsh Posté le 16-02-2007 à 17:32:56
Ecologie et informatique : 30 ans de perdus ?
Il est difficile, aujourd'hui, d'ignorer les effets de notre consommation sur l'environnement. Quelle peut être notre contribution personnelle, ou collective, au développement durable ? Et avant cela, pouvons-nous comprendre le rôle exact de nos actes en tant que consommateur, et mais aussi en tant que travailleur du secteur informatique ? Le texte qui suit vise à répondre à ces deux questions.
*
Au quotidien, nous vivons en ville, confortablement, et donc largement coupés de ce qui se joue quant aux écosystèmes. Quand nous prenons notre voiture pour aller travailler, nous consommons pourtant des énergies fossiles, non renouvelables. Quand nous prenons le métro, nous consommons de l'électricité produite à partir d'uranium, ressource également non renouvelable (et l'uranium du sol français étant épuisé, il est désormais importé de par le monde). Lorsque nous mangeons à la pause de midi, nous consommons également de l'énergie fossile, celle nécessaire à fabriquer les intrants chimiques de l'agriculture, à faire rouler ses tracteurs et les camions livrant aux citadins leur nourriture, le plus souvent préparée par l'industrie agroalimentaire qui, elle-même, ...
Bref, nous vivons quotidiennement sur un "capital" énergétique qui s'amenuise. Et cela tandis que l'autre "capital" (celui qui est dans notre porte-monnaie et qui donne le droit de consommer ces ressources d'énergies non renouvelables), lui, continue à se concentrer, en se déplaçant toujours plus vite grâce aux réseaux informatiques et à l'ingénierie financière [1]. C'est pourquoi, au moment du pic pétrolier qui se produira bientôt [2], moment où les prix flamberont parce que la production stagnera alors que les "besoins" de consommation continueront à augmenter, les moins dotés en argent seront les premiers touchés.
D'un point de vue macroscopique, on dispose aussi d'un indicateur numérique qui peut frapper l'imagination : l'empreinte écologique. L'empreinte écologique ramène à une surface (biologiquement productive) la consommation d'un individu et l'absorption de ses déchets [3]. Par exemple, manger de la viande tous les jours, cela implique de disposer d'une surface agricole plus importante qu'une consommation de légumes. Si ces ressources biologiques étaient équitablement réparties sur l'ensemble de la planète, chaque individu devrait avoir une empreinte égale à 1,8 hectare environ. Or, en France cette empreinte est de 5,8 hectare. Ce qui indique que, quotidiennement, la France s'accapare l'équivalent de deux autres Frances pour assurer le mode de vie de ses habitants. Ou, pour le dire autrement, la généralisation du mode de vie des français demanderait de disposer de trois planètes. L'argent permet en effet d'acheter des ressources biologiques ou minières situées en dehors de notre territoire : de la nourriture pour le bétail [4], du coltan pour les puces des téléphones portables [5], de l'uranium pour les centrales nucléaires [6], de la main d'oeuvre bon marché pour démanteler le matériel informatique obsolète [7].
Le dépassement des limites des écosystèmes du territoire français était vraisemblablement déjà dépassé dès le début des "Trente Glorieuses" [8], c'est-à-dire précisément à l'époque où le concept de "développement" a émergé [9]. Cela n'a pas empêché, depuis les années 1960 jusqu'à aujourd'hui, une croissance régulière de la consommation des ménages [10], du volume des marchandises transportées par la route [11], de la consommation d'électricité [12], de la consommation d'intrants chimiques dans l'agriculture (issus d'énergies fossiles)[13], etc. Chacun de ces postes de consommation est assez bien corrélé avec la croissance économique (croissance du PIB), et à l'idée du "développement" passant forcément par l'augmentation quantitative des marchandises produites, distribuées et vendues.
