a l'heure des jolis films repensons au cinéma muet

a l'heure des jolis films repensons au cinéma muet - Cinéma - Discussions

Marsh Posté le 15-01-2004 à 11:34:31    

La souveraineté américaine
En 1914, l?entrée en guerre inaugure une période lourde de conséquences pour les différentes écoles européennes. Elles chercheront des voies nouvelles, en marge de la suprématie tant matérielle qu?esthétique du cinéma américain.
En l?espace de deux ans, grâce à deux films réalisés par D. W. Griffith, le cinéma accède à la maturité. Naissance d?une nation (Birth of a Nation , 1915) et Intolérance (1916) concentrent tous les faisceaux jusqu?alors divergents du spectacle et de l?intimité, de l?épopée et du naturel, de la tension dramatique et de la contemplation. Il n?est pas un cinéaste de la génération des Renoir, Vidor, Hitchcock, Gance, Hawks qui ne se réclame de Griffith. Intolérance porte l?avenir du cinéma mondial. La partie babylonienne et la Passion du Christ demeurent des modèles de composition plastique, d?exaltation de l?espace. La partie contemporaine contient en puissance tout le cinéma social à venir. L?orchestration du suspense y est déjà parfaite. Le montage alterné de quatre lignes dramatiques (« Chute de Babylone », « Vie et Passion du Christ », « Massacre de la Saint-Barthélemy », « La Mère et la loi ») préfigure les recherches soviétiques.
 
Naissance d?une nation pourrait s?intituler « Naissance du cinéma américain ». On y trouve cette ampleur, cette générosité et cette fièvre de l?invention, cette simplicité, enfin, qui imposeront les films d?Hollywood sous toutes les latitudes. La jeune Amérique a trouvé dans le cinéma son moyen d?expression privilégié. À la « guerre civile » désastreuse que se livrent les pays de la vieille Europe, elle oppose l?exemple de son unité continentale durement gagnée à l?issue de la guerre de Sécession. L?intervention des États-Unis dans la guerre va leur conférer une responsabilité mondiale, qui était celle des puissances coloniales européennes à la fin du XIXe siècle.
 
« Certitude de l?espace, de l?accroissement, de la liberté, du futur », écrivait Walt Whitman cinquante ans plus tôt. La conquête de l?Ouest est à peine achevée lorsque, dans les studios de Hollywood hâtivement bâtis sur les lieux mêmes de la Terre promise californienne, l?Amérique se donne un miroir à sa mesure, à la fois précis et déformant. Rien de plus échevelé que les « filmspoursuites » que dirige alors Mack Sennett. Ils révèlent pourtant la fièvre d?action et la fabuleuse dépense d?énergie qui caractérisent le bond en avant de la civilisation industrielle. Le goût de l?efficacité, de la préparation méthodique, de l?expression juste, directe, se retrouve dans le découpage technique des westerns de Thomas Ince : Pour sauver sa race (The Aryan , 1916), Carmen du Klondyke (1918). Douglas Fairbanks incarne la magnifique santé d?un peuple, sa bonne conscience et son humour : Robin des bois (Robin Hood , 1922), Le Signe de Zorro (The Mark of Zorro , 1920), Le Voleur de Bagdad (The Thief of Bagdad , 1924). Ses exploits acrobatiques ne sont pas seulement des performances sportives. Ils apparaissent sur l?écran comme des raccourcis saisissants, des figures de liberté. « L?art américain, en cette période, écrit Henri Langlois, est surtout caractérisé par une concision extrême, une simplicité totale, la pureté du style. Tout y est dit en quelques instants et l?on passe aussitôt à ce qui va suivre. L?image est à la fois concise, pleine et aérienne. »
 
Mais déjà dans L?Émigrant (The Immigrant , 1917), le personnage de Charlot attaque de sa verve corrosive les belles certitudes américaines. Il montre la misère réelle sous la générosité officielle, la férocité dissimulée par le dynamisme. Déjà, le Viennois Stroheim se prépare à opérer la « révolution du concret » : Folies de femmes (Foolish Wives , 1919). « J?ai voulu, disait-il, et je veux toujours montrer au cinéma la vraie vie avec sa crasse, sa noirceur, sa violence, sa sensualité et ? singulier contraste ?, au milieu de cette fange, la pureté. »
Hollywood accueille les apports étrangers et les naturalise sans rien leur ôter de leur accent propre. L?unité du cinéma américain est faite de mille contributions diverses et contradictoires. Là comme ailleurs n?est-ce pas le signe de la puissance et de l?originalité américaines que de tout fondre en un creuset, un melting pot ? En 1920, le cinéma européen renaît de ses cendres. En France, en Suède, en Allemagne, en Union soviétique, de nouvelles écoles naissent. Des cinéastes de génie s?imposent. Beaucoup d?entre eux s?accompliront à Hollywood.


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faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir manger ou un truc du genre
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Marsh Posté le 15-01-2004 à 11:34:31   

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