Hello,

En espérant ne pas me sentir trop seul sur ce topic, j'avais envie de discuter des composants régulièrement en cause dans les pannes sur du matériel vintage (ou pas), et leurs conséquences / diagnostic.
Par extension on peut discuter aussi ici de tout ce qui est expérience de dépannage, pannes récurrentes, etc !

Petit classement non exhaustif par ordre personnel décroissant de préférence :

- Les capas au tantale : ça c'est une belle saloperie trop peu connue et le top de mon classement.
Ca prend feu, ou ça explose violemment en projetant des shrapnels (c'est bien plus dangereux qu'un électrolytique), ou ça se met en court circuit franc. Dans ce dernier cas il n'y a RIEN de visible extérieurement, et aucun point de chauffe vu que le court circuit est presque parfait.
Vu que leur mode de défaillance favori est de se mettre en court circuit, l'alim en amont a tendance à ne pas aimer du tout.
Et ça foire de façon très spontanée, parfois collective avec l'âge, même sur un appareil inutilisé. Sachant en plus que c'est utilisé en découplage / filtrage local, on peut en avoir tout plein dans le même appareil.
Généralement les surtensions sont leur pire ennemi.
Faute de signe visuel, le mieux à faire est de tester directement la résistance à leurs bornes.
https://www.youtube.com/watch?v=rVYGZ2hFUsw

Anecdote : récemment j'ai voulu dépanner un générateur de fonction Wavetek des années 80 qui n'avait pas tourné depuis un bail, j'y ai trouvé pas moins de 5 de ces abrutis de condo en court circuit : deux ont cramé à la mise sous tension (dont un qui a vraiment été spectaculaire, je suis heureux de ne pas avoir eu le nez sur le PCB à ce moment là), et ensuite j'en ai trouvé encore 3 autres en court circuit parfait qui empêchaient le fonctionnement.
Pourtant vu la conception aucune chance qu'ils aient subi une surtension et les polarités étaient bonnes.
Après quelques essais, j'ai substitué l'alim du bestiau par une alim de labo, même en chargeant à fond y a rien qui chauffait, pourtant l'alim tentait de cracher plus de 3A et montait à 100mV à peine au lieu de 15V, il a fallu que je débusque les fautifs pour leur couper les pattes, ils avaient l'air comme neuf. Evidemment l'alim du Wavetek a pris un sérieux coup dans la face.

- Les piles NiMH / NiCd qui fuient : on en trouve dans les vieux appareils équipés d'un RTC ou d'un stockage de leurs paramètres. Au bout d'un moment elles fuient presque systématiques, et leur contenu est trèèèès corrosif pour les PCB.
Si on s'en rend compte assez vite on peut nettoyer avant les dégâts irréversibles, mais si c'est trop tard il n'y a rien à faire. J'ai récupéré un oscillo hybride Gould avec traceur sur papier qui est mort de ça : les pistes se décollent carrément du PCB autour de la pile, on dirait des spaghettis en lévitation. Même pas tenté de réparation.

- Evidemment les condensateurs électrolytiques qui s'assèchent ou s'ouvrent en chou fleur, ou au pire explosent (ce qui est très rare en pratique sans bonne raison comme une surtension ou une inversion de polarité).
Pas la peine d'en parler longuement, on connait tous.
Ca sent mauvais et ça peut être impressionnant si ça fume, mais généralement ils défaillent en augmentant leur ESR, ou carrément en circuit ouvert, donc s'ils sont utilisés en filtrage ils vont surtout laisser passer des saletés en sortie d'alim, sans trop mettre en danger celle-ci, mais un peu plus les composants alimentés, la panne est progressive (plusieurs mois ou années).
Quand ils sont utilisés par exemple en condo de démarrage sur le contrôleur d'une alim à découpage et que leur capacité diminue, ils causent des pannes de démarrage intermittentes, mais une fois l'appareil démarré tout est nickel.
Contrairement à une idée largement acceptée, un condo à électrolyte liquide peut être totalement foutu sans présenter le moindre signe extérieur de problème !

- Les composants contrefaits ou "refurbished" : eh oui, c'est une vraie plaie sur le marché actuel, et ça ne touche pas que les hobbyistes qui commandent sur des sites asiatiques pas chers, des fabricants sérieux se font prendre aussi parfois. Les composants au rabais c'est bien au prototypage, mais il vaut mieux les tester sérieusement avant usage définitif, et éviter de leur confier la vie d'équipement trop cher. Notamment pour les CI achetés en remplacement d'un CI existant réputé introuvable : on n'a aucune garantie de recevoir ce qu'on a commandé.
Pour les CI en général le marquage est moche, et ne résiste pas à un nettoyage à l'acétone ou l'IPA.

- L'oxydation des connexions ou les connexions foireuses (bornier mal serré, etc) : pas grand chose à dire. Un bon nettoyage à l'alcool isopropylique ou la bombe contact et ça repart. Si c'est cramé, faut gratter. Attention, la bombe contact est légèrement conductrice.

- Les potentiomètres qui craquent ou ne font plus contact : comme les connexions.