Notre contribution au "développement durable" est d'autant plus difficile à imaginer que c'est la mécanique du développement elle-même qui est la source des déséquilibres écologiques actuels. Ainsi, la courbe du PIB est aussi liée à celle de la croissance des déchets [14], conséquence de la croissance de la consommation des ménages, elle-même entraînant la croissance des transports essentiellement routiers, entraînant alors la croissance des émissions de CO2. Et l'augmentation des intrants chimiques entraînent l'épuisement des sols agricoles, demandant en retour encore plus d'intrants, ce qui, en dégradant la valeur nutritive des aliments [15] entraîne l'affaiblissement des systèmes immunitaires des personnes, et donc l'augmentation régulière des dépenses de santé. Plus globalement, l'ensemble de toutes les pollutions environnementales (métaux lourds, radioactivité, ondes électromagnétiques...) se combinent entre elles et entraînent l'apparition de maladies diverses, alors même que les pollutions unitaires se situent en dessous des seuils autorisés par les autorités [16].
Sur le plan des progrès techniques accomplis, on observe que l'amélioration des moteurs, de leur consommation et de leur émissions polluantes n'a pas diminué les nuisances environnementales (émission de CO2, etc.), car les baisses d'impact par voiture produite se trouvent systématiquement anéanties par la multiplication des voitures vendues. L'informatisation de la gestion logistique à partir des années 1980 n'a pas diminué le nombre total de tonnes-kilomètres transportés. L'augmentation de la productivité par travailleur agricole n'a pas amélioré la qualité nutritive des aliments... Tout se passe comme si les gains d'efficacité locaux réalisés ne servaient qu'à permettre la croissance globale de la consommation de marchandises et des dégradations environnementales liés à leur production, leur distribution et leur élimination.
A cet égard, il est intéressant de se pencher sur le rôle de l'informatisation, puisque ce domaine technique nous intéresse professionnellement. Avant la fin des années 1970, l'informatique joue un rôle très mineur dans le processus décrit plus haut. Seuls les fonds militaires, et particulièrement aux Etats-Unis, alimentent les progrès réalisés dans les performance des ordinateurs [17]. Dans les rares grosses entreprises disposant d'ordinateurs, les machines sont surdimensionnées par rapport à leur utilisation, et jouent surtout dans l'image de modernité que veulent se donner les entreprises. La situation change à partir de la fin des années 1970, à une époque qui correspond aussi à une reconfiguration générale des entreprises face aux consommateurs finaux. Dans la période précédente, les dites Trente Glorieuse, les ventes étaient assurées par la distribution d'un petit nombre de gammes de marchandises, produites en masse. La concurrence entre entreprises y est modérée. Mais peu à peu, les marchés sont saturés, les débouchés ne sont plus assurés, les succès de vente sont davantage éphémères. Certes, les techniques marketing existent déjà. Notons d'ailleurs que celles-ci ont été mises au point dans un contexte similaire de crise des débouchés, au sortir de la crise de 1929 [18]. Mais ces techniques nécessitent alors d'être mises en oeuvre avec autrement plus d'efficacité. Quand telle industrie consiste à produire en masse le même produit toute l'année, logistique, distribution, stocks et vente se gèrent sur "un coin de table", et dans des dossiers rangés dans des armoires. Mais quand la même entreprises diffuse n produits en flux tendu, les mains qui rangent et sortent les dossiers des armoires ne suivent plus la cadence.
Sans informatique, il serait aujourd'hui impossible pour les entreprises de satisfaire la demande de ces fameux consommateurs, ceux dont l'empreinte écologique est précisément 3, 4, voire 5 fois (pour les Etats-Unis) celle permise par les écosystèmes locaux. En effet, les principales caractéristiques de ces consommateurs, tant recherchés par toutes les entreprises, sont a) d'être très exigeants, b) de se lasser très facilement des dernières nouveautés. Et toutes les entreprises répondent à cette contrainte de la même façon : en renouvelant sans cesse les gammes de leurs produits, toujours plus nombreuses et ajustées à des segments de marchés toujours plus fins. Cela nécessite de coordonner rapidement toutes les fonctions de l'entreprise (à l'intérieur d'une même entreprise), dans une logique d'intégration des filières (entre plusieurs entreprises). L'aval (la distribution et la vente au consommateur final) doit contrôler l'amont du processus productif [19]. Notons que cette intégration n'a pas seulement nécessité d'informatiser la gestion des entreprises, mais aussi d'informatiser les places financières. Cette mobilité plus importante des capitaux a permis, pendant les années 1980, une restructuration des groupes industriels permettant un contrôle plus grand et plus souple entre entreprises, lesquelles deviennent plus petites, et clientes ou fournisseurs au sein d'un même groupe [20].
