Mastering : le son des disques [Topic unique] (Re) - Musique - Discussions
Marsh Posté le 05-07-2005 à 02:46:14
Marsh Posté le 05-07-2005 à 09:28:02
J'ai complété la question des sources, avec le cas des repiquages d'un exmplaire pressé. Je vais m'attaquer à la question des canaux.
Marsh Posté le 05-07-2005 à 12:36:27
Complété la partie sur mono/stéréo. J'ai peur que ça commence déjà à devenir indigeste. Je mettrai en ligne de très courts extraits ultérieurement pour illustrer les différents cas, ce sera plus parlant et ça fera du bien de s'éloigner un peu de la théorie pour en venir à l'essentiel : ce qui s'entend.
Marsh Posté le 06-07-2005 à 00:51:39
muzah a écrit : Comme toujours avec BoraBora. |
(tout rouge, je suis ).
Pour animer le débat, et avant de continuer mon laïus, j'ai préparé un .rar de 3 Mo qui contient les intros de 11 pistes (que les modos ne s'affolent pas, ce sont de très courts extraits, coupés sauvagement à moins de 15 ou 20 secondes). Au total, 4 morceaux :
* Al Green : Let's Stay Together
01 = Label The Right Stuff (US, 2003). CD "Let's Stay Together".
02 = Label Motown (US, 1986). CD "2 en 1" avec les albums "Let's Stay Together" et "I'm Still In Love With You".
03 = Label Demon records (UK, 1996). Coffret various artists "Royal Memphis Soul".
Wilson Pickett : In The Midnight Hour
04 = Label Rhino (US, 1992). CD de compilation "A Man and a Half"
05 = Label WEA (Allemagne, 1987). CD de compilation "Greatest Hits"
06 = Label Rhino (US, 1993). CD "In The Midnight Hour"
07 = Label Atlantic (US, 1991). Série "Atlantic Rhythm & Blues 1947-1974", Vol. 6.
Solomon Burke : Cry To Me
08 = Label Sequel (UK, 1997). CD "Rock 'n Soul.
09 = Label Rhino (US, 1998). CD "The Very Best Of".
Staple Singers : I'll Take You There
10 = Label Zyx (Allemagne, date inconnue, probablement vers 2002). CD "BeAltitude: Respect Yourself"
11 = Label Uncut (UK, 2004). CD various artists promo "Mob Life". Les notes de pochettes indiquent que le morceau est tiré de l'édition Zyx ci-dessus. Ils devraient donc être rigoureusement identiques.
J'ai passé tous ces extraits au replaygain afin qu'ils puissent être comparés en A/B. Je vous laisse écouter, et je commenterai après. N'ayez aucune crainte, pas besoin d'oreilles d'or pour entendre les différences. Vous ne risquez pas de passer pour des obtus à moitié sourds avec des chaînes de Prisunic !
Le lien : http://perso.wanadoo.fr/borabora/abx.rar
Marsh Posté le 06-07-2005 à 08:13:42
Oui, on entend bien les différences, certaines versions sont plus agréables à écouter.
Plus de basses pour le 11 par rapport au 10...pour les premiers tel instrument à gauche, à droite ou inaudible...mixs/niveaux diffèrent etc...
Marsh Posté le 06-07-2005 à 13:26:27
Mes petites notes ...
(écoute sur PC + carte son intégrée + enceintes bureau 2.0 HK large bande pas cher mais juste.
* Al Green : Let's Stay Together
01 = Label The Right Stuff (US, 2003). CD "Let's Stay Together".
02 = Label Motown (US, 1986). CD "2 en 1" avec les albums "Let's Stay Together" et "I'm Still In Love With You".
03 = Label Demon records (UK, 1996). Coffret various artists "Royal Memphis Soul".
Wilson Pickett : In The Midnight Hour
04 = Label Rhino (US, 1992). CD de compilation "A Man and a Half"
05 = Label WEA (Allemagne, 1987). CD de compilation "Greatest Hits"
06 = Label Rhino (US, 1993). CD "In The Midnight Hour"
07 = Label Atlantic (US, 1991). Série "Atlantic Rhythm & Blues 1947-1974", Vol. 6.
Solomon Burke : Cry To Me
08 = Label Sequel (UK, 1997). CD "Rock 'n Soul.
09 = Label Rhino (US, 1998). CD "The Very Best Of".
Staple Singers : I'll Take You There
10 = Label Zyx (Allemagne, date inconnue, probablement vers 2002). CD "BeAltitude: Respect Yourself"
11 = Label Uncut (UK, 2004). CD various artists promo "Mob Life".
Marsh Posté le 06-07-2005 à 15:56:06
muzah a écrit : Mes petites notes ... |
Idéalement, j'aurais dû préciser d'écouter au casque car les différences de "scène" sonore sautent aux oreilles. Mais n'importe quel matos permet de constater que ces versions sont différentes les unes des autres.
Citation : * Al Green : Let's Stay Together
02 = Label Motown (US, 1986). CD "2 en 1" avec les albums "Let's Stay Together" et "I'm Still In Love With You".
03 = Label Demon records (UK, 1996). Coffret various artists "Royal Memphis Soul".
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La 01 est la dernière version US, vendue avec l'argument "remasterisée en 24bits d'après les master tapes". Le remaster est de Bob Norberg, qui a l'insigne honneur d'être l'un des ingénieurs du son les plus détestés au monde Il bosse chez Capitol depuis le début des années 60. Lister tout ce qu'il fait subir aux masters est impossible : ça va de l'application de noise reduction au déphasage des voix en passant par une égalisation sauvage et aléatoire etc.
La 02 est une vieille édition de 86 bon marché, pas particulièrement réputée pour ses qualités sonores, mais qui tient la route en comparaison de l'édition actuelle qui est censée tout déchirer.
La 03 est la version single mono, d'où le sax en retrait et la scène sonore rétrécie.
Citation : Wilson Pickett : In The Midnight Hour
05 = Label WEA (Allemagne, 1987). CD de compilation "Greatest Hits"
06 = Label Rhino (US, 1993). CD "In The Midnight Hour"
07 = Label Atlantic (US, 1991). Série "Atlantic Rhythm & Blues 1947-1974", Vol. 6.
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La 05 était surtout là pour l'intro qui zappe carrément le roulement de batterie. Une honte. Mais c'est tellement évident que tu as dû penser que c'est moi qui l'avait coupée par inadvertance. La 04 est dénuée de compression et d'égalisation. C'est la version la plus appréciée des amateurs. Masterisée par Harry Weinger.
La 07 est la seule version stéréo, les 3 autres sont mono. Master et mix différents, donc. Cela permet de voir pourquoi la question mono/stéréo est l'équivalent sur certains forums des polémiques Windows/Linux. Ce mix stéréo est redoutable, et l'ingénieur du son qui a remasterisé le CD n'y est pour rien : les versions stéréo chez Atlantic dans les années 60 étaient presque toujours atroces.
Enfin, la 06 est un remstering de Bill Inglot, mais la différence avec la 04 est quasi inexistante. Habituellement, la signature sonore de Bill Inglot est un gros boost dans la zone 8 Khz, qui donne un son "dur", assez fatigant, surtout ajouté à de la réduction de bruit et de la compression.
Citation : Solomon Burke : Cry To Me |
La 08 est la version LP stéréo, la 09 la version single mono. La 09 est un remaster d'Inglot, qui n'a pas eu la main légère sur la réduction de bruit. J'ignore qui a remasterisé la 08, mais toute cette série de rééditions Atlantic menée par le label anglais Sequel au milieu des années 90 était fantastique.
Citation : Staple Singers : I'll Take You There |
Un grand mystère, là. La 11 vient d'un CD offert avec un magazine de musique anglais, et est censée être tirée de l'édition dont j'ai extrait la 10. Pourtant, ce n'est pas le même mix ni le même traitement sonore.
