Aidé par deux complices qui avaient détourné un hélicoptère pour le forcer à se poser dans une des cours du pénitencier, un détenu français s'est évadé dimanche après-midi de la prison de Lantin.
 
Il est 14 heures environ lorsque les deux hommes, âgés de 25 ans environ, portant « jeans, tee-shirts et baskets », se présentent sur le tarmac de l'ancien aéroport militaire de Brusten, près de Saint-Trond. « Ils avaient pris rendez-vous une semaine auparavant pour un vol d'une demi-heure, ils avaient l'air très sympathiques, raconte Patrick Vanhoof, un des intermédiaires de la société Crown Hélicoptères. Ils ont prétendu qu'ils venaient du sud de la France mais leur accent n'était pas très prononcé. »
 
Après avoir payé 350 euros, suivi un briefing et pris quelques photos, les deux hommes accompagnent Patrick Vanhoof et son pilote à bord de l'hélicoptère rouge, un Robinson R44 pouvant transporter 4 personnes.
 
Une grenade en main
 
À peine l'appareil a-il décollé, vers 14 h 30, que les passagers enfilent des cagoules noires. Puis ils sortent une arme de poing et au moins une grenade de leur sac à dos. « Ils m'ont collé l'arme sur la tempe et m'ont ordonné de voler vers la prison de Lantin, explique Eric Mathieu, le pilote. Ils ont dit que si on n'obéissait pas, ils feraient exploser l'appareil car ils n'avaient rien à perdre. »
 
Vingt minutes plus tard environ, l'hélico survole le pénitencier. Les deux passagers scrutent les huit préaux puis lorsque leur cible a été repérée grâce à son tee-shirt de couleur jaune, ordonnent au pilote de plonger vers une des cours où déambulent plusieurs centaines de détenus.
 
L'homme qu'ils recherchent s'appelle Erik Ferdinand, aussi connu sous le pseudonyme de Vincent Gamez, né en 1976 et de nationalité française. Arrêté en Espagne pour vols, escroquerie, faux et usages de faux, il s'était évadé lors d'une reconstitution qui avait été organisée à Gérone, à quelques dizaines de kilomètres de Barcelone. Arrêté une nouvelle fois en Belgique, il était en attente d'extradition.
 
« Quelques fumigènes ont été jetés dans la cour puis j'ai dû me poser, continue le pilote. Les pales rasaient les murs. je savais que si on ratait notre coup, on mourrait...  » À peine Erik Ferdinand a-t-il grimpé dans l'appareil que celui-ci reprend de l'altitude puis se pose dans un champ distant de 600 mètres environ. Un véhicule y attendait vraisemblablement les passagers.
 
Vendredi soir, ils étaient toujours en fuite. La ministre de la Justice promet une « enquête administrative et judiciaire. »

Bruxelles - Un hélicoptère s'écrase dans un cimetière, les enquêteurs ont retrouvé 253 cadavres, mais aucun survivant.

Le directeur de la prison de Lantin, Francis Dejonc, ne voit comme solution pour éviter d'autres évasions par hélicoptère comme celle de ce dimanche que le placement d'un filet, à l'instar de ce qui a été fait en France.
 
En Belgique, nous n'avions pas connu de pareils cas, mais c'est déjà arrivé à plusieurs reprises en France, et désormais les prisons françaises sont équipées de filets ou de cordes de protection au-dessus des cours et préaux pour empêcher un hélicoptère de s'y poser. Je pense donc que c'est vers cela que l'administration pénitentiaire devrait s'orienter, parce qu'il faut sans doute s'attendre à ce que cette évasion réussie en appelle d'autres ».
 
Le directeur s'est dit impressionné par l'adresse du pilote de l'hélicoptère : « Je connais forcément très bien la prison, et si on m'avait annoncé qu'un hélicoptère allait tenter de faire évader quelqu'un, l'endroit où cela s'est passé est le dernier que j'aurais surveillé, je n'aurais imaginé qu'on puisse poser un hélicoptère dans un endroit aussi exigu. Cela relève de l'exploit ».