- Les bons vieux condos RIFA de la fin des années 80 qui finissent par se craqueler et prendre l'humidité à l'intérieur, ce qui rend leur diélectrique conducteur (forcément, le papier métallisé ça isole beaucoup moins bien quand ça devient humide).
Généralement ils finissent en gros nuage de fumée bruyant. Avant explosion on voit souvent facilement que le plastique autour est craquelé.
Un truc amusant avec eux, c'est que comme ils sont généralement utilisés en filtre secteur, l'appareil qui les contient peut parfaitement bien continuer de fonctionner une fois le condensateur vaporisé .
Selon mon expérience ce ne sont pas tous les RIFA qui font ça, mais juste ceux de la fin des années 80, malgré qu'on en trouve des parfaitement identiques visuellement depuis les années 70. Sans doute un énorme lot dont l'enrobage plastique a un défaut dans sa formule.
https://i.ytimg.com/vi/XAbrU17hLTM/maxresdefault.jpg

- Les semi conducteurs de puissance : mal refroidis ou utilisés à la limite de leurs specs ça fini par cramer. Mais le plus souvent quand un semi conducteur meure, c'est pas spontané : soit il est une victime collatérale d'un composant qui a foiré, soit c'est qu'il est mal utilisé.
Les semi conducteurs sont généralement très robustes, surtout ceux de faible puissance, à l'exception des premiers CI des années 60 / 70 qui avaient tendance à finir par se "décoller" et prendre l'humidité, ou des EPROM très anciennes (> 30 ans) qui finissent par oublier ce qu'elles racontent.
Les semi conducteurs ont pour mode de défaillance typique le court circuit, ce qui est toujours vachement bien quand ils sont insérés dans un circuit par exemple pour réguler une tension en tant qu'abaisseur par exemple, au lieu d'avoir en sortie la tension abaissée voulu on se retrouve avec tout ce que peut balancer le transfo en amont, beaucoup de composants TTL et d'ampli op ont connu une fin tragique comme ça...

Si vous aussi vous connaissez un composant ou une famille de composant qui a tendance à mourir de façon subite, n'hésite pas à partager, anecdotes incluses. En espérant que ce topic soit également utile à certains en plus du côté défouloir

Quel succès ce topic .

En attendant le Wavetek est réparé . Pas mal de composants remplacés, dont un paquet de condos tantale goutte TOUS en court circuit ou cramés, vraiment impressionnant. Il en reste quelques uns qui fonctionnent toujours que je n'ai pas remplacés (oui je sais, c'est une connerie vu que leurs frères d'armes identiques sont cuits )
J'ai mis des électrolytiques à la place des tantale, en pratique ça fait parfaitement bien le job (le signal en sortie est très correct), mais idéalement des céramiques de forte valeur seraient probablement plus adaptés en fréquence de réjection vu que c'est du découplage...
Faudrait que je cherche les alternatives "idéales" au tantale, si quelqu'un connaît ça, en composants traversants. Là il faut du 25V 22µF ou plus.

Un truc qui m'a un peu fait halluciner : j'ai puisé dans mes réserves de vieux composants de récup pour des condos tantale vu que j'en ai, je les ai testé au capacimètre, ils étaient nickel. Je les ai monté : la moitié en court circuit peu après l'allumage .
C'est vraiment pas fiable quand ça vieillit, pourtant c'était même pas les même que ceux d'origine (couleur et format différents).
J'ai tenté d'en brancher quelques uns direct sur l'alim de labo, ils se court circuitent vers 15V alors qu'ils sont donnés pour 25 ou 35 et la polarité est évidemment bonne.

Les relais. Souvent c'est facile à diagnostiquer, le contact est soit collé soit trop oxydé pour devenir passant. Mais c'est parfois très chiant parce que la panne peut être intermittente.
J'ai bien galéré une fois sur une carte qui faisait n'imp à cause d'un relais pourri. J'ai compris que le truc foirait quand je me suis rendu compte qu'en tapotant sur le relais, le contact faisait le sapin de noël.

Bien vu . Surtout quand ils sont utilisés pour commuter des charges inductives ou capacitives qui leur en foutent plein la gueule à chaque démarrage, ça fini par charbonner si c'est pas dimensionné pour.
 
Et j'aurais pu mentionner les trucs électromécaniques en général.

J'ai eu le cas d'une diode de puissance dans une alim PC qui a littéralement explosée.
Un MOS dans une charge active qui m'a foutu la batterie en test en CC

Petite anecdote de dépannage ultra simple d'il y a quelques jours, un micro onde qui ne s'allumait plus que quand il en avait envie ou à condition de le secouer un peu.

Ca venait d'une cosse cramée, une cosse isolée Faston de 6.3mm tout ce qu'il y a de plus classique, avec un étui en plastique autour.
Lors de l'assemblage, les mecs s'étaient démerdé pour enfiler la cosse mâle à l'arrière de la cosse femelle, juste contre l'isolant, au lieu d'à l'intérieur de la cosse femelle.
Le micro onde a quand même tenu plusieurs années comme ça mais la cosse avait vraiment une sale tête sur la fin...