[Avis à chaud] L'élite de Brooklyn

L'élite de Brooklyn [Avis à chaud] - Cinéma - Discussions

Marsh Posté le 02-06-2010 à 00:19:00    

http://www.photos-films.com/flm/aff/orig/226/L-Elite-de-Brooklyn-1-22623.jpg
 
Intro :
Après avoir immortalisé les rues les plus chaudes de South Central avec « Training Day » en 2001 qui a valu l’oscar du meilleur acteur pour Denzel Washington, Antoine Fuqua revient à un genre qu’il affectionne particulièrement, le polar. Il faut dire qu’entre temps nous avions un peu peur après l’excellent « Training Day » que le réalisateur de « Un tueur pour cible » (oui oui c’était bien lui) ne se perde dans les commandes de Mr Hollywood (Les larmes du soleil, Le roi Arthur, Shooter…). Peur, car depuis « Shooter » chaque nouveau film d’Antoine Fuqua pose une nouvelle interrogation sur le réel savoir faire du jeune réalisateur. Non pas que chacun de ses films soit mauvais mais le fait est que Fuqua, au même titre qu’un Alex Proyas est plus à l’aise avec de petites productions qu’avec des blockbusters et autres films à gros budgets. Mais après « L’élite de Brooklyn » Fuqua pourrait bien réussir à prouver qu’il est peut-être le nouveau William Friedkin rien que ça.
 
Une histoire d’hommes :
Du premier coup de feu qui vient ouvrir le générique, on sent à chaque instant, à chaque moment que le monde dans lequel évolue Eddie, Sal et Tango est plus que tangible. Fuqua nous montre la réelle difficultée de ce métier à travers trois tranches de vie. Sal (Ethan Hawke)  à peur de ne pas être à la hauteur en tant que père d’une famille qui compte déjà trois enfants. Sa femme enceinte attend des jumeaux et contracte au passage des difficultés respiratoires à causes des murs de leur maison qui nuit grandement à sa grossesse. Sal, torturé par sa foi se voit alors contraint d’utiliser n’importe quels moyens pour ramasser autant d’argent que possible afin qu’il puisse offrir à sa famille un nouveau logement. Tango (Don Cheadle) est un flic infiltré depuis plus de 8ans dans le milieu des trafiquants de drogue de Brooklyn. Il espère avoir sa promotion après l’arrestation de Caz (Wesley Snipes excellent) ancien gros trafiquants de drogue sortie fraichement de prison et reprendre sa vie le plus rapidement possible. Sans aucune aide psychologique, ne sachant plus qui il est réellement et s’étant pris d’affection pour le trafiquant qui lui a sauvé la vie au cours de son arrestation, Tango devra choisir dans quel camp il est. Et enfin Eddie (Richard Gere) en fin de carrière à qui il ne reste plus que 7 jours avant qu’il ne prenne sa retraite. Marqué par la vie, noyant sa peine et son chagrin dans l’alcool, il retrouve néanmoins une once d’espoir à travers une prostituée.  
 
Tous usés autant physiquement que psychologiquement, le spectateur n’a de cesse de penser, d’espérer, de savoir ou de se tromper sur qui pourra bien réussir à rester en vie ? Quel personnage prendra la bonne décision au bon moment ? Auront-ils la force de combattre leurs propres démons ou est-ce déjà trop tard ? Car l’environnement et les événements dans lesquels le réalisateur s’amuse à placer ces hommes sont tellement hostile et imprévisible que le spectateur lui-même se retrouve à devenir  « acteur » ne sachant pas toujours sur le moment comment lui aussi il réagirait s'il était à leurs places ce qui est l’une des forces majeurs du film.
 
 
L’âme d’un flic :
Il serait quand même intéressant de faire un parallèle avec les personnages de « L’élite de Brooklyn » et celui d’Alonzo dans Training Day car c’est justement sur ce point que l’on retrouve la touche personnelle du réalisateur. En réalité, Fuqua avait « confronté » à l’époque le policier Hoyt jeune et naïf  interprété par Ethan Hawke face à l’inspecteur Alonzo Harris joué par Denzel Washington. Training Day racontait comment un bon flic intègre avait été littéralement bouffé par toutes les saloperies de la rue. Délaissant tout sens du devoir, de moral et d’éthique, Alonzo était devenu un flic déchu mais malgré tout, certaines scènes dans le film laissaient penser au spectateur qu’à l’époque, Alonzo était un bon flic tout comme les personnages de L’élite de Brooklyn. En partant de cette base scénaristique, Antoine Fuqua décide donc de se concentrer sur « l’avant », de réorienter son récit pour confronter les personnages de « L’élite de Brooklyn » aux mêmes événements qu’avait du traverser l’inspecteur Harris dans Training Day avant qu’il ne devienne pourri de l’intérieur. Le réalisateur nous pose ainsi cette question « Jusqu’a quel point un flic peut-il franchir la limite ? » et « Quelle va être la limite pour ces hommes ? ». De ce postula de départ née la véritable intensité du film, ainsi on anticipe, chaque coins de rues, chaque couloir, chaque descente jusqu'à un apothéose finale dramatique mais inéluctable.
Fuqua en profite aussi pour souligner la réalité et la difficulté de ce métier sans trop tomber dans une morale à 3 francs. En étant juste et en ce plaçant seulement comme témoins de ces hommes qui comme le dit le personnage de Ethan Hawke valent plus chère mort que vivant, Fuqua tire un constat dramatique et malheureusement tout ce qu’il y a de plus réel dans ce monde. Viens aussi le personnage de Richard Gère qui au moment de rendre son insigne, ce retrouve devant un fonctionnaire complètement désintéressé et sans aucune considération pour l’homme qui a risqué sa vie chaque jour pendant plus de 20ans.
 