Le CD dont vient la 10 est lui aussi "24 bits remastered". Et c'est pourtant à mes oreilles celui qui sonne le pire (ah le marketing !). Ta remarque m'a fait douter, donc j'ai réécouté en comparant avec une 3ème version que je sais fidèle, celle du coffret "The Complete Stax-Volt Singles Vol.1" sorti en 91. Du coup, ça devient intéressant :
- La 10 a un son que je trouve affreux, avec cette reverb que tu as remarquée. Mais surtout, le mix est du grand naouak, ce qui m'a plus frappé que le reste puisque je connais le morceau par coeur.
- Tu as raison pour la 11 : compressée à mort et sans doute de-noised sans discernement. Mais en l'écoutant en A/B avec la version du coffret de 91, j'ai compris pourquoi ça ne m'avait pas frappé : hors le traitement de sagouin, c'est une version fidèle. Du coup, je me suis arrêté là. La version du coffret est bien masterisée et est la meilleure des trois.
J'espère en tout cas avoir commencé à démontrer que les versions selon les éditions, c'est parfois le "jour et la nuit".
Marsh Posté le 06-07-2005 à 17:15:33
BoraBora a écrit : |
je sais maintenant grace à toi BoraBora qui a masacré, avec un son ultra compressé, le remastering de Frank Sinatra "The Complete Singles"
http://www.capitolmastering.com/ca [...] rberg.html
Marsh Posté le 06-07-2005 à 17:33:28
Mano_HiFi a écrit : je sais maintenant grace à toi BoraBora qui a masacré, avec un son ultra compressé, le remastering de Frank Sinatra "The Complete Singles" |
Je ne suis pas amateur de Sinatra, mais d'après ce que j'ai lu, ces remasters de Norberg sont effectivement une boucherie. C'est du mono "élargi" (tiens j'avais oublié ça plus haut ! ) à coup d'equalizer, et il a déclaré dans une interview qu'il lui arrivait de passer une bande TROIS FOIS au de-noiser. En général, on résume les masterings de Norberg par un mot seulement : lifeless. Il a également massacré des remasters de Huey Lewis, de BOF de James Bond, de Nat King Cole, Peggy Lee, Billy Idol etc. Un modèle d'ingénieur du son dans la catégorie "ce qu'il ne faut pas faire".
Marsh Posté le 06-07-2005 à 18:56:27
BoraBora a écrit : il a déclaré dans une interview qu'il lui arrivait de passer une bande TROIS FOIS au de-noiser. |
il est fou ce type, je prefere avoir un peu de souffle que d'avoir un son completement étouffé
je ne suis pas amateur de sinatra, mais le son m'est apparu completement bizzare sur cette compil, pourtant cencé être remasterisée.
sinon, quel sont vos albums de test, je sais qu'il y a un topic commencé sur le sujet mais bon, il a pas fait long feu
Marsh Posté le 06-07-2005 à 19:23:45
Mano_HiFi a écrit : il est fou ce type, je prefere avoir un peu de souffle que d'avoir un son completement étouffé |
Et le problème est que c'est très courant, Norberg n'étant hélas pas unique, même s'il est l'un des plus connus. C'est ce que je veux essayer de montrer avec ce fil : que la technologie est une chose, mais que le résultat dépend surtout de choix de production faits en amont. Les différences les plus sensibles ne sont pas entre un CD et un SACD, ou entre une technologie de suréchantillonage et un bête 16/44, elles sont entre un disque intelligemment et respectueusement produit et un autre salopé par un goret à moitié sourd. Et cela inclut des gens comme Townshend ou Page, qui feraient mieux à leur âge et vu l'état de leurs oreilles de rester derrière leur guitare mais de ne pas s'approcher d'une console.
Citation : sinon, quel sont vos albums de test, je sais qu'il y a un topic commencé sur le sujet mais bon, il a pas fait long feu |
Il n'y a pas par définition d'album "de test", dans l'esprit de ce topic. Chaque disque de chaque artiste peut parfois avoir une version de référence, ou du moins une version globalement préférée par les amateurs, en tenant compte de la part de subjectivité que cela comporte (je développerai ça dans l'item sur les ingénieurs du son et leurs fans). Disons simplement que certains labels sont plus "sûrs" que d'autres, mais ça varie grandement et je le répète c'est aussi une question de goût.
Marsh Posté le 07-07-2005 à 10:59:10
Ryko fait du bon travail sur les albums de Zappa
Marsh Posté le 07-07-2005 à 11:16:53
muzah a écrit : Ryko fait du bon travail sur les albums de Zappa |
Ouch, non, pas vraiment. Ils ne sont pas complètement responsables, puisque les masters des années 80 réalisés par Zappa au début de l'ère CD sont médiocres. Mais leur politique de réédition a été pour le moins chaotique, avec des remixes et des remastering non signalés. En fait, le catalogue Zappa est un vrai foutoir, avec au moins 3 éditions différentes de chaque disque. Certains EMI sont supérieurs aux Ryko. J'ai très peu de Zappa, et aucun en double, donc je ne peux pas parler d'expérience, mais d'après les amateurs, à quelques exceptions près, les seuls CD convenables seraient ceux masterisés par Spenser Chrislu. La liste :
We're Only In It For The Money (édition de 95)
Lumpy Gravy (édition de 95)
Apostrophe (Ryko Au20)
One Size Fits All (Ryko Au20)
Shut Up N Play Yer Guitar (édition de 95)
Man From Utopia (Editions de 92 et 95)
You Are What You Is (silent remaster)
Tinseltown Rebellion (silent remaster)
London Symphony Orchestra (édition de 95)
The Best Band You Never Heard In Your Life (édition de 95)
Does Humor Belong In Music (édition de 95)
Lost Episodes
Lather
FZ Plays FZ
Have I Offended Someone
Everything Is Healing Nicely
Les CD corrects non masterisés par Chrislu :
Sheik Yerbouti (EMI Angleterre)
Civilization Phase Three (ZFT)
Yellow Shark (Edition de 1995)
FZ:OZ (Vaulternative)
Halloween (Valternative DVD-A)
La mention "Silent remaster" signale un remastering fait en douce par le label, et signalé nulle part, même dans le livret. Ca se rencontre de temps à autres sur à peu près tous les labels et oblige à comparer des numéros de série sur le CD lui-même ou des références de pressage pour réussir à distinguer les éditions.
Un commentaire sur les masters de Zappa :
Citation : Frank Zappa would generally take an LP master, add a layer of digital reverb, compress it until it artifacts, and transfer it to digital at a low level. He did this to 75% of his back catalog. |
Marsh Posté le 07-07-2005 à 11:51:11
Ha
Je trouvais ça correct ; tes indications me sont précieuses, je vais mieux choisir maintenant.
Marsh Posté le 08-07-2005 à 00:30:37
J'ai fait l'item 6. Avec des exemples qui j'espère devraient provoquer quelques réactions.
Marsh Posté le 08-07-2005 à 02:39:37
Excellent topic avec en prime une expression des plus agréables. Bravo, et drapal.
Marsh Posté le 08-07-2005 à 07:40:05
BoraBora a écrit : J'ai fait l'item 6. Avec des exemples qui j'espère devraient provoquer quelques réactions. |
les extraits de Huey Lewis sont dingues. Franchement, je m'attendais pas à ça. C'est du massacre.
Finalement, je me demande bien comment choisir les CD a acheter.
Généralement, je lis quelques critiques avant d'acheter, c'est par exemple suite à une comparaison entre tous les support faites sur internet que j'ai décidé d'acheter le SACD anniversaire de Dire Straits Brother In Arms. Cette éditions semble vraiment la meilleure selon beaucoup de gens. Au dire de certains, cette réédition sonnerait presque " plus analogique que le vinyl " je n'ai pas eut l'occasion de l'ecouter sur un bon système encore, et mon vinyl est en état moyen, donc je pourrais difficilement comparer moi même. Mais l'écoute de la couche CD est trés agréable.