Réussir ces immenses transformations sans informatique... ce n'est même pas la peine d'y penser... Mais sans informatique, nous pouvons dire aussi que, en 2007, nous nous coltinerions les contraintes des années 1960, où par exemple la moitié de l'électricité consommée était hydraulique (donc renouvelable, au lieu des 13% dactuels), et où les flux tendus informatisés n'invalidaient pas encore le transport ferré, synonyme de grosses quantités à transporter à la fois, donc de stocks plus importants, et donc de pertes d'argent. Les problèmes seraient très difficile à résoudre, mais moins difficile qu'aujourd'hui.
Il est aussi exact que les problématiques écologiques actuelles étaient déjà posées pendant les années 1970 [21]. La gestion informatisée alors émergente a également fait l'objet de nombreuses disputes publiques [22]. Mais il faut croire que bien des aspects historiques de notre société industrielle sont laissés dans l'ombre, notamment dans l'enseignement. Et que l'on comprend fort mal les logiques marchandes et industrielles auxquels nous prenons une part active quotidiennement, au travail, en voiture ou au supermarché. Aujourd'hui, vingt cinq ans après en France, l'ensemble des informaticiens et des consultants en organisation dépasse le nombre d'agriculteurs. Le milliard d'ordinateurs a été dépassé dans le monde. L'infrastructure Internet américaine représenterait déjà 13% de la consommation électrique américaine [23]. Et ce n'est pas fini. Les nanotechnologies, qui suscitent depuis quelques années une compétition mondiale sans précédent et les subventions publiques attenantes [24], autoriseront la convergence entre le monde numérique et le vivant. Et des applications, n'en doutons pas, écologiques [25].
*
Au terme de ces explications, il est temps de reprendre la question posée au début de ce texte : « Quelle peut être notre contribution au développement durable ? ». Il faudrait au moins que nous prenions acte des conséquences de nos activités professionnelles, ou à défaut de tenter de les comprendre. Sans quoi lon contribue à l'impuissance de chacun face à des conséquences écologiques qui dépassent l'imagination. Si les informaticiens ne font pas cet effort (et spécialement ceux qui, étant en SSII, ont le recul permis par lexpérience et la diversité des projets sur lesquels ils sont intervenus), qui le fera ? Qui pourra alimenter des débats publics où l'informatique serait enfin mise à l'épreuve de se justifier, autrement qu'économiquement, et éclairée quant à ses fonctions et finalités ?
M.M.
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[1] Voir la fusion entre Nyse et Euronext pour créer une super Bourse (avec une valeur des transactions quotidiennes moyennes de 80 milliards d'euros et une capitalisation boursière totale des sociétés cotées de 21.000 milliards de dollars), dont linformatique est gérée par Atos Euronext Market Solutions (AEMS).
[2] A propos de l'estimation de la date probable de ce pic pétrolier, voir ce site français d'information indépendant : www.oleocene.org. Voir aussi le site indépendant américain de l'ASPO (association for the study of peak oil and gas) : www.peakoil.net.
[3] Voir le rapport, disponible sur le site du WWF, « Terre vivante 2004 ». Voir pages 10 et 30 pour les chiffres. Et pages 34 et suivantes pour les explications concernant les calculs.
Par ailleurs ce lien propose un questionnaire permettant destimer lempreinte écologique dune personne :
http://www.wwf.fr/s_informer/calcu [...] ecologique
[4] Voir André Méry, « Quand la vache du riche affame le monde », LEcologiste, n°7, 2002.
www.allianceveg.org/docs/QuandLaVacheDuRiche.pdf
[5] Voir article « Le Coltan (Colombo-Tantale), un minerai qui tue »
http://www.monde-solidaire.org/spi [...] rticle=160
[6] L'uranium est exploité pour la France par le consortium Eurodif lié à AREVA et provient d'un peu partout dans le monde. D'un peu partout seulement, car il y a fort peu de gisements de part le monde et Eurodif en exploite la majorité y compris pour des pays qui se disent anti-nucléaires comme l'Australie.