 
Réalisation :
Préférant éviter les ficèles classique du film à choral, Fuqua décide de ne pas (trop) faire interagir ses personnages se limitant seulement à de simples échanges de regards ou seulement deux lignes de dialogues. La réalisation est alors un exemple d’efficacité dans la sobriété tant le réalisateur réussi à ne pas sombrer dans l'écueil habituel du genre. La caméra filme ces portraits de vies de façon très intimiste au plus proche des personnages. Le réalisateur prend aussi le risque de filmer vers East Brooklyn au cœur même des cités. En grande partie tourné en décors naturels (une seule scène a été filmée en studio), le film offre au spectateur une vision authentique de l’un des coins les plus durs de l’état de New York. Pourtant épaulé par une toute nouvelle équipe, Mauro Fiore qui était le directeur de la photo sur Training Day laisse place à Patrick Murguia dont c’est le premier film au cinéma. Conseiller par Oliver Stone lui-même, le nouveau directeur photo d’Antoine Fuqua offre des panoramas somptueux et réaliste. Il présente ainsi les coins chauds de la ville de la manière la plus directe qui soit sans artifices, mention spécial aux séquences de nuits superbement bien éclairés faisant directement références aux œuvres de Friedkin, Lumet etc.
 
 
Conclusion :
Définitivement son meilleur film, « L’élite de Brooklyn » s’inscrit dans la lignée des meilleurs polars surtout grâce à l’interprétation de tous les comédiens. D’une maitrise totale au niveau de sa direction d’acteur jusqu’au plus petit rôle, on sent Fuqua particulièrement intransigeant. Réussissant à tirer le maximum de leurs jeux, à pousser ses acteurs jusque dans leur dernier retranchement à tel point que l’on oubli sans problème le charisme habituel d’un Richard Gere ici complètement égratigné et anéanti par le vécu de son personnage. L’acteur livre peut-être sa meilleure interprétation depuis bien longtemps. Sans oublier Don Cheadle au bout du rouleau perdant peu à peu son identité d’homme de loi et enfin Ethan Hawke tiraillé par ses croyances catholique et sa foi. Dépassé et fatigué par le poids de sa famille l’acteur joui d’une interprétation mémorable.
 
Après « Training Day » première œuvre majeur de sa filmographie, il est maintenant parfaitement clair qu’Antoine Fuqua n’est pas qu’un vulgaire « yes man ». Non c’est un vrai réalisateur et « L’élite de Brooklyn » vient effectivement prouver que le bonhomme sait raconter une histoire et diriger une galerie de personnages vraiment riche dans un contexte brutal et violent. Qu’il sait filmer et immortaliser une ville comme Brooklyn de la meilleur des manières et sans fioritures dans un contexte qu’il affectionne particulièrement et qu’il sait parfaitement bien mettre en scène. Pour la deuxième fois, à travers l’un des métiers les plus difficiles au monde, Fuqua prouve qu’il sait aussi sonder l’âme humaine jusque dans ses profondeurs les plus obscurs ne laissant aucune chance (ou presque) aux personnages comme au spectateur de ressortir indemne de cet opéra tragique.
 
Par Vincent N.Van du groupe Madealone : http://forum.hardware.fr/hfr/Discu [...] 8353_1.htm


Message édité par counter143 le 02-06-2010 à 00:19:45
Reply

Marsh Posté le 02-06-2010 à 00:19:00   

Reply

Marsh Posté le 02-06-2010 à 00:57:05    

J'en ai déjà parlé dans le topic Ciné mais pour moi c'est un film assez moyen qd on y réfléchit à la sortie.

 

Le film donne l'impression de ne jamais décoller, on attend le moment où les 3 protagonistes se croiseront mais que dalle...

 

La relation de Gere avec la pute est parfois bancale même si Gere casse un peu son rôle de Don Juan.

 

Et l'image de fin me fait penser aux films des années 90, avec le héros qui quitte le lieu de l'action comme un cow boy.


Message édité par grozibouille le 02-06-2010 à 00:57:48
Reply

Sujets relatifs:

Leave a Replay

Make sure you enter the(*)required information where indicate.HTML code is not allowed