Un bon lien pour essayer de se faie une idée sur quelques titres : http://www.sa-cd.net
Mais comme tu l'as dit, c'est pas le support qu'il faut juger.
Marsh Posté le 08-07-2005 à 13:34:31
3Phach4 a écrit : les extraits de Huey Lewis sont dingues. Franchement, je m'attendais pas à ça. C'est du massacre. |
J'ai oublié de préciser dans le corps du texte : c'est Bob Norberg qu'il faut remercier pour ce remaster atroce. Le même qui a massacré les remasters de Sinatra évoqués plus haut.
Citation : Finalement, je me demande bien comment choisir les CD a acheter. |
C'est un casse-tête. En général, les remasters SACD sont plutôt bons. Non pas parce que ce format présente une supériorité évidente face au CD, mais parce que l'argument de vente étant le soit-disant "plus" sonore et la cible les audiophiles bien équipés, les masters sont en général bien plus soignés. Mais il faut un lecteur SACD puisque la couche CD (Red Book) des hybrides n'est que rarement meilleure et souvent pire que le l'édition CD sortie 10 ou 15 ans plus tôt. On peut aussi se fier à certains labels, qui font presque toujours du bon boulot. Mais la seule vraie solution est d'acquérir une connaissance des ingénieurs du son les plus prolifiques et de réussir à savoir qui a remasterisé tel ou tel disque avant de l'acheter. Il faut donc lire des articles ou aller sur des forums pour ça. Pas de la tarte.
Disons qu'il est préférable en général d'avoir une attitude circonspecte face à tout nouveau mastering. Certains sont très bons et sont un vrai plus par rapport à l'édition précédente. Le cas du catalogue d'Elvis Costello remasterisé pour la 3ème fois l'année dernière, par exemple. Rhino a fait un meilleur boulot que Ryko sur les deux précédentes éditions. Mais il arrive assez souvent qu'un remastering annoncé en grande pompe n'apporte rien, voire dégrade le son (cf Huey Lewis). Il se trouve que quand un artiste très connu va être remasterisé, les fans possesseurs d'anciennes éditions s'empressent d'aller les revendre. Du coup, il est facile de les trouver pour 6 ou 8 d'occase, tandis que les nouvelles éditions seront à 15 ou 20 en boutique. Règle d'or : quand on veut upgrader une édition d'un artiste que l'on adore, attendre toujours d'avoir la nouvelle pour comparer avant de revendre l'ancienne. Parce qu'après comparaison, on peut dans certains cas souhaiter garder les deux : la nouvelle parce qu'elle comporte des bonus tracks ou un plus beau packaging, et l'ancienne parce qu'elle est mieux masterisée.
Mais tout ça, répétons-le, c'est au cas par cas, il est impossible de généraliser.
Citation : Généralement, je lis quelques critiques avant d'acheter, c'est par exemple suite à une comparaison entre tous les support faites sur internet que j'ai décidé d'acheter le SACD anniversaire de Dire Straits Brother In Arms. Cette éditions semble vraiment la meilleure selon beaucoup de gens. Au dire de certains, cette réédition sonnerait presque " plus analogique que le vinyl " je n'ai pas eut l'occasion de l'ecouter sur un bon système encore, et mon vinyl est en état moyen, donc je pourrais difficilement comparer moi même. Mais l'écoute de la couche CD est trés agréable. |
Le cas de BIA de Dire Straits est presque un cas d'école. Il y a 3 versions écoutables : la couche CD Red Book, la couche SACD stéréo, la couche SACD 5.1.
* Le remix 5.1 a été presque unanimement loué. Evidemment, il faut un système SACD 5.1 pour l'apprécier, donc ça limite.
* Le SACD stéréo est un peu controversé. Il y a compression, mais Ludwig a néanmoins limité les dégâts et fait du bon boulot. Certains l'apprécient, d'autres le trouvent bof en comparaison des précédents remasters CD de 96, qui avaient également été faits par Ludwig.
* La couche CD stéréo est moins bien masterisée et donc sonne moins bien que les CD de 96. Truc habituel des SACD hybrides : on salope la couche CD. Bob Ludwig ou pas Bob Ludwig, c'est la volonté du client, donc le label, qui prévaut.
Le remaster Vertigo de 96, sur Walk Of Life :
La même chanson sur l'édition de 1998 HDCD de "Sultans of Swing: The Very Best of Dire Straits" :
Enfin, la couche CD du SACD 20ème anniversaire. On admire la compression :
Impressionnant, non, ce qu'on peut faire pour convaincre les audiophiles que le SACD est teeeeeellement supérieur au CD ? Pas étonnant si le fait de dire "le SACD sonne comme le vinyl" (sous-entendu : "le CD, c'est de la crotte" ) soit le nouveau cliché chez les audiophiles.
Marsh Posté le 08-07-2005 à 16:54:04
Très très joli topic Bora².
J'avais jamais trop fait attention à ce problème et je ne pensais pas qu'on pouvait défoncer un disque de cette manière, je ferai attention à l'avenir.
Marsh Posté le 08-07-2005 à 17:01:28
je suis bouche béé devant tes screens de Walk Of Life...
comme j'ai dit, j'ai pas eut l'occasion d'ecouter sur un vrai systeme, mais j'aurais pas cru que c'etait aussi compressé sur la couche cd. Vivement que je puisse me payer un lecteur sacd...
Marsh Posté le 11-07-2005 à 00:55:30
Complété l'item 7 sur les ingénieurs du son. A vos livrets de CD !
Marsh Posté le 11-07-2005 à 23:04:21
BoraBora a écrit : Complété l'item 7 sur les ingénieurs du son. A vos livrets de CD ! |
Remaster de "Love - Forever Changes", je me précipite sur le livret et je vois:
Remastering: DAN HIRSH & BILL INGLOT at DIGIPREP |
- Affichage de la forme d'onde pour la piste 1 (Alone Again Or):
Ancienne version CD (1987):
Remaster CD (2001):
Un petit coup de de loudness, Monsieur? Le Track Gain est passé de -0.74dB à -4.39dB.
- Affichage de la forme du spectre pour la piste 1 (Alone Again Or):
Ancienne version CD (1987):
Remaster CD (2001):
Oui, il se passe quelque chose (un frottement?) juste-dessus de 15000Hz sur l'ancienne version qui a miraculeusement disparu sur le remaster.
Quelqu'un se serait-il en fait simplement donné la peine de se déplacer pour aller chercher les bandes?
Marsh Posté le 11-07-2005 à 23:17:11
Bon, je vois que ça cause ingé son, je ne suis pas très calé mais j'ai craqué pour l'un des premiers ingé son bidouilleur du XXe siècle : Joe Meek. C'est un chanteur de merde (et c'est peu dire) en revanche il a complètement dérapé dans l'ingénierie sonore. A découvrir.
Marsh Posté le 12-07-2005 à 00:23:34
Forever Changes ??? JOE MEEK ????????? Bon dieu, c'est vrai qu'il roxxor, ce topic !
Alors, à propos de Forever Changes : effectivement, volume beaucoup plus élevé. Mais la dynamique semble intacte : pas de compression. Et aux dires des spécialistes (je rappelle que je n'en suis pas un, je ne fais pour l'essentiel que répéter ce que je lis), pas non plus d'égalisation, même dans le haut du spectre qu'Inglot chatouille pourtant presque toujours.