[7] Voir « Exporting Harm. The High-Tech Trashing of Asia », Basel Action Network, 2002.
http://www.crra.com/ewaste/ttrash2/ttrash2/
Voir aussi Fabrice Flipo, Annabelle Boutet, François Deltour, Projet E-dechets : Ecologie des infrastructures numériques, Rapport final, GET, avril 2006 :
http://int-evry.fr/lsh/recherche/Etos/Axe 2/INT_Flipo_Edechet_final_av06.pdf
[8] Voir http://www.ecologie.gouv.fr/articl [...] ticle=6324
[9] Plus précisément, lors du discours du Président Truman du 20 janvier 1949 au sujet de lengagement des Etats-Unis en faveur de lamélioration et de la croissance des régions « sous-développées ». Extraits :
« ( ) il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et de notre progrès industriel au service de l'amélioration et de la croissance des régions sous-développées. ( ) Pour la première fois de l'histoire, l'humanité détient les connaissances techniques et pratiques susceptibles de soulager la souffrance de ces gens. »
Voir Alain FRANÇOIS, "Le concept de développement : la fin dun mythe", LInformation géographique, n°66 (décembre 2003), pp. 323-336.
http://ced.u-bordeaux4.fr/GresPrg04/BA04francois.pdf
Voir aussi Gilbert Rist, « Linvention du développement », LEcologiste, n°6.
http://www.apres-developpement.org/alire/textes.php
[10] « La consommation est en progression constante depuis quarante ans et représente plus des 2/3 du PIB »
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/a [...] ticle=5438
[11] « Si le volume du transport de fret dans les pays d'Europe occidentale a doublé au cours des vingt-cinq dernières années, cela est dû principalement au triplement du transport routier, qui représente maintenant pratiquement 90% du total de ce type de transport. Dans la plupart des pays, le transport fluvial et ferroviaire a stagné, voire perdu des parts de marché. »
Politiques de transport européennes, Assemblée Parlementaire, Conseil de l'Europe, 1998.
[12] La consommation d'électricité des ménages augmente de 7,2% par an en moyenne depuis quarante ans. Voir « la consommation d'énergie à usage domestique depuis 40 ans », INSEE Première, 2002.
http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP845.pdf
[13] La consommation dengrais azotés en France passe de 624.700 millions de tonnes en 1961 à 2.660.000 en 1989. Source : FAO (2001)
[14] La production annuelle dordures ménagères de chaque français a doublé entre 1960 et 2004. Source Ademe. www.ademe.fr/dechets ; rubrique « Chiffres clés ».
Voir aussi : http://decroissance.info/Economie- [...] conomie-de
[15] Voir cet article « Faut quon reparle du sol et de votre santé », association du Sens de lHumus :
http://senshumus.wordpress.com/200 [...] tre-sante/
Voir aussi cet interview de Claude Bourguignon, microbiologiste des sols :
http://www.passerelleco.info/artic [...] rticle=113
[16] « Les toxines peuvent être d'origine animale (venin lors d'envenimation ophidienne par la vipère aspic, par exemple), végétale (empoisonnement par la Belladone ou Atropis belladonna), fongique (champignon vénéneux, comme l'amanite phalloïde, par exemple) ou chimique (intoxication par les métaux lourds, par exemple). Dans sa partie expérimentale et règlementaire, la toxicologie étudie et analyse expérimentalement la toxicité des produits (médicaments humains ou vétérinaires, produits phytosanitaires...) préalablement à leur commercialisation.
L'intoxication dépend souvent d'effet de seuils, le toxicologue se réfère donc à de nombreuses références qui sont des seuils, normes ou doses tolérables ou admissibles, dont par exemple :
La " Dose Journalière Admissible " (DJA) (pour les résidus de pesticides) La " Dose Journalière Tolérable " (DJT), ou DHTP (Dose hebdomadaire tolérable provisoire) ou (pour les métaux lourds) La " Dose Limite Annuelle " (DLA) (pour les radionucléides).
Ces seuils sont calculés pour des toxiques pris individuellement, et non pour des cocktails de polluants qui peuvent agir en synergie (positive ou négative) ou avec des effets de potentialisation, sachant également qu'il existe des niveaux de sensibilités liés au patrimoine génétique, à l'état général de santé, à l'histoire immunitaire, et également à l'âge (le ftus et l'embryon, ou le jeune enfant sont beaucoup plus sensibles aux toxiques que les adultes). La toxicologie, et plus encore l'écotoxicologie ne sont donc pas des sciences exactes.