Citation : Oui, il se passe quelque chose (un frottement?) juste-dessus de 15000Hz sur l'ancienne version qui a miraculeusement disparu sur le remaster. |
J'ignore l'origine de cette anomalie. Mais voici ce que dit Steve Hoffman de cette réédition Rhino :
Citation : I felt in the mood to listen to this for the first time since I skimmed it in 2001 and it's great. |
Pour l'anecdote, à propos de Wonder People, l'une des bonus tracks, Hoffman commente :
Citation : When you listen to "Wonder People", think "It's Not Unusual" by Tom Jones. That is what they were going for in the arrangement. Why, I don't know! |
@Muzah : pour Joe Meek, inutile de chercher un "bon" master au sens "qualité du son", puisqu'il les massacrait lui-même à coup de compression, d'overdubbing et de limiter afin d'obtenir ce son unique. Néanmoins, pour la fidélité à ces masters incroyables et le choix des bandes, la meilleure édition CD est celle qui a été masterisée par... Steve Hoffman (ça tourne à la monomanie, là ), pour Razor & Tie. Malheureusement épuisée, et on ne la trouve qu'à des prix assez élevés. C'est cette édition. Si tu ne l'as pas et que tu la vois passer dans un bac d'occase, ne la rate pas ! Et s'il y en a deux dans le bac, préviens-moi par PM.
Marsh Posté le 12-07-2005 à 09:36:29
Ok
Je sais que ce Meek n'est pas un grand ingénieur pour la qualité des ses productions (enfin pas toutes) mais pour les tortures qu'il faisait subir aux enregistrements dans sa petite cuisine anglaise. Accélération de bandes, traficotage à l'oscilloscope, etc.
Quand on voit les dates de réalisation, ça devient intéressant
Marsh Posté le 14-07-2005 à 20:14:27
la on a parle principalement de remastering. Mais qu'en est il des disques récent, des mix d'aujourd'hui ?
Quand je dis aujourd'hui, je parle des disques qui n'ont pas eut la chance ou la malchance de se faire remasteriser.
C'est quoi la tendance sonore d'aujourd'hui ?
J'ai écouté le dernier Mark Knopfler (Shangri La) sur un trés bon systeme (en tout cas parfaitement à mon gout) (Denon/Cabasse) et je dois dire que ca vaut le coup. Un son pur et clair, une sensation d'ouverture sonore, des instruments qui sonnent... bref, bon disque.
Mais bon, j'imagine encore qu'il y a du bon et du mauvais dans la production actuelle. Des chansons qui doivent sonner + fort, avec des basses énorme et baveuses pour attirer les djeunz qui écoute a fond sur leur chaine stéréo Sony 200 Watts...
je m'égare... j'ai pas la chance de pouvoir installer mon systeme hifi dans mon appart actuel, je me contente d'un systeme Creative. et ce que j'entend sonne malgré tout pas trop mal. j'ai acheté le dernier Natalie Imbruglia et elle a une fort jolie voix et des belles chansons.
Marsh Posté le 14-07-2005 à 21:03:06
3Phach4 a écrit : |
"Loudness race" et compression excessive pour une écrasante majorité des titres qui sortent. Pas différent des rééditions, en fait.
Citation : |
Le CD, le SACD, la couche CD du SACD ? Il me semble qu'il y a un Dualdisc, aussi ? Mais bref, oui, il y a encore des titres qui sortent avec un bon mastering, heureusement.
Citation : Mais bon, j'imagine encore qu'il y a du bon et du mauvais dans la production actuelle. Des chansons qui doivent sonner + fort, avec des basses énorme et baveuses pour attirer les djeunz qui écoute a fond sur leur chaine stéréo Sony 200 Watts... |
Non, cela ne se limite hélas pas aux artistes pour djeunzes. Les secteurs qui y échappent encore à peu près sont le jazz et le classique, mais tout disque de musique pop/rock/soul etc. est susceptible de subir ce genre de traitement, même si la cible est plutôt les cinquantenaires que les ados (cf Sinatra plus haut).
Marsh Posté le 14-07-2005 à 21:33:26
BoraBora a écrit : |
c'etait la couche CD du SACD. Je l'ai trouvé pour pas plus cher que le CD donc quite a faire...
Marsh Posté le 15-07-2005 à 15:19:05
Quelques liens en vrac et en anglais:
Audioholics.com
Current Trends in the Recording Format Arena P1
http://www.audioholics.com/techtip [...] endsP1.php
Current Trends in the Recording Format Arena P1
http://www.audioholics.com/techtip [...] endsP2.php
sound/mirror
Current Trends in Mastering: The Loudness War
http://www.soundmirror.com/articles.html#current
The Central Source for the Fight Against the Destructive Practice of Unsafe Mastering Levels
http://www.loudnessrace.com/
DigitalDomain
Honor Roll of Good-Sounding Pop CDs
http://www.digido.com/portal/pmodu [...] age_id=93/
Marsh Posté le 15-07-2005 à 16:05:27
Quel topic... ds plus intéressant ! Ici on parle musique !
Par contre, concernant les différentes versions visualisées du cd de Dire Straits, je ne dirais pas que la différence se situe au niveau de la compression. Il me semble plutôt qu'il s'agit d'une augmentation générale du volume, qui génère une saturation du son, donc une perte de tous les pics sonores...
Marsh Posté le 15-07-2005 à 18:38:58
@HPL : Merci pour les liens
sergecat a écrit : Quel topic... ds plus intéressant ! Ici on parle musique ! |
Il y a bien une augmentation générale du volume, mais elle s'accompagne malheureusement d'une forte compression. Regarde les graphes de "Forever Changes" d'HPL : tu vois que le volume est bien plus élevé sur le remaster, mais c'est seulement comme un effet de zoom. Il doit bien y avoir un petit peu de clipping, mais rien de catastrophique. Tandis que sur Dire Straits, tu vois le graphe s'aplatir progressivement entre chaque version, jusqu'à être presque complètement dénué de creux et pics sur la couche CD du SACD. Là, ce n'est possible qu'avec une très forte compression.
P.S. : Dès que la température redescend un peu, je refais un chapitre.
Marsh Posté le 05-07-2005 à 01:13:30
Un topic inspiré par une discussion récente, et le fait que si le son des chaînes est disséqué jusqu'à plus soif, on ne trouve quasiment jamais de posts sur le son des disques, ce qui est pour le moins bizarre. On voit bien ça et là des remarques sur tel ou tel disque intéressant pour "juger" une chaîne, et chaque époque a ses CD chouchous de "démonstration" (remember Prefab Sprout ou Sade ? ), mais le disque n'est là encore qu'accessoire, tout juste bon à tester la tension du grave délivré par l'ampli ou la "rapidité" du câble de modulation (j'ai pas pu résister, sorry ).
Pourtant, si l'on prend autant de soin à choisir ses éléments hi-fi, il paraît paradoxal d'acheter n'importe quelle édition de tel ou tel disque, ou de se fier simplement à l'étiquette "24 bits remastered" ou autre "high definition from the original master tapes". Car si quelque chose saute bel et bien aux oreilles, ce n'est pas des électrons peignés dans le sens du poil qui s'étirent avec volupté dans un câble de modulation, mais un disque qui a été bien ou mal masterisé (avec tout ce que ces termes comportent d'objectif et de subjectif).
Or la seule occasion courante de comparer des versions d'un disque sur les forums ramène aux polémiques technologiques hardware sans fin : vinyl vs CD vs SACD vs DVD-A etc. On va dire une bonne fois pour toutes que sur ce topic, on s'en fout. Ce n'est pas l'objet.
Préambule : non seulement je ne suis pas un pro du son, mais je ne suis même pas un expert. Je vais essayer d'amorcer le fil mais j'espère que des gens bien plus qualifiés que moi interviendront (au hasard, si Pio2001 a un peu de temps libre... ).
1 - LES SOURCES
Premier sac de noeuds, sans doute l'un des plus complexes et les plus importants. La vogue des remasterings depuis une dizaine d'années a popularisé l'appellation "Remastered from the original master tapes". Sauf qu'évidemment, ce n'est pas si simple. Petite énumération de cas de figures :
* La (les) bande(s) master(s) d'origine. Elle peut avoir disparu. Ou avoir été détruite, soit volontairement à l'époque où l'on "montait" aux ciseaux et à la colle, soit par un accident (tristement célèbre incendie chez Atlantic il y a un bail, où partirent en fumée les masters d'Aretha Franklin pour ne citer qu'elle). Elle peut évidemment être très endommagée, selon les conditions de conservation et la fréquence des manipulations dont elle a été l'objet. Elle peut aussi parfois être retrouvée complètement par inadvertance alors qu'on la croyait disparue ou inexistante (inexistante : dans le cas cité plus haut où elle a été découpée en morceaux). Exemples au hasard : Tommy des Who, dont la bande avait supposément été brûlée par Kit Lambert en 69, et dont un master 2-tracks a été retrouvé lors de l'élaboration de l'édition "Deluxe" en SACD hybride. Idem pour le légendaire "Live at the Apollo" de 62 de James Brown, dont le master a été retrouvé récemment par hasard par un type qui faisait des recherches pour un disque de Max Roach.
* Les copies de 1ère génération. Ce sont les copies envoyées aux filiales d'autres continents de la maison mère. Elles sont en général considérées comme des bandes master, elles aussi. Leur condition peut être meilleure ou pire que celles du pays d'origine, et elles peuvent évidemment elles aussi avoir disparu, être retrouvées etc.
* Les copies de nième génération. Là, ça commence à partir en cou.... Si le petit label A veut ressortir tel disque qui n'intéresse pas le gros label B parce que les ventes seraient insuffisantes, il va négocier des droits d'édition. Puis si le label A est très sérieux, il viendra fouiner dans les archives du label B pour y trouver les bandes master (originales ou copies de 1ère génération) et repartira de là. Mais s'il s'en bat un peu les bollocks, il se contentera de demander une copie. Au fil des années, des copies de copies de copies finiront par circuler, voire même être employées par le label d'origine qui ne voudra pas se casser à retrouver ses masters. Car il faut savoir que les gros labels ont des centaines de milliers de bandes, mal étiquétées. Parfois même pas du tout : une fois la bande mixée, on range la bande d'origine avec une vague annotation au crayon sur la boîte et basta. Ce boulot étant en plus souvent fait par des tâcherons sous-payés.
Aparté 1: la date de pressage d'un disque n'a rien à voir avec la "fraîcheur" des masters. Pour un disque sorti en 71, une édition de 92 peut être issue d'un master plus proche de celui d'origine qu'une édition de 79. Autrement dit, on peut posséder un vinyl issu d'une copie de 8ème génération tandis que le CD sera tiré du master d'origine. Cela paraît évident, vu la manière dont le marketing insiste sur ce point, mais autant le rappeler pour ceux qui mystifient le 33 tours en le croyant plus "fidèle" à la source.
Aparté 2: à n'importe quel stade de copie, il peut intervenir des erreurs, la plus flagrante (après coup) étant que la copie à cause d'un magnéto mal réglé sera légérement ralentie ou accélérée par rapport à l'original. Cas célèbre dans le monde des bootlegs : le Live 66 de Dylan. Autre cas très connu : Fats Domino, dont seule l'édition du label Ace restitue le pitch d'origine.
* Les bandes masters d'origine, mais pas les bonnes. Comment ça, pas les bonnes ? Ben oui, comme dit plus haut, les archives des labels sont d'incroyables souks. Il faut aussi se rappeler que le groupe "légendaire" d'aujourd'hui ne l'a pas toujours été. Quand les Beatles ou les Who commençaient à enregistrer, ils étaient juste des groupes débutants parmi des tonnes d'autres, et personne n'avait de raison particulière de traiter ces bandes comme un futur graal. Or lors d'une session d'enregistrement, le groupe ou l'artiste va avoir besoin d'une à x prises avant de décider que c'est bon, on rentre à la maison. S'il y a eu plusieurs prises (ce qui est le cas le plus courant), l'une d'entre elles sera considérée comme la master, bonne à figurer sur le disque, et les autres ne sont plus que des "alternates", qui ressurgiront plus tard sur des bootlegs ou en bonus tracks. La prise master peut bien sûr aussi être un montage de plusieurs prises différentes. On imagine donc le bazar.
Ceux qui bossent dans un bureau et ont déjà travaillé en groupe sur un dossier connaissent bien le cauchemar des versions d'un même doc. Ben là, c'est un peu pareil. Du coup, il arrive que le single US soit issu du master choisi, mais que l'édition allemande soit en fait une alternate. Ca se rencontre couramment pour la musique 60's. Sans compter que jusqu'au début des 70's, il existe un master mono et un autre stéréo.
* La copie d'un exemplaire pressé. Quand des bandes sont impossibles à trouver, on fait alors un repiquage d'un 78 tours, d'un acétate ou d'un vinyl. Le label sérieux fera des recherches intensives (et donc coûteuses) pour trouver chez des collectionneurs des exemplaires dans le meilleur état possible, que ceux-ci accepteront de prêter le temps de les copier. Un exemple : Bear Family, label allemand qui fait la joie des mélomanes/audiophiles à ce niveau. Le label plus j'm'enfoutiste (la majorité, hélas) prendra ce qui lui tombe sous la main. Quand on sait la dégradation sonore d'un disque usé, on imagine les différences.
Parfois, un label particulièrement craignos utilisera des repiquages alors que des bandes existent. Un label spécialisé dans le blues rural s'était fait une triste réputation à ce niveau (Arhoolie, me semble-t-il, mais à confirmer). Mais j'ai déjà rencontré ce cas aussi avec le label français Big Cheese spécialisé dans le funk 70's, sur au moins un disque, et avec des petits labels de réédition de reggae. Là encore, la question est purement financière. Demander les bandes au label d'origine est vain, car vu l'espérance de gain, celui-ci ne paiera pas un employé pendant 2 semaines pour retrouver la bande master d'un single obscur sorti 30 ans auparavant et jamais réédité depuis. Il faudra donc que le petit label de réédition envoie quelqu'un sur place et fasse les recherches lui-même. On imagine le coût quand le 1er label est en Europe et le détenteur des bandes d'origine aux USA, et ce pour un disque qui va se vendre à 500 ou 1000 exemplaires. Autre éventuel avantage financier : le petit label ne sera pas obligé de déclarer sa réédition auprès du gros, puisqu'il n'aura pas eu à réclamer les bandes. Du coup, il lui sera plus facile de ne rien payer à qui que ce soit, même l'artiste ou ses ayant-droits. Les deux avantages sont cependants indépendants : certains petits labels utilisent des repiquages pour économiser sur la production mais payent néanmoins les droits, tandis que certains autres ont accès facilement aux bandes et donc les utilisent, mais profitent de leur éloignement géographique et/ou leur relative obscurité pour ne rien payer à personne. Exemple : le label anglais Charly à une époque (j'ignore s'ils le font toujours). Bienvenue dans le monde des petits labels, devenus depuis quelques années des petits saints dans l'opinion forumesque.
2 - MONO/STEREO (voire plus si affinités)
La question des canaux est liée au mixage, mais est suffisamment importante et complexe pour mériter un item à elle seule. On a les cas suivants (je suis sûr que je vais en oublier ):
* Mono. Evidemment tous les enregistrements jusqu'à l'apparition de la stéréo. Mais le mono continue jusqu'au début des années 70, puisque les appareils de reproduction ne lisent pas encore tous les disques mono et les disques stéréo. Il faudra ce qu'on a appelé la gravure universelle et la généralisation des appareils qui la supportent pour que ne sorte plus qu'une version de chaque disque. Avant ça, et principalement pendant les années 60, la plupart des albums sortent en 2 versions : l'une mono, l'autre stéréo. Les singles sont à 99,99% du temps en mono. A noter que les versions albums mono et les versions singles ne sont pas forcément identiques. Avoir une version stéréo sur un CD permet donc de supputer que l'on entend probablement la version album, tandis qu'une version mono ne donne aucune indication sur l'origine.
A noter aussi pour les p'tits jeunes qui pensent que le mono ne concerne que les disques de leur arrière-grand-père : même Pink Floyd et Led Zep ont eu deux versions de leurs premiers albums, mono et stéréo. C'est vieux, mais pas tant que ça tout de même.