La dose mortelle peut être faible (le millionnième de gramme pour la toxine botulique ou le plutonium, respectivement à court terme, ou à moyen ou long terme). Certains produits n'ont un effet toxique que chez des individus génétiquement prédisposés, ou exposés à un effet synergique avec une autre molécule ou affection. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Toxicologie
« Tout agent toxique suscite contre lui des mécanismes défensifs. Jusquà un certain « seuil lésionnel », ces mécanismes suffisent à neutraliser le toxique. Toutefois, si un autre toxique accapare une partie de ces défenses, le « seuil lésionnel » sera abaissé pour chacun deux, et des lésions apparaîtront pour des quantités de toxiques inférieurs à leur « seuil lésionnel » ». Michel Bounan, « Le Temps du Sida », 2004 [1ère édition 1990], p. 40.
[17] Voir Philippe Breton, « Une histoire de linformatique », 1987, p. 194.
[18] Voir Franck Cochoy, « Une histoire du marketing », La Decouverte, 1999, pages 128 et suivantes.
[19] Voir notamment Hervé Mathe, Daniel Tixier, « La Logistique », Que-sais-je, PUF, 2005 [1ère édition 1987], p. 74 et suivantes.
Voir aussi : http://www.decroissance.info/Etre- [...] -l-emprise
[20] « Linfléchissement de la concentration salariale que lon peu constater dans les années 1980 ne signifie pas pour autant un même infléchissement de la concentration économique, même si traditionnellement la concentration salariale servait à la mesurer. ( ) Les parts de marché des groupes leaders ont progressé de 18,8% à 22,5% dans lindustrie, de 5% à 8,2% dans le BTP, de 5,7% à 10,8% dans le commerce et de 7,2% à 14,8% dans les services entre 1980 et 1987.
( )
En 1987, les 78 groupes de plus de 10.000 salariés contrôle deux à trois fois plus dentreprises quen 1980.
( )
De nouvelles entreprises leaders sont apparues avec une main duvre dexécution réduite ( ). La réorganisation du reste de la production se fait sur une base contractuelle, fondée sur « lautonomie » des sous-traitants quils soient situés sur le territoire ou à létranger, mais qui sont souvent placés dans une relation de forte dépendance, voire de subordination.
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En dautres termes, si la décennie 1980 signe la fin de la concentration pyramidale de type bureaucratique, elle marque aussi le début de la concentration stratégique définie selon quatre critères : vitesse, espace, fluidité et flexibilité. Linstantanéité devient le délai normatif dexécution. »
Beatrice Appay, « La dictature du succès », LHarmattan, 2005, p. 113 et suivantes.
[21] Citons le club de Rome qui en 1972 rend public son rapport « Halte à la croissance ? », la candidature de l'écologiste René Dumont en 1974, ou encore les écrits visant à montrer que les logiques industrielles ne résolvaient les problèmes techniques qu'en en créant de nouveaux (Jacques Ellul, « Le système technicien », 1977), ou bien étaient contreproductives (Ivan Illich, « Energie et équité », 1973).
[22] Voir la thèse Pascal ROBERT, "L'impensé informatique (Au miroir du quotidien "Le Monde" - 1972/1980)", Université Paris I, 1994.
http://www.enssib.fr/bibliotheque/ [...] obert.html
[23] Selon des estimations hautes, il est vrai.
Voir le rapport cité précédemment, « Projet E-dechets : Ecologie des infrastructures numériques », Rapport final, GET, avril 2006, p. 24.
Une autre indique que la version électronique d'un journal est avantageuse sur sa version papier en termes de CO2 seulement si on passe moins de 1.3 h sur un PC fixe et moins de 1.7 h avec un PC portable (p. 105).
[24] Voir la proposition de la région Ile-de-France de faire des nanostechnologies un « Cluster ». Voir aussi le site pmo.erreur404.org concernant la situation dans la cuvette Grenobloise, et d'autres analyses sur les nanotechnologies.
[25] Par exemple, pour « dépolluer » lenvironnement, des nanotubes du carbone à disséminer.
Ou encore pour modifier le climat.
Voir cette conférence (1 heure) de Pat Mooney, intervenant pour l'ONG ETC Group :
http://grenoble.ww7.be/2006-06-01_ [...] Mooney.mp3