* Stéréo. Le format qui s'est imposé et reste la norme. Dans certains cas, on distingue la "wide stereo" et la "narrow stereo". On touche là au mixage, qui fait que certains enregistrements sont mixés selon le pays ou l'époque très différemment, au point que dans un cas la séparation stéréo va être très large (wide) ou tellement étroite (narrow) que l'on aura l'impression d'entendre du mono.
* "Fake stereo". Procédé hélas courant durant quelques années des 60's, où l'on créait artificiellement un effet stéréo à partir d'un master mono. Qui plus est, les labels s'en vantaient, et affichaient sur la pochette de l'album des mentions comme "Electronic stereo" ou "Processed stereo". Pourquoi s'embêter à faire un mix séparé quand on peut faire vite fait mal fait un faux effet stéréo ? Sans parler de tous ces disques dont on ne disposait que du master mono. La stéréo commençait à être à la mode, mais était encore peu vendeuse, donc vas-y Germaine, l'important est qu'il soit écrit "stereo" quelque part sur la pochette, ça fait plus riche. Comment faisait-on cet effet ? Très simple : sur le canal de gauche, le master. Sur le canal de droite, le même mais avec un léger délai, de 10 à 40 ms. Résultat : un son assez pourri mais qui donne l'impression qu'il y a bien deux canaux différents. Inutile de le dire, mais on va le dire quand même : si les mélomanes s'affrontent à longueur de temps sur la question "mono vs stéréo", la fausse stéréo fait par contre l'unanimité : tout le monde la déteste ! Et le pire n'est pas que tous les artistes des 60's, des plus connus aux plus obscurs, y ont été soumis. Non, le pire c'est qu'on en rencontre encore quotidiennement sur les rééditions CD et que ce n'est pas prêt de s'arrêter. La recherche de versions mono ou en vraie stéréo est donc une occupation à plein temps pour beaucoup de collectionneurs et/ou passionnés d'un artiste ou d'un autre.
* Mono "fold-down" d'un master stéréo. Encore un bidouillage, mais relativement inoffensif, cette fois. On recrée un master mono en combinant les canaux d'un master stéréo. Ca se rencontre assez fréquemment à partir de l'époque où la stéréo est devenue très répandue. Il existe une version d'Abbey Road mono, par exemple, qui est un fold-down du master stéréo. Plus récemment, ça peut arriver quand un label veut rééditer une version mono d'un album mais ne dispose pas de tous les masters mono. Un exemple parmi 100 : certains morceaux sur des rééditions japonaises des Beach Boys. Si le procédé est plus toléré que la fausse stéréo, étant donné qu'il ne dégrade pas vraiment le son, il est néanmoins toujours un peu suspect, puisque les masters stéréo étant à l'époque destinés aux albums pour riches, ceux-ci comportaient souvent des overdubs (on rajoute après coup des instruments) ou étaient mixés différemment, voire dans les cas extrêmes étaient carrément des prises différentes.
* Stéréo remixée ultérieurement. Là c'est clair : si on dispose d'un master d'au moins deux pistes, on (re)crée pour une réédition un mix stéréo, qui n'a pas forcément existé à l'époque. Le label Eric Records est devenu connu pour ses éditions en vraie stéréo de morceaux qui n'avaient jamais existé qu'en mono ou fausse stéréo. Solution qui est le graal pour certains et une horreur pour d'autres (trahison ! ).
* Quadri etc. : à partir du début des années 70, l'industrie du disque tentera de lancer la "quadriphonie", "l'ambiophonie" etc. Bref, le multi-channel. Ca n'a jamais pris et est resté très marginal jusqu'à nos jours où le SACD, le DVD-A et surtout l'expansion du HC va sans doute changer la donne. Evidemment, à partir du moment où le multi-tracks s'est généralisé dans les studios, et dans le cas où l'on dispose encore de ces masters, tout est possible en matière de remix, d'où ces SACD en 5.1 de disques qui n'avaient jamais existé qu'en stéréo. Mais dans de rares cas, l'édition multi-channel d'aujourd'hui est basée sur celle d'antan, qui avait connu une diffusion ultra-restreinte.
Que préférer dans toutes ces options ? On peut éliminer la fausse stéréo sans remords, et objectivement. Le mono fold-down d'un master stéréo, c'est selon. Après, on baigne en pleine subjectivité, même si quelques éléments objectifs peuvent faire pencher la balance. Il y a les puristes du mono et les puristes de la stéréo, et bien sûr le gros des troupes qui n'est pas puriste et penche pour l'une ou l'autre version selon les cas. La part objective est que les masters mono étaient généralement plus soignés dans les 60's puisque c'est la version qu'allaient entendre la plupart des gens, celle qui allait être diffusée à la radio et publiée sur les singles. Par ailleurs, les masterings stéréo étaient encore rudimentaires ou bâclés et beaucoup de mixes stéréo sont simplement : "basse/guitare à gauche, batterie à droite, chanteur au milieu". Les mixes stéréo Stax, par exemple, sont assez exécrables. Dernier point factuel, déjà évoqué un peu plus haut : les mixes stéréo étant destinés aux albums, donc au public mature et aisé qui en achetait, on se sentait parfois obligé d'alourdir la production en rajoutant des parties d'instruments pas forcément heureuses, ou des choeurs etc.
Mais au final, le mix que l'on préfére est aussi affaire de goût, ce qui ne se discute pas, et est souvent lié à la version "d'origine" que l'on chérit. De ce fait, les versions mono sont plus souvent préférées aux USA puisque l'amateur a grandi avec la version diffusée à la radio ou achetée en single. En France, c'est très différent, puisque l'on a l'impression à lire les forums que la "vraie" musique a commencé dans les années 70 ou tout au moins avec l'apparition des concept-albums. Donc mono ou stéréo, on s'en tamponne le coquillard, le single est méprisé et la mono est un truc de grands-pères.
Le forum de référence des puristes de la stéréo est le Both Sides Now Stereo Chat Board. Pour savoir si telle ou telle chanson que vous possédez est en vraie ou fausse stéréo, si vos oreilles ne sont pas habituées à faire le distinguo, c'est l'endroit où aller. Idem si vous cherchez simplement une chanson que vous voulez absolument en stéréo : on vous y indiquera sur quel album ou compile vous pourrez la trouver, si bien sûr il en existe un.
Pour les puristes du mono, pas d'endroit particulier puisque la plupart des gens privilégient le mono. On trouve donc des puristes un peu partout. Taper "fake stereo" dans Google vous donnera une multitude de liens qui vous amèneront parfois à des discussions sur la vraie stéréo, ou la plupart du temps à des fils où l'on discute des mérites du mono.
A noter pour finir que l'édition discographique actuelle est complètement versatile à ce niveau, et que l'on peut trouver sur n'importe quelle compile du mono ou du stéréo (ou de la fausse stéréo), selon le sens du vent ou l'âge du capitaine. Et ce même sur de grands noms comme Marvin Gaye ou les Who.
3 - LE REMIXAGE
Les remixes de chansons sont devenus une forme d'expression dans les 80's, généralement signés par leurs auteurs. Mais le remixage anonyme lors de remasterings a quant à lui commencé dès les débuts de l'enregistrement multipistes. Autrement dit, ce qui vaut pour les remasterings vaut aussi pour les remixages : le fait de posséder un disque en édition vinyle ne garantit pas qu'il s'agisse du mix original.
Bien entendu, il existe aussi souvent plusieurs "mixes originaux" pour un même morceau. L'habitude de produire un mix pour le single qui va passer en radio et un autre pour l'album existe depuis les années 50. Et parfois, un même album peut avoir connu deux mixes originaux. L'un ayant connu une diffusion très limitée et l'autre connu comme étant le "vrai" original, soit pour des questions artistiques, soit pour des questions de marchés, régionaux ou nationaux. En reggae, les mixes jamaicains diffèrent souvent de leurs équivalents occidentaux plus connus. "What's Going On" de Marvin Gaye a d'abord été mixé à Detroit puis entièrement remixé à L.A.. L'album "Diana" de D. Ross a d'abord été mixé par Chic avant d'être remixé etc. Ces mixes alternatifs peu connus ou inédits mais toujours contemporains du mix considéré comme original figurent parfois en bonus sur des rééditions.
Tous les disques remasterisés ne sont bien sûr pas remixés. Mais un grand nombre l'est, même s'il faut exclure à peu près tout ce qui est sorti avant le milieu des années 50, pour des raisons techniques évidentes. Curieusement, si l'industrie du disque a pris l'habitude d'utiliser le remastering comme argument de vente, le remixage est très rarement mis en avant. Sans doute parce que l'argument "ça sonne mieux" est universel tandis que "ça sonne différemment" risque d'inquiéter le chaland.
Alors, pourquoi remixer ? Parce que, et entre autres :
- Le master peut être perdu, endommagé ou présenter des défauts. Dans ce cas, à moins de disposer de bonnes copies, il faut recommencer le travail de mixage pour recréer un master. De là, première option : tenter de restaurer le mix original le plus précisément possible. C'est ce qui a été fait avec le catalogue 60's des Byrds ou de Simon & Garfunkel. Ce sont des remixes, mais difficiles à distinguer des mixes d'origine. Deuxième option : on remixe sans s'occuper du mix historique. Là, ça peut être bon ou désastreux. Parfois, le master est simplement tellement chiant à retrouver dans le fouillis de bandes que l'on refait un mix vite fait mal fait. Dans tous les cas, ces remixes sont rarement appréciés.
- L'artiste qui estimait avoir été plus ou moins trahi par le mix d'origine veut le refaire plus à son goût (surtout une fois devenu riche et célèbre ). Là, ça se discute, évidemment. Le problème est que souvent l'artiste qui peut se permettre une telle liberté a atteint un certain âge, qu'il est donc à moitié sourd et que ça donne souvent un mix dans-ta-face. Parfois aussi, l'artiste n'avait pas été spécialement trahi à l'époque, mais a simplement changé d'avis sur le son qu'il veut pour son disque. On peut citer Pete Townshend qui avait complètement enterré la voix de Daltrey sur "By Numbers" en 1975... juste pour l'emmerder. Le remix de 1996 est complètement différent et est censé être "le mix qui aurait dû sortir en 1975 si je n'avais pas voulu faire chier ce con de Roger". D'aucuns préfèrent tout de même le mix original (au hasard : moi ). Autre cas célèbre : le "Let it Be Naked" des Beatles, où McCartney a évacué tout l'apport de Spector qu'il avait détesté depuis la sortie du disque.
- Cas plus rare : l'artiste n'est pas satisfait de sa prestation de l'époque et va à la fois remixer et se réenregistrer partout où il estime avoir fait des fautes. Là, on touche au révisionnisme, et ça fait généralement, et à juste titre, hurler. Exemples : Peter Gabriel sur un live de Genesis, les Who (encore eux) sur le Live at Leeds etc.
- Le label veut "rajeunir" le son. Ce qui est généralement une idée aussi stupide que de coloriser un film noir et blanc. Il arrive que cela donne quelque chose d'intéressant, mais c'est très rare. Et parfois, cela confine à l'horreur, comme ces ZZ Top remixés au début du CD avec ajouts de synthés et remplacement de la batterie par des boîtes à rythme pour leur donner un son "jeune" ("waouh les kidzzzz !" ).
- Il faut adapter le mix à de nouvelles technologies, comme le multicanal. cf la section dédiée aux canaux.
- Le master est encombré d'overdubs qui n'avaient pas lieu d'être. Cas le plus fréquent : ces faux live qui furent très à la mode dans les années 60. On rajoutait un enregistrement de public ("clap clap clap ouééééé !" ) par-dessus un enregistrement de studio pour le rendre plus vendeur. Plusieurs de ces faux lives ont été réédités sans ces overdubs semblables à la boîte à rire des sitcoms. On ne s'en plaindra pas, pour le coup. Exemple : plusieurs James Brown (non, pas ses "Live at the Apollo", ceux-là sont authentiques ).
4 - LE SON (EGALISATION, REDUCTION DE BRUIT ETC.)
Je vais parler uniquement de ce qui peut altérer la phase finale de la production, quasiment la post-production, ou des phases que comporte en général un remastering moderne et qui font que ceux-ci sont si souvent exécrables. Le boulot de production lui-même déborde largement d'un pauvre topic comme celui-ci, et je n'y connais de toute façon à peu près rien, donc je me vois mal faire un cours là-dessus. Qui plus est, les choix de production proprement dits sont aussi esthétiques que techniques. Si les vieux disques de Springsteen sonnent "boueux", c'est parce qu'ils les a voulus ainsi, par admiration pour les productions de Phil Spector. Tant pis pour les démos des marchands de chaînes. Restons donc sur les choix de remasterisation.
* Egalisation. Un premier point dispensable, mais néanmoins couramment pratiqué sur les remasterings. En général, on remonte les basses et hautes fréquences pour donner un effet "loudness" plus dans-ta-face. Ce sont les hautes fréquences qui sont souvent les plus boostées, d'où le côté "métallique" qui est souvent reproché au CD alors que le support n'est pas en cause. Certains ingénieurs du son ont ainsi une signature sonore : Bill Inglot (label Rhino, entre autres) a mis pendant des années un coup de boost dans les 8 Khz, même s'il a déclaré assez récemment vouloir cesser cette pratique. Résultat des course : le bruit de fond augmente et il passe un de-noiser derrière qui va limiter les dégâts. Un peu d'égalisation, appliquée de manière subtile, peut ne pas faire grand mal. Le problème est que certains ingés ont la main très lourde avec.
En passant, il est ironique qu'une des pratiques les plus répandues dans les masterings d'aujourd'hui soit celle qui pratiquée par un amateur sur son propre système, fait hurler tous les audiophiles. L'equalizer a toujours fait partie des accessoires honnis par les puristes de la hi-fi, alors qu'en amont il est utilisé plus que jamais. Encore plus ironique : un ingénieur du son puriste du "flat transfert" (on restitue le son d'origine sans y toucher) comme Steve Hoffman, qui ne réégalise jamais les disques qu'il remasterise, n'hésite pas à donner des conseils au mélomane afin que celui-ci réégalise lui-même les disques endommagés par des ingénieurs du son peu scrupuleux et limite ainsi un chouia les dégâts (on dit bien "un chouia", hein ? Faut pas s'attendre à des miracles).
* Le remixage est toute une problématique, donc je le traite à part.
* Compression. Un mal nécessaire : tous les disques sont compressés, depuis toujours. Mais là encore, tout est une question de mesure, et le moins qu'on puisse dire est que cette mesure est dépassée depuis longtemps par nombre d'ingés du son. Il faut aussi mettre en cause les labels, puisque la compression à outrance est liée à la loudness race, et même des ingés de talent comme Bob Ludwig sont obligés de céder parfois à leurs clients.
La dynamique dépend directement du taux de compression. Plus le disque est compressé, moins il est dynamique. Cela produit un son fatigant, sans vie. Il n'y a pratiquement plus d'écart entre les plus faibles et les plus hauts niveaux. En fait, il n'y a même plus de faibles niveaux. Je vais reprendre une image d'Hoffman, encore lui : vous êtes d'un côté d'une porte en verre. Quelqu'un est de l'autre côté et aplatit son visage contre la vitre. Plus il s'écrase la tronche, plus il vous paraît se rapprocher. En fait, il ne se rapproche évidemment pas, mais par contre, il se déforme ! Toutes les nuances de son visage disparaissent, les creux et les bosses, on se rapproche d'une représentation en deux dimensions. En audio, c'est la même chose : on a l'impression que le son est plus fort, mais simplement parce qu'on a effacé toutes les nuances et que tout est au même niveau.
Si l'on rajoute à ça la "loudness race", qui consiste à avoir le son le plus fort possible, à la limite de l'écrêtage (pour de vrai, là, ce n'est plus seulement une impression causée par la compression), on cumule deux horreurs audio qui sont hélas devenues quasiment une norme aujourd'hui. Et on a un cercle vicieux : car c'est pour avoir ce volume élevé en permanence que l'on est obligé de compresser. Du coup, l'un ne va plus sans l'autre.
* Réduction de bruit. Dernier mal très rarement nécessaire, les systèmes de réduction de bruit, appelés parfois en abrégé "NR" (noise reduction) ou no-noise, ou d'après leur nom breveté comme Cedar. Ils ne devraient être utilisé au pire que dans le cas de repiquages de 78 tours ou de vinyles. Mais leur application sans discernement pour effacer le bruit de fond inhérent à toute bande analogique retire également une partie de la musique, aussi évolués soient-ils. Un grand spécialiste du no-noise à la louche : Bob Norberg. Mais il n'est pas le seul, loin de là. La plupart des disques remasterisés depuis les années 90 sont passés au no-noise.
Qu'est-ce que donne un remastering qui cumule réduction de bruit et compression ? Facile : de la bouillie, un son étouffé, sans vie. Et comme un exemple est toujours plus parlant, vous pouvez télécharger ce petit montage qui vient d'un autre forum : Huey Lewis, avant et après. Tout le long du morceau, vous avez de courts extraits en A/B. A, c'est la version du CD des années 80, celle que l'on trouve partout dans les bacs d'occase. B, c'est la version remasterisée censément géniale, qui a en fait été passé au de-noiser et compressée à mort. Je vous laisse juge.
En images, c'est parlant aussi : Judas priest remasterisé. En vert, c'est le son.
Une comparaison sur Hound Dog de Presley dans deux éditions différentes :
A gauche, la version sur un CD de Rhino. A droite, le même sur un CD de BMG. La version BMG a été compressée : on voit qu'il n'y a presque plus de creux et de pics. Le même morceau, mais une autre représentation :
On voit ici les ravages de la réduction de bruit appliquée à la truelle. Tandis que la version Rhino monte à 20 Khz et a un bon signal dans les 15 Khz, la version remasterisée de BMG arrive à peine à monter à 15 Khz et n'a quasiment plus rien au-dessus. Il y a 1000 fois plus de différences audibles entre ces deux masterings qu'entre l'un d'entre eux et sa version MP3 bien encodée. Ca laisse à réfléchir, non ?
5 - LES INGENIEURS DU SON ET LEURS FANS
Pourquoi "et leurs fans" ? D'abord parce que certains amateurs n'hésitent pas à racheter un disque qu'ils ont déjà quand il est remasterisé par un de leurs ingés favoris. Voire acheter un disque d'un artiste qu'ils ne connaissent pas juste parce qu'ils vont être sûrs d'avoir un bon son. Ensuite et surtout parce la réputation des ingénieurs du son vient d'une petite minorité d'amateurs mélomanes/audiophiles, et est donc fondée sur leur opinion. Il ne fait aucun doute que certaines personnes préfèrent un mastering dans-ta-face à un autre qui sera jugé plus "plat". Mais voilà : ceux-là ne s'intéressent pas aux ingés ou aux masterings, donc n'expriment pas leur opinion.
Ceci étant dit, quels sont les critères qui fondent la réputation de tel ou tel ingénieur du son ? En gros, tous ceux exprimés dans l'item 6 : pas ou très peu d'emploi de denoiser, le minimum indispensable de compression et pas ou très peu de réégalisation. Rajoutons : pas de remixage, ou seulement en bonus tracks. Et enfin, une autre phase essentielle d'un remastering : un travail approfondi et parfois érudit en amont lors du choix des bandes qui vont être utilisées. On voit que l'on dépasse là le rôle strict d'un ingé du son tel qu'on l'imagine. Il y a aussi un travail d'archiviste, parfois quasiment d'archéologue. Le parallèle est d'ailleurs assez pertinent : un bon ingé qui fait un remastering est comme un artiste qui fait une restauration d'un tableau. Un travail qui nécessite des connaissances sur les technologies d'antan, sur celles d'aujourd'hui, et une certaine dose de sens artistique. Et ce que l'on demande à un remastering est assez semblable à ce que l'on attend de la restauration d'une oeuvre picturale : remettre simplement en état, rénover, sans RIEN modifier. Evidemment, il peut paraître assez risible de comparer le remastering d'un Best Of de Sonny & Cher à la restauration de la Joconde, et c'est un pas que nous ne franchirons pas. Mais bref, si l'on est capable de faire du bon boulot sur des chef-d'oeuvres musicaux populaires du 20ème siècle (disons Armstrong, Davis, Cooke, Dylan, entre autres), on peut aussi le faire sur des artistes mineurs ou dérisoires, ça coûte pas (beaucoup) plus cher.
Le seul critère assez subjectif est le choix des bandes, qui rentre dans la catégorie "bagarre entre partisans de la mono vs partisans de la stéréo". Et évidemment, même le meilleur ingé peut avoir un jour un coup de mou, ou se planter, ou être obligé de bosser dans des conditions invraisemblables etc. Les appréciations suivantes portent donc sur une carrière entière, et non sur un disque ou une série de disques.
* Les grands noms : on peut mettre Bob Ludwig et Steve Hoffman dans cette catégorie. Ce sont les deux plus connus, les deux plus interviewés, et l'un comme l'autre mérite leur réputation. Chacun a son studio et bosse en free-lance. Côté consommateur, un gros moins pour Hoffman : étant le plus puriste des deux, il a bossé la majorité de sa carrière pour des labels audiophiles dont les disques sont un peu plus chers et à tirage limité. Une fois épuisés, leur prix sur le marché de l'occasion explose. Trouver ses masterings DCC Gold des Beach Boys, de Ray Charles ou de Joni Mitchell n'est pas évident et demande un porte-feuille bien garni.
Ludwig bosse par contre la plupart du temps sur des éditions grand public, avec comme revers qu'il est obligé parfois de céder à ses commanditaires et compresser ses masters. mais au moins réussit-il toujours à limiter les dégâts.
* Les presque unaniment appréciés. Un petit hall of fame :
- Vic Anesini
- Doug Sax
- Larry Walsh
- Joe Palmaccio
- Bill Inglot/Dan Hersch
* Les appréciés par un grand nombre mais toutefois controversés. On reste encore dans les "bons".
- Gavin Lurssen
- Dennis Drake
- Bernie Grundman
- Joseph M. Palmaccio
- Bob Irwin
- Steve Massie
- Marty Wekser
- Ted Jensen
- George Marino
* La honte de la profession. Ceux-là n'ont quasiment jamais fait un bon mastering de leur vie :
- Jon Astley
- Erik Labson
- Bob Norberg
On peut aussi rajouter les musiciens eux-mêmes qui sont parfois des ingés désastreux. Zappa, par exemple, par incompétence (on ne peut pas être un génie dans tous les domaines...). Mais aussi des gens comme Jimmy Page ou Pete Townshend qui nous ont concoctés des remasterings de leurs oeuvres à une époque où ils étaient déjà à moitié ou aux 3/4 sourds (au sens littéral, pas au sens imagé et subjectif employé par les idiophiles pour tenter de casser leurs contradicteurs). 20 ou 30 ans de concerts endommagent gravement et irrémédiablement l'audition, on le sait. Townshend n'a d'ailleurs jamais caché qu'il devenait sourd et l'a dit plusieurs fois en interview. Imaginons un parfum conçu par un "nez" qui aurait perdu les 3/4 de son odorat. Ben les remasterings des Who ou de Led Zep, c'est à peu près la même chose.
6 - CAS D'ECOLE
à venir
7 - CONCLUSIONS ET RECOMMANDATONS
à venir
Message édité par BoraBora le 07-12-2010 à 01:07:41